Une brève histoire de l’islam (partie 5 de 5): Le califat d’Outhman ibn Affan
Description: L’élection, l’administration et le caractère du troisième calife de l’islam.
- par Amatullah Abdullah (édité par IslamReligion.com)
- Publié le 08 Nov 2010
- Dernière mise à jour le 08 Nov 2010
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L’élection d’Outhman
‘Omar ibn al-Khattab, le deuxième calife de l’islam, fut poignardé par un esclave persan zoroastre, Abou Lou’lou’ah, alors qu’il menait la prière du fajr. Tandis qu’il gisait sur son lit de mort, à l’agonie, ceux qui l’entouraient lui demandèrent de nommer un successeur. ‘Omar nomma plutôt six personnes et leur demanda de se consulter entre elles afin de choisir l’une d’elles comme prochain calife.
Ce comité était composé d’Ali ibn Abi Talib, Outhman ibn Affan, Abderrahman ibn Awf, Sad ibn Abi Waqqas, Az-Zoubayr ibn al-Awam et Talhah ibn Oubayd Allah, qui étaient parmi les plus éminents compagnons du Prophète (que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui) et qui avaient reçu, de leur vivant, l’assurance qu’ils entreraient au Paradis.
‘Omar demanda à ce que le comité choisisse un successeur en moins de trois jours et que ce dernier entre en fonction dès le quatrième jour. Mais après deux jours, aucune décision n’avait encore été prise et les membres du comité s’inquiétaient de voir le temps passer sans qu’ils aient pu parvenir à un consensus. Abderrahman ibn Awf offrit alors de renoncer à sa candidature si tous les autres se conformaient à sa décision. Ils acceptèrent tous sa proposition et le laissèrent choisir seul le nouveau calife. Abderrahman fit passer un entretien à chaque candidat et alla par les rues de Médine consulter le peuple sur leur préférence. Il finit par choisir Outhman, que la majorité des gens avait dit préférer.
Le califat d’Outhman
Même après sa nomination comme calife, Outhman continua de mener une vie simple. Il aurait pourtant été facile à cet homme d’affaires prospère de mener une vie luxueuse, mais cela ne lui disait rien. Son unique but était de goûter aux plaisirs de l’au-delà, car il savait très bien que ce monde-ci n’est que temporaire et constitue une épreuve pour les hommes. Après sa nomination, il demeura donc aussi généreux qu’il l’avait toujours été.
Les califes étaient normalement payés à partir du trésor public, mais Outhman ne prit jamais aucun salaire pour son travail. De plus, il prit l’habitude de libérer des esclaves chaque vendredi, de voir aux besoins des veuves et des orphelins et de donner en charité sans compter. Sa patience et son endurance firent de lui un leader très apprécié.
Outhman accomplit beaucoup de choses durant son règne. Il encouragea la pacification de la Perse, continua de défendre l’État musulman contre les Byzantins, conquit la Lybie et l’annexa à l’empire musulman et subjugua la quasi totalité de l’Arménie. Par ailleurs, avec l’aide de son cousin Mou’awiyah ibn Abi Soufyan, qui était gouverneur de Syrie, il mit sur pied une armée navale qui réussit à obtenir plusieurs engagements importants de la part des Byzantins.
Mais le geste pour lequel il est le plus connu et qui eut la plus grande importance pour l’islam est sans contredit sa fameuse compilation des textes composant le Coran. Réalisant que le message divin original risquait, par inadvertance, d’être altéré par diverses variantes textuelles, il forma un comité qu’il chargea de colliger les versets originaux et de détruire tout texte comportant une variante. Le livre qui en résulta est celui qui est accepté aujourd’hui encore à travers tout le monde musulman.
Outhman face à l’opposition et face à la mort
Au cours de son califat, Outhman eut à composer avec l’opposition des nouveaux musulmans de nom seulement qui se trouvaient dans les nouvelles terres conquises et qui l’accusaient de ne pas suivre l’exemple du Prophète et des califes précédents dans sa façon de gouverner. Mais les compagnons du Prophète prirent chaque fois sa défense et ces accusations ne le poussèrent pas à modifier sa façon de faire; au contraire, il persista à gouverner avec miséricorde et compassion envers les gens. Même lorsque ses ennemis l’attaquèrent, il n’utilisa pas les fonds publics pour se protéger ou protéger sa maison. Tel que prédit par le prophète Mohammed, les ennemis d’Outhman firent tout en leur pouvoir pour lui rendre la tâche difficile en s’opposant constamment à lui et en l’accusant de tous les maux. Ils complotèrent même contre lui, entourèrent sa maison et s’encouragèrent les uns les autres à aller le tuer.
Plusieurs de ses conseillers lui recommandèrent de faire arrêter ses assaillants, mais il n’en fit rien. Il finit par être assassiné pendant qu’il récitait le Coran, exactement comme l’avait prédit le Prophète. Il mourut en martyr.
Anas ibn Malik a rapporté ce qui suit :
« Un jour, le Prophète grimpa sur le mont Ouhoud avec Abou Bakr, ‘Omar et Outhman. Le mont trembla. Le Prophète dit alors (à la montagne) : « Calme-toi, Ouhoud! Il n’y a sur toi qu’un prophète, un fidèle compagnon et deux martyrs. » (sahih al-Boukhari)