L’agnosticisme (partie 1 de 4) : Le concept d’agnosticisme
Description: Une brève analyse du concept d’agnosticisme.
- par Laurence B. Brown, MD
- Publié le 26 Oct 2009
- Dernière mise à jour le 21 Apr 2014
- imprimés: 428
- Lus: 31,771 (moyenne quotidienne: 6)
- Évalué par: 130
- Envoyés: 1
- Commentés: 0
« Nous ne
pouvons grimper le long d’un câble qui n’est fixé à rien d’autre qu’à notre
ceinture. »
--William Ernest
Hocking
La question de l’agnosticisme est de première importance dans toute discussion théologique, car l’agnosticisme coexiste de façon assez complaisante avec le large éventail des religions, plutôt que d’occuper une position à l’écart ou de s’opposer aux autres courants. Thomas Henry Huxley, qui a inventé ce terme en 1869,[1] a clairement affirmé :
« L’agnosticisme n’est pas une croyance mais une méthode, dont l’essence provient de l’application rigoureuse d’un unique principe... Ce principe s’exprime de façon positive, au niveau de l’intellect, dans le fait de suivre notre raison aussi loin qu’elle nous porte, sans autres considérations. Et, de façon négative, au niveau de l’intellect, dans le fait de ne point prétendre qu’une conclusion est certaine si elle n’a pas été démontrée ou si elle n’est pas démontrable. »[2]
Il semble que Huxley ait tenu à ce que le terme ne définisse pas un ensemble de croyances religieuses, mais plutôt une approche rationnelle du savoir, incluant celui des religions. Toutefois, le terme « agnosticisme » est devenu, depuis, l’un des plus détournés de la métaphysique puisqu’on lui a attribué de nombreuses applications.
À différentes époques, ce terme a été appliqué à divers individus ou sous-groupes, dont le degré de piété et de sincérité religieuses variaient. À un extrême, il y a ceux qui cherchent sincèrement la vérité mais qui n’ont pas encore trouvé une vérité démontrée ou démontrable dans les religions auxquelles ils ont été exposés. Le plus souvent, toutefois, ceux qui sont peu motivés au niveau religieux utilisent ce terme pour excuser leur désintérêt, dans une tentative de légitimiser le fait d’échapper à leur responsabilité personnelle de faire de sérieuses recherches sur les diverses religions et les preuves qu’elles présentent.
La définition moderne d’un « agnostique », comme celle que l’on trouve dans le Oxford Dictionary of Current English, n’est pas très fidèle à la définition de Huxley. Elle représente toutefois la compréhension moderne et l’usage du terme les plus répandus, voulant qu’un agnostique soit « une personne qui croit que l’existence de Dieu n’est pas démontrable. »[3] Selon cette définition, la vision agnostique de Dieu peut être appliquée à toutes sortes d’entités hypothétiques telles que la gravité, l’entropie, le zéro absolu, les trous noirs, la télépathie, les maux de tête, la faim, la libido et l’âme humaine, qui sont toutes des entités que l’on ne peut ni voir ni toucher, mais qui nous apparaissent néanmoins réelles et évidentes. Être incapable de voir ou de toucher une chose précise ne signifie pas automatiquement que cette chose n’existe pas. Les personnes religieuses affirment que l’existence de Dieu fait partie de ces réalités que l’on ne peut ni voir ni toucher, tandis que les agnostiques refusent d’y croire tant qu’ils n’auront pas de preuves tangibles.
Soit dit en passant, la philosophie selon laquelle rien ne peut être démontré de façon absolue semble tirer sa source de Pyrrhon d’Élis, un philosophe sceptique grec proche d’Alexandre le Grand. Bien qu’un certain degré de scepticisme soit sain, assurant même une certaine protection aux individus, la position extrême adoptée par Pyrrhon d’Élis demeure problématique. Pourquoi? Parce que le pyrrhoniste convaincu incite le sceptique au scepticisme en lui disant : « Tu prétends que nous ne pouvons rien savoir avec certitude... comment peux-tu en être aussi sûr? » Les ennemis de la logique peuvent arriver à créer une grande confusion avec de tels paradoxes et un pareil compost philosophique. Le grand danger est d’être tenté d’abandonner la logique au profit de conclusions basées sur des désirs personnels. Un autre danger est de se laisser aller à une immersion dans le contortionnisme intellectuel pour réprimer le gros bon sens.
L’humanité devrait reconnaître que si le bon sens prédomine, les détracteurs obstinés commencent à avoir l’air un peu idiots après que la pomme leur soit tombé sur la tête un peu trop souvent. C’est par le bon sens (et par expérience commune) que les gens acceptent des théories à condition qu’elles leur apparaissent raisonnables, qu’elles aient été démontrées, au sens absolu ou non. C’est ainsi que la plupart des gens acceptent les théories de la gravité, de l’entropie, du zéro absolu, des trous noirs, de la faim et des maux de tête – et ils ont bien raison, car ces choses ont du sens. Selon les gens religieux, tous devraient reconnaître l’existence de Dieu et de l’esprit humain, car les preuves écrasantes dont ont été témoins les gens à travers les nombreux miracles de la création confirment l’existence du Créateur.
Quant à l’invention du terme « agnostique » par T.H.Huxley, il a expliqué, à ce sujet :
« Chaque type d’opinion philosophique ou théologique y était représenté (à la Metaphysical Society) et a été exprimé de façon très ouverte. La plupart de mes collègues étaient des « istes » quelconques et, bien que gentils et amicaux, moi, l’homme qui ne porte aucune étiquette, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver de drôles de sentiments auxquels a dû être en proie le renard historique quand, après s’être échappé du piège où il laissa sa queue, se présenta devant ses compagnons normalement constitués. Alors je réfléchis et inventai ce que je crus être approprié comme titre : agnostique. »[4]
Selon cette explication, les gens qui s’identifient comme agnostiques doivent reconnaître que ce terme est une invention moderne découlant de la crise identitaire d’un simple individu qui s’est retrouvé au milieu d’un groupe de métaphysiciens. Celui qui a inventé ce terme se décrit comme un homme sans étiquette qu’il compare à un renard sans queue, deux images qui suggèrent l’autoperception d’un certain degré de faiblesse ou d’inaptitudes personnelles. Quelle partie de sa fierté cet homme a-t-il laissée derrière lui, aux mains d’une énigme religieuse riche en rebondissements? Il est on ne peut plus évident que Huxley, comme beaucoup d’éminents métaphysiciens et théologiens à travers l’histoire, a été incapable de trouver une catégorie correspondant à son concept de Dieu et à laquelle il aurait pu appartenir.
Indépendamment de toutes ces considérations, même si quelqu’un avançait que Huxley n’a rien fait de plus qu’attribuer un terme à une théologie ancienne que personne n’avait encore pensé à nommer, les deux mots « et alors? » viennent immédiatement à l’esprit. Nommer une théologie n’en prouve pas le bien-fondé et n’y accorde pas une valeur supplémentaire. Si ce concept possédait quelque valeur, il aurait été reconnu bien plus tôt, au moins 1800 ans plus tôt, et nous l’aurions retrouvé dans les enseignements d’un prophète comme Jésus. Pourtant, les prophètes, dont Jésus, ont tous prêché un message bien différent, dont l’essentiel était l’idée d’une rétribution pour avoir eu la foi en l’absence de preuves absolues et en dépit de l’impossibilité de voir Dieu de ses propres yeux.
Copyright © 2009 Laurence B. Brown. Avec son autorisation.
L’extrait ci-dessus a été tiré de l’ouvrage du Dr Brown MisGod’ed, qui fut suivi de God’ed. Ces deux livres sont disponibles sur le site du Dr Brown, www.Leveltruth.com. Vous pouvez contacter le Dr Brown à l’adresse suivante : BrownL38@yahoo.com
Ajouter un commentaire