La véritable richesse (partie 2 de 2)
Description: Comment trouver le contentement en ce monde.
- par Yasir al-Qadhi
- Publié le 08 Apr 2013
- Dernière mise à jour le 08 Apr 2013
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Peu importe le montant d’argent qu’une personne gagne, elle finit, le plus souvent, par n’en utiliser qu’une partie. Méditez sur ce sage rappel du Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui). Abdoullah ibn al-Shakhir a rapporté ce qui suit :
« J’entrai chez le Prophète alors qu’il récitait « alhakoum al-takathour » :
« La course aux richesses vous distrait… » (Coran 102:1)
Il dit :
« Le fils d’Adam dit : « Mon argent! Mon argent! » Mais ne possèdes-tu, ô fils d’Adam, de ton argent autre chose que ce tu manges et qui se transforme en déchet ou que tu portes et qui finit par s’user ou que tu donnes en charité pour en retirer une rétribution dans l’au-delà? » (Sahih Mouslim)
Dans ce hadith, le Prophète nous rappelle qu’en réalité, tout notre argent est généralement utilisé de trois façons principales. D’abord, pour nous nourrir, ce qui finit toujours en déchets. Ensuite, pour nous vêtir, et nos vêtements finissent par s’user et nous devons les jeter. Enfin, en charité donnée par amour pour Dieu, dont on retire une récompense ici-bas et/ou dans l’au-delà. À quoi sert, alors, de se vanter de son argent et d’en vouloir toujours plus quand on sait que seule une petite partie est dépensée de manière à apporter un bénéfice éternel à son possesseur?
C’est pourquoi le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) nous a fait comprendre que la richesse d’une personne n’est pas proportionnelle à ses possessions matérielles. La véritable richesse, c’est d’être satisfait de ce que l’on a et d’utiliser ce qu’on possède, que ce soit peu ou beaucoup, pour se tailler une place au Paradis. Le Prophète a dit :
« La richesse ne se trouve pas dans la quantité d’avoirs matériels d’une personne. La véritable richesse est celle que l’on trouve au fond de soi-même (ou dans son contentement). » (Sahih al-Boukhari)
Il a également dit :
« Ce qui est en petite quantité, mais qui suffit, est meilleur que ce qui est en grande quantité, mais qui finit par nous distraire. »[1]
Il a aussi dit :
« Connaît vraiment le succès celui qui a été guidé à l’islam et dont la subsistance lui suffit et qui s’en contente. » (Sahih Mouslim)
Enfin :
« La meilleure subsistance que vous recevez est celle qui vous suffit. »[2]
Il est donc clair que la richesse et le succès véritables se trouvent dans la paix et le contentement qui découlent de la sincérité de la foi et de la pratique religieuse. C’est grâce à la satisfaction qu’elle ressent dans son cœur qu’une personne peut réaliser et apprécier cette vraie richesse. Dans un autre hadith, le Prophète a ainsi décrit cette richesse :
« Quiconque, parmi vous, se réveille en toute sécurité, dans sa maison, en bonne santé et ayant à sa disposition suffisamment de nourriture pour la journée, c’est comme s’il possédait le monde entier et tout ce qu’il contient. »[3]
« Quiconque » fait référence aux musulmans, dont la plus grande bénédiction est l’islam. « Se réveille » signifie que cette personne a la chance d’être en vie. « En toute sécurité dans sa maison » signifie sans crainte d’être attaqué ou de voir la sécurité de sa famille menacée. « En bonne santé » rappelle que Dieu a évité la maladie à cette personne. « Ayant à sa disposition suffisamment de nourriture pour la journée » signifie que même une quantité minimale de subsistance est une grande bénédiction de Dieu, car c’est l’essentiel pour maintenir une bonne santé et beaucoup de gens n’y ont même pas accès. Et « c’est comme s’il possédait le monde entier et tout ce qu’il contient » indique que c’est là tout ce dont une personne a besoin, dans cette vie, et tout ce qui vient s’ajouter à ce minimum est un luxe superflu. Le contentement envers la subsistance que Dieu nous accorde, qu’elle soit importante ou minimale, équivaut au contentement envers la vie en général et c’est là la plus grande richesse que puisse posséder une personne. Le Prophète a aussi dit :
« En vérité, Dieu teste Son serviteur avec ce qu’Il lui donne. Alors quiconque est satisfait de ce que Dieu lui a donné, Dieu en fera une bénédiction et lui donnera plus. Mais quiconque est insatisfait de ce que Dieu lui a donné, il n’y trouvera aucune bénédiction. »[4]
Ceux qui sont satisfaits de leur subsistance et de leurs avoirs, en ce monde, n’éprouvent pas d’intérêt pour les richesses et le statut d’autrui, ne s’intéressent pas à combien d’argent possèdent les autres, aux voitures qu’ils conduisent ou à la grandeur de leur maison. Ceux qui possèdent un cœur pur aiment Dieu et Lui sont reconnaissants, sachant que les biens de ce monde ne peuvent acheter ni le bonheur ni la foi ni le sentiment de contentement. En retour, ils sont aimés de Dieu et d’autrui. Ce principe est clairement souligné dans la sounnah du Prophète :
« Laissez tomber ce monde et Dieu vous aimera. Et laissez tomber (le désir de posséder) ce que possèdent les autres et les gens vous aimeront. »[5]
Dans une autre narration, une personne vint voir le Prophète et lui demanda : « Ô messager de Dieu, cite-moi un hadith et fais qu’il soit court. » Alors le Prophète répondit :
« Fais ta prière comme si c’était la dernière et comme si tu pouvais voir Dieu; car même si tu ne le voies pas, sache que Lui, te voit. Et laisse tomber le désir de posséder ce que possèdent les autres et tu mèneras une vie saine. Et méfie-toi de toute chose pour laquelle tu pourrais avoir à t’excuser plus tard. »[6]
Alors quiconque fait de son but premier la satisfaction de Dieu et la récompense de l’au-delà sera aimé de Dieu; et quiconque évite de rivaliser avec ses frères et sœurs en islam dans les choses de ce monde sera aimé des gens. Et cette richesse – l’amour de Dieu et des hommes – est bien meilleure que tout ce que l’argent peut acheter.
Les pieux prédécesseurs de notre nation avaient bien compris ce principe. Awn ibn Abdillah[7] a dit : « La plus grande bénédiction est que lorsque les choses deviennent difficiles, pour vous, vous appréciez ce qui vous a été donné parmi les bénédictions de l’islam. »[8] Alors la prochaine fois que vous vous retrouvez en grande difficulté financière, plutôt que de considérer les plaisirs matériels et temporaires que vous êtes incapable d’acquérir, méditez donc sur le « trésor de la foi » dont Dieu vous a comblé et appréciez la chance que vous avez d’être musulman. De même, quand vous êtes très heureux suite à un gain monétaire ou, au contraire, angoissé suite à une perte monétaire, rappelez-vous cette déclaration de Mouhammad ibn Souqah :
« Il y a deux caractéristiques qui, même si Dieu ne nous châtie pas à cause d’elles, sont répréhensibles : nous sommes en extase lorsque nous faisons un petit gain monétaire en ce monde, alors que Dieu ne nous a jamais vus aussi excités pour une bonne action que nous avons accomplie. Et nous devenons angoissés lorsqu’une chose de ce monde nous a échappée, alors que Dieu ne nous a jamais vus aussi inquiets pour un péché que nous avons commis. »[9]
Je conclus cet article en citant le verset du Coran dans lequel Dieu rappelle au Prophète et aux croyants de ne pas trop désirer les richesses de ce monde et de fournir tous les efforts pour atteindre au succès dans l’au-delà :
« Et ne convoite point les jouissances temporaires que Nous avons accordées à certains d’entre eux, comme décor de la vie présente, et par lesquelles Nous les éprouvons. Ce que ton Seigneur a à t’offrir est bien meilleur et plus durable. » (Coran 20:131)
Footnotes:
[1] Abu Ya’la, Ibn Adi et al-Albani l’a authentifié dans al-Sahihah
[2] Ibn Hibban. Voir al-Silsilah al-Sahihah.
[3] Al-Tirmidhi, Sahih Al-Boukhari, Ibn Hibban. Al-Albani est d’accord avec al-Tirmidhi dans son Silsilah.
[4] Rapporté par Ahmad, tel que mentionné dans al-Sahihah.
[5] Ibn Majah, Al-Hakim. Al-Albani l’a également classé authentique dans al-Silsilah.
[6] Sahih Al-Boukhari, Al-Tabarani
[7] Abdoullah ibn Masoud. Lorsqu’il citait ce hadith, il pleurait tant que ses larmes mouillaient sa barbe. Il est mort vers l’an 115 de l’hégire.
[8] Ibn Abi al-Dunya, al-Qana ah wa al-Ta afuf.
[9] ibid