Les physiciens contemporains et l’existence de Dieu (partie 1 de 3) : Le caractère éternel de la matière

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Description: Une évaluation critique islamique des concepts de certains physiciens contemporains.  Partie 1 : le caractère éternel de l’univers, la décomposition de la matière et les implications du Big Bang.

  • par Dr Jaafar Sheikh Idris
  • Publié le 26 Jan 2009
  • Dernière mise à jour le 30 Mar 2009
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Contemporary_Physicists_and_Gods_Existence_(part_1_of_3)_-_The_Eternity_of_Matter_001.jpgL’existence ou la non-existence de Dieu n’est pas, comme telle, le sujet des sciences appliquées, naturelles ou sociales.  Mais les faits, ou ce que l’on présume parfois être les faits, en sciences naturelles, et plus particulièrement en physique et en biologie, sont souvent interprétés en faveur de divers points de vue.  Ce texte n’est donc pas un article sur la physique, mais sur la relation entre la physique et la question de l’existence de Dieu.  En fait, il s’agit plus précisément d’une critique rationnelle islamique sur les moyens utilisés par les athées modernes pour expliquer certains éléments de la théorie du Big Bang.  Ce texte ne traite pas des preuves démontrant l’existence du Créateur; il cherche plutôt à prouver l’invalidité des arguments utilisés pour soutenir l’athéisme.

Un des principaux arguments avancés pour soutenir l’athéisme sous toutes ses formes a toujours été que le monde, ou à tout le moins une partie du monde, est éternel et n’a donc pas eu besoin d’être créé.  C’est ainsi que certains penseurs grecs croyaient que les corps célestes, et plus particulièrement le soleil, étaient éternels.  Le principal argument de l’un d’eux, Galien, était, selon al-Ghazali, que le soleil  avait toujours été de la même taille, ce qui démontrait qu’il était éternel, car s’il ne l’avait pas été, il aurait montré des signes d’altération.  Al-Ghazali réfute ainsi cet argument :

« Premièrement, nous ne lui concédons pas qu’une chose ne puisse périr qu’en passant par une phase de détérioration.  La détérioration graduelle n’est qu’une façon parmi d’autres de périr; il n’est pas impossible qu’une chose périsse de manière soudaine sans que sa forme ou sa taille n’aient été altérées.  Deuxièmement, même si nous supposions qu’une chose ne puisse périr qu’en passant par une phase de détérioration, d’où tient-il que le soleil n’a subi aucune altération jusqu’ici?  Sa référence aux postes d’observation ne peut être retenue, car si le soleil, dont on évalue la taille à cent soixante-dix fois celle de la terre ou plus[1], diminuait chaque fois de la taille d’une montagne, cela ne pourrait être perçu par les sens.  Il est donc possible que sa taille ait légèrement diminué, un tout petit peu à la fois, de la taille d’une montagne, ou même plus, à chaque fois, sans que nous n’ayons pu le percevoir avec nos sens... »  (Al-Ghazali, 126)

La supposition d’Al-Ghazali selon laquelle la taille du soleil diminue peut-être insensiblement, comme nous le savons aujourd’hui, est une de ces rares intuitions plus tard confirmées par la science.  Les scientifiques nous apprennent maintenant que le soleil se détériore bel et bien, mais plus que ne le croyait Al-Ghazali, et qu’il finira par s’éteindre. 

 « La quantité d’énergie produite par le soleil est telle que la masse du soleil diminue de 4,3 milliards de kilos à la seconde.  Et pourtant, cela représente une si petite partie de la masse totale du soleil que le changement est à peine perceptible...

Nous estimons l’âge du soleil à 4,5 milliards d’années et prévoyons qu’il maintiendra son activité encore 4,5 milliards d’années. »  (Wheeler, 596)

Si les corps célestes ne sont pas éternels, qu’y a-t-il d’éternel?  Les substances dont sont constitués ces corps célestes?  Les physiciens ont découvert, un jour, qu’elles étaient faites de molécules; est-ce que ce sont les molécules qui sont éternelles?  Non, car elles sont constituées d’atomes.  Les atomes sont-ils éternels?  À une certaine époque, on les croyait indivisibles et constituant, donc, la matière immuable à partir de laquelle toutes les formes transitoires du monde matériel étaient créées.  On crut que cette découverte constituait, enfin, une base solide sur laquelle on pourrait ériger l’athéisme moderne.

La science, cependant, continua d’avancer et ses percées ne firent qu’embarrasser d’avantage les athées.  On découvrit que les atomes n’étaient pas les éléments solides éternels et immuables de la matière comme on l’avait d’abord cru.  Comme le reste, ils sont également divisibles; ils sont constitués de particules subatomiques, qui sont à leur tour divisibles.  Ces divisions peuvent-elles prendre fin?  Personne ne le sait; mais même si c’était le cas, cela n’aiderait en rien les athées à soutenir leur point de vue, car si la science a démontré que les atomes et leurs constituants sont divisibles, elle a également effacé la division entre la matière et l’énergie.  Ainsi, toute matière, aussi petite soit-elle, est transformable en énergie, et vice versa.  Avec comme résultat qu’il n’existe plus aucun constituant que l’on peut pointer du doigt et duquel on peut dire, avec assurance : cela a toujours existé sous cette forme et continuera d’exister éternellement, sous cette même forme.

Cette découverte aurait dû suffire à anéantir tout espoir de fonder l’athéisme sur le caractère éternel de la matière.  Si elle ne l’a pas anéanti, la théorie du Big Bang l’a certainement fait.  C’est cette théorie qui porta le coup fatal au concept d’éternité de la matière.  Pourquoi?

 « Les cosmologues croient que le Big Bang n’a pas amené que l’apparition de la matière et de l’énergie venues combler un vide préexistant, mais la création de l’espace et du temps également.  L’univers n’a pas été créé dans l’espace et le temps; l’espace et le temps font partie de l’univers créé. » (Davies, 123)

« Le plus grand malentendu par rapport au Big Bang, c’est qu’il aurait commencé par l’apparition d’un amas de matière dans le vide de l’espace.  Mais ce n’est pas que la matière qui a été créée par le Big Bang; c’est l’espace et le temps également.  Comme on dit que le temps a un commencement, l’espace a aussi un commencement. »  (Boslouh, 46)

« Au départ, il n’y avait rien, ni temps ni espace, ni étoiles ni planètes, ni pierres ni plantes, ni animaux ni êtres humains.  Tout est apparu à partir du vide. » (Fritzch, 3)

Comme nous l’avons mentionné, au début, la question de l’existence ou de la non-existence de Dieu n’est pas une question que tentent d’élucider les sciences appliquées.  Mais les scientifiques sont des êtres humains et en tant que tel, ils ne peuvent s’empêcher de penser aux implications non-scientifiques (mais vitales) de leurs sciences et ils ne peuvent s’empêcher d’avoir certains sentiments par rapport à ces implications.

Jasrow a dit, à propos d’Einstein:

 « Il était troublé par l’idée d’un univers qui explose, car cela impliquait que le monde avait eu un commencement.  Dans une lettre à De Sitter, Einstein écrit : « Cet univers en expansion m’agace... ».  Voilà un langage curieusement émotif au milieu d’une discussion portant sur des formules mathématiques.  Je présume que l’idée voulant que le temps ait connu un commencement agaçait Einstein à cause de ses implications théologiques. » (Jasrow, 29)

Gastro fait mention de réactions similaires de la part d’autres scientifiques, comme Eddington, qui a dit que « la notion d’un commencement me répugne » (122) et attribue cette réaction émotive au fait qu’ils « ne supportent pas l’idée d’un phénomène naturel non-explicable ».[2]  Par ailleurs, il commente ces réactions des scientifiques en affirmant qu’elles fournissent :

 « ...une démonstration intéressante de la réponse d’un esprit scientifique – que l’on suppose très objectif – lorsqu’une preuve découverte par la science elle-même entre en conflit avec les articles de foi de notre profession.  Les scientifiques réagissent donc comme chacun d’entre nous lorsque nos croyances entrent en conflit avec des preuves évidentes.  Cela nous irrite, nous essayons de nier cette contradiction, ou nous essayons de la masquer en la recouvrant de phrases insignifiantes. » (Jasrow, 15-16)



Footnotes:

[1] Nous savons maintenant que c’est beaucoup plus que cela.  La masse du soleil équivaut à 333 000 fois celle de la terre et son rayon est 109 fois plus grand que celui de la terre.

[2] Gastro aurait dû préciser “un phénomène qui ne peut être naturellement expliqué”, puisque la création divine est une explication et en fait, la seule explication possible, dans de tels cas.

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