Qu’est-ce que le taoïsme? (partie 2 de 2): La vertu ne mène pas toujours à la religion
Description: Une brève comparaison entre les croyances du taoïsme et celles de l’islam.
- par Aisha Stacey (© 2015 IslamReligion.com)
- Publié le 23 Nov 2015
- Dernière mise à jour le 23 Nov 2015
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Compassion, modération et humilité; ce sont les trois joyaux ou attributs qui forment la philosophie de vie des taoïstes. Ce sont des traits moraux tout aussi estimés des musulmans. Le premier des trois joyaux est le ci, qui signifie, littéralement, compassion, tendresse, amour, indulgence, gentillesse, bonté ou bienveillance. Il s’agit également d’un terme chinois classique pour « mère ». Le second est le jian, littéralement modération, économie, retenue. Le troisième est une phrase chinoise à six caractères : Bugan wei tianxia xian, qui est traduit par humilité, mais dont le sens est plus profond. Selon la sagesse taoïste, il s’agit de la voie à suivre pour éviter une mort prématurée. Être constamment sous les feux de la rampe, c’est se rendre vulnérable et s’exposer aux force destructrices du monde, tandis que rester dans l’ombre et demeurer humble équivaut à se donner du temps pour mûrir pleinement et porter fruit.
Comparons cela avec les mêmes traits tels qu’enseignés par l’islam. Le plus important à souligner est que la compassion vient en premier et qu’il s’agit d’un mot utilisé, dans le chinois classique, pour désigner la mère. Nous savons qu’en islam, Dieu est souvent appelé le Tout Miséricordieux. Le dictionnaire définit la miséricorde comme une disposition à être bon et à pardonner et comme le sentiment qui pousse à la compassion. Le terme arabe pour miséricorde est rahmah et le terme arabe pour matrice est rahim, qui est dérivé du même mot-racine. Ce lien entre la miséricorde de Dieu et la matrice n’est pas anodin. Dieu nous nourrit et nous protège, tout comme la matrice nourrit et protège l’enfant à naître. Le lien entre la miséricorde, la compassion et la maternité est évident à la fois dans le terme islamique rahmah et dans le joyau taoïste.
Qu’en est-il de la modération? Il s’agit clairement d’une vertu importante dans le taoïsme. Et en islam? Selon l’approche holistique que l’on retrouve dans l’islam, tout doit être fait en modération. Il n’y a donc aucune justification aux comportements extrêmes ou fanatiques. Le Coran fait référence à ceux qui suivent l’islam comme à une communauté suivant un juste milieu :
« Ainsi avons-Nous fait de vous la nation du juste milieu… » (Coran 2:143)
Le troisième joyau, l’humilité, est aussi une vertu tenue en haute estime par l’islam. L’islam enseigne que l’humilité est une qualité qui nous ouvrira la porte de la félicité éternelle, dans l’au-delà, tandis que le taoïsme met plutôt l’accent sur l’importance de l’humilité en cette vie afin de mener une vie qui vaut la peine d’être vécue. Ibadah est le mot arabe pour désigner l’adoration. Mais la racine de ce mot, ouboudiyyah, fait référence au fait d’exprimer sa modestie ou son humilité. Il s’agit, ici, de l’humilité profonde qui habite celui ou celle qui est totalement soumis(e) à Dieu, le Très-Haut. L’adoration est une soumission à Dieu et ce qui pousse à la soumission, c’est l’humilité. Nous pouvons donc constater que les vertus essentielles du taoïsme et de l’islam sont à peu près les mêmes. Cela n’est pas vraiment étonnant, car la plupart des religions préconisent de hautes normes morales et des comportements vertueux.
Les lieux où se pratiquent les rituels taoïstes se nomment gong (palais) ou guan (temple). À l’origine, les taoïstes préféraient ériger leurs temples dans des lieux sereins comme les montagnes et les forêts, mais avec le temps, de plus en plus de temples furent construits dans les villes. Chacun de ces temples abrite un nombre important de statues représentant des déités ou ce que les taoïstes croient être des immortels. Cela nous amène à nous demander ce que pensent les taoïstes du concept d’unicité de Dieu. Comme nous l’avons appris dans le premier article, bien que les taoïstes reconnaissent la nécessité de l’existence d’un créateur, ils considèrent que ce dernier se situe au-delà de la compréhension humaine.
Par conséquent, il n’y a pas, dans le taoïsme, de concept de Dieu à proprement parler. Selon l’ouvrage intitulé « A personal Tao » (Un tao personnel), « cette question est non pertinente. Que Dieu existe ou non, cela ne change rien à la façon dont nous menons notre vie. Nos vies sont des expressions du lien qui nous unit à l’univers. Le respect de notre entourage et de notre environnement est une extension du respect que nous devons avoir pour nous-mêmes. Cette façon de vivre ne change pas et est indépendante de la nature de Dieu ou du tao. »[1]
Dans le premier article, nous avons mentionné que le taoïsme a intégré, au fil du temps, des notions d’autres philosophies et religions présentes en Chine; il est donc possible de pratiquer à la fois le taoïsme et une autre religion. C’est ainsi que plusieurs Chinois bouddhistes sont également taoïstes. Cela a mené à un type de polythéisme unique au taoïsme, qui n’existait pas, à l’origine, au sein de cette religion.
Il existe une hiérarchie de déités et d’immortels dans le taoïsme. Au sommet de la hiérarchie se trouvent le Vénéré céleste du début primordial, le Vénéré céleste du trésor sacré et le Vénéré céleste de la voie et de sa vertu. Suivent les déités de rangs inférieurs investies de responsabilités basées sur leurs connaissances. Celle qui occupe le plus haut rang est l’Empereur Jade, suivie de quatre déités majeures et d’autres êtres célestes et d’immortels. Diverses déités et immortels ont des responsabilités diverses. Parmi les plus connues sont les déités responsables du vent, de la pluie, du tonnerre, de la foudre, de l’eau et du feu, le Dieu de la richesse, le Dieu de la cuisine, le Dieu de la cité et le Dieu du pays.[2]
L’idolâtrie et le polythéisme n’ont aucune place en islam et les musulmans ne croient pas qu’il soit possible de pratiquer plus d’une religion à la fois. Bien que le taoïsme et l’islam partagent certaines valeurs morales, là s’arrêtent leurs similitudes. Les musulmans croient en un Dieu unique et incomparable, Tout-Puissant, Créateur, Souverain et Administrateur de l’univers tout entier. Il est le seul qui soit digne d’être adoré et invoqué et c’est pour Lui seul que doit être fait tout acte d’adoration. Il n’a aucunement besoin de Sa création; c’est plutôt Sa création qui a besoin de Lui et qui dépend de Lui. L’islam propose un objectif de vie très clair et a fourni des lois et des règles de vie qui mènent au succès et au contentement à la fois ici-bas et dans l’au-delà.