L’histoire du Coran (partie 2 de 4) : De la tablette préservée à l’humanité
Description: Comment le Coran fut révélé, mémorisé et mis par écrit.
- par Aisha Stacey (© 2012 IslamReligion.com)
- Publié le 30 Apr 2012
- Dernière mise à jour le 30 Apr 2012
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« Et c’est ainsi que, par Notre commandement, Nous t’avons révélé, (ô Mohammed), un Livre inspiré. Tu n’avais aucune connaissance de l’Écriture ni de la foi; mais Nous en avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos serviteurs. Et certes, tu guides vraiment [les gens, ô Mohammed] vers un droit chemin. » (Coran 42:52)
Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), le dernier messager à être envoyé par Dieu, reçut le Coran en deux étapes. Ces paroles de Dieu furent descendues pour faire sortir l’humanité de la noirceur dans laquelle elle se trouvait et la faire entrer dans la lumière; ces paroles sont un guide et une miséricorde pour l’humanité. Au cours d’une nuit connue sous le nom de « Nuit du Destin », au cours du mois sacré de Ramadan, le Coran fut descendu de la Tablette Préservé[1], jusqu’au ciel le plus bas. Puis, il fut descendu du ciel à la terre, petit à petit.
Cette révélation fut transmise au prophète Mohammed par l’intermédiaire de l’ange Gabriel.[2] Lorsque Mohammed avait environ quarante ans, il prit l’habitude de passer du temps seul, pour réfléchir. Selon son épouse Aisha, cet amour de l’isolement lui avait été communiqué par des rêves agréables qu’il faisait. Il se rendait dans une grotte, la grotte de Hira, pour méditer sur le sens de la vie, sur l’univers et sur son rôle sur terre.
Une nuit, durant le mois de Ramadan, un ange se présenta à lui et lui ordonna de lire. Le Prophète, terrifié, ne sachant ni lire ni écrire, lui répondit : « Je ne sais pas lire! ». Alors l’ange l’agrippa solidement et pressa si fort sur sa poitrine que la douleur fut à peine supportable. L’ange le relâcha et lui ordonna à nouveau de lire. Encore une fois, il lui répondit qu’il ne savait pas lire. L’ange l’agrippa à nouveau et la même scène se répéta trois fois. Puis, l’ange lui récita les premières paroles du Coran :[3]
« Lis : au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme (à partir) d’un caillot (de sang). Lis! Ton Seigneur est le Très Généreux, qui a enseigné par la plume, a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. » (Coran 96:1-5)
Après cette première révélation, que Mohammed trouva, à raison, très terrifiante, il ne reçut plus la visite de Gabriel pour un certain temps. La fois suivante, il le rencontra alors qu’il marchait, seul. Il entendit une voix qui venait du ciel et lorsqu’il leva la tête pour voir qui l’appelait ainsi, il vit l’ange Gabriel assis sur une chaise entre le ciel et la terre. Il fut de nouveau si terrifié qu’il courut jusque chez lui et demanda à ce qu’on l’enveloppe de vêtements, cherchant à se rassurer et à apaiser sa peur. C’est à ce moment que vint la seconde révélation :[4]
« Ô toi, enveloppé dans ton manteau! Lève-toi et avertis! Exalte ton Seigneur! Et tes vêtements, purifie-les! Et fuis l’abomination! » (Coran 74:1-5)
Au cours des 23 années suivantes et jusqu’à peu de temps avant sa mort, le prophète Mohammed reçut la révélation du Coran petit à petit, par étapes. Plusieurs raisons ont été suggérées pour expliquer cela : certains ont avancé que le Coran fut révélé à ce rythme pour permettre au Prophète de traiter de certains problèmes au fur et à mesure qu’ils survenaient.
« Parfois, c’est comme le tintement d’une cloche et cette forme de révélation est la plus difficile à supporter; ce tintement ne disparaît qu’après que j’aie bien saisi ce qui m’était révélé. D’autres fois, Gabriel vient me voir sous une forme humaine; il me parle et je mémorise ce qu’il me dit. »[5] Ibn Abbas a ainsi décrit Mohammed, lorsque ce dernier recevait la révélation : « Il la supportait difficilement et bougeait rapidement les lèvres. »[6] Car au fur et à mesure que les paroles du Coran lui étaient révélées, Mohammed les mémorisait.
Les compagnons du Prophète comprirent vite à quel point était importante la mémorisation et c’est ainsi que cette pratique devint courante, dès les premières années de l’islam. Le Prophète leur demandait de mémoriser ce qui lui était révélé. Selon Ibn Ishaq, l’un des premiers biographes du prophète Mohammed, Abdoullah ibn Masoud fut le premier homme, après Mohammed, à réciter publiquement les versets du Coran et il fut sévèrement battu (par les mécréants) pour l’avoir fait. Abou Bakr, le compagnon le plus proche de Mohammed, était également connu pour réciter le Coran à l’extérieur de sa maison, à la Mecque.[7]
Le Coran, donc, fut mémorisé par les musulmans du vivant du prophète Mohammed et cette tradition s’est poursuivie chez les générations suivantes. De nos jours encore, les musulmans le mémorisent et récitent exactement les mêmes versets et les mêmes mots qui étaient récités par les Arabes du 7e siècle. La majorité des Arabes de l’époque, incluant Mohammed, étaient illettrés, mais ils comprenaient tout de même l’importance des écrits.
En effet, préserver la révélation divine était d’une importance capitale. C’est pourquoi des scribes fiables et honnêtes furent choisis pour mettre le Coran par écrit. Parmi eux, les quatre hommes destinés à devenir califes de la nation musulmane après la mort de Mohammed, de même qu’un homme nommé Zaïd ibn Thabit, dont le rôle allait être vital dans la préservation du Coran pour les nombreuses générations suivantes.
Les supports matériels sur lesquels on pouvait coucher des écrits étaient rares, à l’époque; alors le Coran fut transcrit sur des peaux animales, des pierres de couleur claire, des os et des écorces d’arbres. Les compagnons mettaient par écrit les paroles de la révélation et le Prophète les écoutait ensuite réciter ces paroles écrites pour s’assurer qu’il n’y avait aucune erreur. On peut donc dire que le Coran fut mis par écrit sous la supervision immédiate du Prophète. Le Coran ne fut pas révélé dans l’ordre que nous connaissons aujourd’hui; c’est l’ange Gabriel qui ordonna à Mohammed, plus tard, de placer les versets et les sourates dans cet ordre.
Footnotes:
[1] Lauh Al-Mahfuz (la tablette préservée) est le livre dans lequel Dieu a inscrit les décrets divins et le destin de toute la création. Elle était avec Dieu avant même la création.
[2] Suyuti’, dans Al Itqan Fi Ulum Al Quran, Beirut, 1973, Vol. I pp. 39-40 basé sur trois comptes-rendus d'Abdullah Ibn 'Abbas dans Hakim, Baihaqi et Nasa'i.
[3] Ce sont là les premiers mots qui furent révélés (et qui ne doivent pas être confondus avec les premiers versets de la première sourate du Coran, car les différentes sourates du Coran ne sont pas présentées dans leur ordre de révélation).
[4] Sahih Al-Boukhari
[5] Ibid
[6] Ibid
[7] Ibn Hisham
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