Omar, Al-Farooq (partie 1 de 3) : « Renforcer l’islam avec Omar »
Description: Comment le second successeur du prophète Mohammed embrassa l’islam.
- par Aisha Stacey (© 2013 IslamReligion.com)
- Publié le 03 Jun 2013
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Quand les ennemis de l’islam entendaient le nom d’Omar, ils se mettaient à trembler. Quand le diable lui-même apercevait Omar, qui avançait sur un chemin, il faisait demi-tour. Même les amis d’Omar trouvaient parfois sa présence intimidante et ils craignaient sa colère. Pourtant, cet homme fort et puissant pleurait facilement et possédait un cœur tendre et compatissant. Omar était humble sans être faible. Deux traits de caractères opposés cohabitaient en lui et c’est ce qui le rendait unique parmi les hommes de l’entourage du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui). Le cheminement d’Omar vers la vérité débuta par une haine profonde envers Mohammed et l’islam, haine qui se transforma par la suite en amour fou. Omar ibn Al-Khattab, par sa conversion à l’islam, vint renforcer cette religion.
Omar appartenait à une famille de la classe moyenne du clan Adi, qui faisait partie de la tribu de Qouraysh. Il connut une enfance difficile, son père étant connu pour être un homme dur et sévère, qui forçait son fils à travailler jusqu’à l’épuisement et qui le battait lorsqu’il le jugeait nécessaire. Malgré tout, Omar était lettré, ce qui demeurait rare dans l’Arabie préislamique. Né environ onze ans après Mohammed, Omar était un garçon assez clair de peau, qui devint par la suite un homme très grand et d’imposante stature connu pour son tempérament ardent et ses habiletés au combat.
Omar fut d’abord berger pour son père et ses tantes, travail pour lequel il n’était payé que maigrement; il ne recevait, parfois, qu’une poignée de dattes pour toute une journée de travail. Pour augmenter ses revenus, il participait à des combats de lutte, mais lorsqu’il devint adulte, il devint un commerçant prospère et respecté. Omar était connu pour sa force phénoménale et sa voix profonde commandait le respect. Quand les enseignements de Mohammed devinrent un problème pour les hommes de la Mecque, Omar prononça ouvertement sa haine pour l’islam et prit part aux abus et à la torture des plus faibles parmi les nouveaux convertis.
Les deux Omar
Bien qu’il ne fût pas connu sous son nom véritable d’Omar, il y avait un autre homme très fort et très puissant, dont l’opposition à l’islam était aussi viscérale que celle d’Omar ibn Al-Khattab. D’abord connu sous le nom d’Abou Hakim (père de la sagesse), l’histoire se souvient surtout de lui sous le nom d’Abou Jahl (père de l’ignorance), l’ennemi déclaré de l’islam. C’est le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) qui lui donna le nom d’Abou Jahl pour démontrer sa profonde ignorance dans son entêtement à ne pas reconnaître la vérité de l’islam. Des hadiths rapportent qu’une fois, Mohammed leva ses mains en invoquant Dieu et L’implora de renforcer l’islam par la conversion de celui des deux Omar qu’Il aimait le plus. Autant pour les ennemis de l’islam que pour les compagnons du Prophète, l’idée d’Omar ibn Al-Khattab embrassant l’islam était inconcevable.
La haine d’Omar envers l’islam était si intense qu’il se porta volontaire pour tuer Mohammed. Puis, aussitôt dit, aussitôt fait, il parcourut les rues de la Mecque à sa recherche, avec la ferme intention de le passer au fil de l’épée. Un Mecquois, qui avait gardé secrète sa conversion à l’islam, vit l’expression sur le visage d’Omar et comprit immédiatement que la vie du Prophète était en danger. Sans craindre pour sa propre vie, il fit mine de croiser le chemin d’Omar et en profita pour lui demander où il allait d’un pas si déterminé. Omar lui répondit qu’il se rendait chez « celui qui créé la division au sein de notre peuple, qui a maudit nos divinités et nous a fait passer pour des fous ». Puis, il ajouta : « Je m’en vais le tuer ».
Ce musulman non déclaré, qui se nommait Nou’aim, fut rempli de terreur à ces paroles et tenta de détourner son attention sur autre chose en entamant une discussion quelconque; mais Omar n’y porta pas attention et poursuivit son chemin, Nou’aim sur ses talons. Celui-ci, désespéré, lui dit alors : « Pourquoi ne t’occupes-tu pas de ta propre famille avant tout? » Omar s’arrêta net et lui demanda ce qu’il entendait par ces mots. La sœur d’Omar et le mari de celle-ci s’étaient convertis à l’islam et Nou’aim révéla leur secret à Omar pour sauver la vie du prophète Mohammed.
Omar fit immédiatement demi-tour et se rendit rapidement chez sa sœur. Comme il approchait, il entendit une voix réciter le Coran. Il frappa à la porte. À l’intérieur, les habitants se précipitèrent pour cacher leurs copies de versets coraniques, mais quand Omar entra, il exigea qu’on lui explique quelle était cette récitation qu’il venait d’entendre. Sa sœur lui dit que ce n’était rien, qu’ils ne faisaient que discuter ensemble; mais Omar avait déjà entendu le Coran récité et demanda, d’un ton menaçant : « Êtes-vous devenus musulmans? » Son beau-frère répondit par l’affirmative et Omar se rua sur lui, le précipitant au sol. Sa sœur tenta de défendre son mari et, dans la bagarre, Omar lui frappa le visage au sang.
Le Coran entre dans son cœur
La sœur d’Omar semblait posséder autant de force que son frère; elle se releva et, en colère, lui fit face et dit : « Ô ennemi de Dieu! Tu me frappes uniquement parce que je crois en Dieu? Que cela te plaise ou non, j’atteste qu’il n’y a pas d’autre divinité à part Allah et que Mohammed est Son serviteur et messager. Maintenant, fais ce que tu veux! » Omar vit le sang sur le visage de sa sœur et les paroles de cette dernière résonnèrent dans ses oreilles. Il se releva et demanda, d’un ton plus calme, à ce qu’on lui récite les versets coraniques qu’il avait entendus alors qu’il approchait de la maison.
« Nous ne t’avons point révélé ce Coran, (ô Mohammed), pour que tu sois tourmenté, mais comme un rappel pour celui qui craint (Dieu), une révélation venant de Celui qui a créé la terre et les cieux sublimes, le Tout Miséricordieux, qui S’est établi sur Son Trône. C’est à Lui qu’appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, ce qui se trouve entre les deux, ainsi que ce qui se trouve dans les profondeurs du sol. Et même si tu élèves la voix, [sache qu’Il] connaît toutes les (pensées) secrètes, même les plus cachées. Dieu! Point de divinité à part Lui! Et Il possède les plus beaux noms. » (Coran 20:2-8)
Les yeux d’Omar se remplirent de larmes. « C’est donc contre cela que nous étions », dit-il. Et il ajouta : « Celui qui a révélé ces paroles doit être adoré. » Omar quitta la maison de sa sœur et se rendit chez Mohammed. Ceux qui étaient en compagnie de ce dernier le firent entrer avec réticence et le maîtrisèrent physiquement pour l’amener devant Mohammed. Celui-ci, méfiant, l’agrippa et dit : « Pourquoi es-tu venu ici, fils de Khattab? »
Mais Omar regarda le Prophète avec joie et humilité et dit : « Ô Messager de Dieu, je ne suis venu pour aucune autre raison que pour dire que je crois en Dieu et en Son messager. » Le Prophète fut submergé de joie et s’écria que Dieu était Grand! À peine quelques jours plus tard, Omar se rendit, avec de nouveaux musulmans, à la Ka’bah (Maison de Dieu), où ils prièrent ouvertement. C’est à cette occasion que Mohammed lui donna le surnom d’Al-Farooq – celui qui distingue le vrai du faux.[1] L’islam fut renforcé par la conversion d’Omar; sa haine profonde se métamorphosa en amour infini. Sa vie et sa mort, il les vouait désormais à Dieu et à Son messager.
Footnotes:
[1] Tiré des ouvrages historiques d’At-Tabari et de l’ouvrage The Life and times of Omar Ibn Al Khattab par Sheikh Ali Muhammad Salladi.
Omar, Al-Farooq (partie 2 de 3) : Un homme, une nation
Description: L’amour d’Omar pour ses frères et sœurs en islam.
- par Aisha Stacey (© 2013 IslamReligion.com)
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Omar ibn Al-Khattab était un homme fort et sûr de lui, dont le cœur était rempli de haine envers l’islam. Les invocations du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et la beauté du texte coranique le firent changer d’avis; son cœur et sa vie en furent à jamais métamorphosés. Quand Omar embrassa l’islam, il devint un homme dévoué envers la oummah (communauté musulmane); il était heureux lorsqu’elle était heureuse et malheureux lorsqu’elle était malheureuse.
Le terme arabe oummah est généralement traduit par nation ou communauté, mais c’est un terme difficile à traduire, car son sens est plus large que cela. Sa racine est amma, qui signifie aller ou aller voir. Le terme imama, lui aussi relié, signifie ouvrir la marche (dans le sens de servir de guide). Par exemple, celui qui mène la prière est appelé imam. Aussi dérivé de ce terme, le mot oumm, qui signifie mère, source ou origine.
En français, le mot nation définit habituellement le peuple d’un pays donné, dont les membres vivent sur un territoire compris entre des frontières établies. Ce n’est pas ainsi qu’il faut comprendre le terme oummah. La oummah est la communauté de croyants, de partout à travers le monde, qui sont unis par une même croyance et un même objectif : adorer Dieu. Lorsqu’ils se tiennent ensemble, ils sont forts et lorsqu’ils sont divisés, ils sont faibles. Chaque membre est uni aux autres de manière spirituelle, ce qui n’empêche pas cette communauté de ressembler à un corps humain : quand une partie de la oummah souffre, c’est toute la oummah qui souffre avec elle.[1]
C’est pourquoi, lorsque des musulmans sont victimes d’injustice n’importe où dans le monde, il n’est pas rare que des groupes de musulmans dans d’autres pays manifestent leur désapprobation. Dans la oummah de Mohammed, lorsqu’un membre souffre, la douleur ressentie par les autres membres de la communauté est bien réelle. Les musulmans défendent ce qui est moralement correct et l’inhumanité n’a pas sa place en islam. Omar ibn Al-Khattab reconnaissait cette réalité et s’identifiait comme un homme de la oummah.
En embrassant l’islam, il voulait faire partie de cette communauté et proclamer son appartenance. Il voulait faire partie d’elle dans ses jours heureux comme dans ses jours plus sombres. Au moment de sa conversion, les membres les plus faibles de la oummah souffraient d’abus systématiques de la part des opposants à l’islam. Et, bien qu’Omar avait fait partie de ces opposants jusqu’à sa conversion, il ressentait, maintenant, la douleur de ses frères et sœurs en islam et voulut la partager avec eux. Il refusa de se cacher et s’empressa d’informer les ennemis de l’islam qu’il était maintenant musulman.
Sur le coup, ceux-ci furent sous le choc et ne manifestèrent presque aucune réaction. Mais, lorsque la nouvelle se propagea, leur colère grandit au fur et à mesure et ils se rendirent à la Maison de Dieu (Ka’bah) et attaquèrent Omar. Omar, cet homme fort et musclé, ce lutteur accompli, ne fut pas de taille à se battre contre autant d’hommes à la fois. Il se retrouva au sol et ses attaquants se ruèrent sur lui. Mais il s’en remit et, grâce à lui, l’islam devint de plus en plus fort. Son cœur était rempli d’amour pour ses frères et sœurs en islam. Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) dit même de lui : « Si un autre prophète avait été destiné après moi, ç’aurait été Omar ibn Al-Khattab. »
Plus que de la force
Abou Bakr As-Siddiq et Omar ibn Al-Khattab étaient les deux compagnons les plus proches du prophète Mohammed. On rapporte qu’Ali ibn Abou Talib a dit, une fois, que Mohammed sortait régulièrement, le matin, avec Abou Bakr et Omar et revenait, le soir, avec Abou Bakr et Omar. Le Prophète lui-même appelait Abou Bakr et Omar ses yeux et ses oreilles et disait d’eux qu’ils étaient ses conseillers parmi les habitants de la terre.[2] Omar soutint le Prophète dans toutes les épreuves et les tribulations qui affectèrent la nation musulmane.
Quand les musulmans de la Mecque émigrèrent à Médine, ils quittèrent tous en secret, selon un plan parfaitement établi. Tous, sauf Omar. Il fut le seul à partir ouvertement. En fait, il en fit même l’annonce et invita quiconque se croyait suffisamment fort à l’en empêcher. Il quitta la tête haute, son épée à son côté, le cœur rempli non plus de haine, mais d’amour et de dévouement pour Dieu, Son prophète et la nation musulmane. Et, alors que le Prophète Mohammed établissait sa oummah, Omar se tint à ses côtés, toujours prêt à l’appuyer.
Bien qu’on se souvienne de lui surtout pour sa force physique, Omar était aussi un homme pieux et généreux. Il passait ses nuits à prier, réveillant souvent sa famille lors du dernier tiers de la nuit pour qu’elle se joigne à lui dans son adoration. Il croyait en Dieu et ne nourrissait aucun doute sur Sa promesse d’un Paradis éternel; c’est pourquoi il dépensait généreusement de sa fortune par amour pour Dieu et pour en faire profiter les croyants. Un des compagnons du Prophète rapporte qu’une fois, Omar distribua plus de 22 000 dirhams aux pauvres et qu’il donnait souvent des sacs de sucre aux démunis. Lorsqu’on lui demanda pourquoi il distribuait du sucre, il répondit : « Parce que c’est un aliment que j’aime et Dieu dit, dans le Coran :
« Vous n’atteindrez la (vraie) piété que si vous dépensez [en charité] une part de vos biens que vous aimez tant. Et quoi que vous dépensiez, Dieu le sait parfaitement. » (Coran 3:92)
Omar faisait partie des dix hommes à qui le prophète Mohammed avait donné la bonne nouvelle de leur admission au Paradis.[3] Mais cela ne l’empêcha pas de travailler d’arrache-pied et d’aider les autres tant qu’il le pouvait. Il ne le faisait que par amour pour Dieu. Il possédait un certain savoir, était connu pour sa générosité et pour son dévouement sans bornes envers Dieu et, surtout, envers la communauté musulmane. Le Prophète a dit : « Nul n’est véritablement croyant tant qu’il ne souhaite pas pour ses frères et sœurs en islam ce qu’il souhaite pour lui-même. »[4] Omar souhaitait entrer au Paradis, mais il le souhaitait également pour tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants qui croyaient en Dieu et en Son messager. Tel était Omar, celui qui savait bien distinguer le vrai du faux, un homme de la oummah.
Omar, Al-Farooq (partie 3 de 3) : Le commandant des croyants
Description: Omar était un modèle de justice, de générosité et de piété.
- par Aisha Stacey (© 2013 IslamReligion.com)
- Publié le 10 Jun 2013
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Omar ibn Al-Khattab fut le second calife de l’islam et le premier leader musulman à recevoir le titre de commandant des croyants. Après la mort du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), son ami le plus proche, Abou Bakr, devint son successeur et le leader des musulmans pour les deux années qui suivirent. Quand Abou Bakr sentit ses derniers jours approcher, il réunit ses amis les plus proches et ses conseillers autour de lui et les informa que leur allégeance envers lui était arrivée à son terme. Il espérait que ces hommes choisissent un successeur parmi eux. Toutefois, après de longues délibérations, ils revinrent le voir et lui demandèrent de choisir à leur place, car ils avaient plus confiance en son choix qu’en celui de quiconque. Il choisit donc Omar.
Certains émirent cependant quelques réserves, affirmant qu’Omar, connu comme un homme sévère et intraitable, serait trop dur envers les gens. Abou Bakr répondit qu’il considérait Omar comme le meilleur d’entre eux. Malgré ces réserves, donc, Omar fut nommé second calife des musulmans. Il débuta son règne en s’adressant au peuple et en établissant tout de suite, publiquement, ses propres attentes envers lui-même. Il savait que les gens étaient inquiets par rapport à sa réputation de dur et il fit tout son possible pour les rassurer.
Il dit : « Ô peuple! Sachez que je viens d’être nommé pour gouverner vos affaires et sachez que ma dureté s’en trouve diminuée. Mais je continuerai d’être dur et sévère envers ceux qui oppriment et qui transgressent et je traînerai leurs joues dans la boue. Sachez également que je traînerai mes propres joues dans la boue pour défendre ceux qui sont pieux. »[1].
Il expliqua aussi à son peuple qu’il ne prendrait rien de ce que leurs terres produiraient ou des butins de guerre, sauf ce que Dieu ordonnait, et qu’il ne dépenserait cet argent que de manière à plaire à Dieu. Omar était parfaitement conscient de l’importance de la justice financière et savait qu’il aurait à rendre des comptes à Dieu pour chaque dirham appartenant à la oummah musulmane. Omar dit aussi aux gens qu’il augmenterait leurs salaires et leurs provisions et qu’il protégerait leurs frontières.
La jeune nation musulmane dont l’établissement avait coûté tant d’efforts au prophète Mohammed et à ses compagnons était une oummah comparable à aucune autre. Une allocation était versée à chaque membre de la oummah à partir du trésor musulman. Il n’était pas nécessaire d’être un employé du gouvernement pour la recevoir; la richesse de la nation croissante était tout simplement partagée de manière équitable. Ce n’est pas Omar qui établit cette règle, il ne fit que suivre l’exemple de ses prédécesseurs. Mais sienne était la promesse d’en augmenter le montant.
Omar promit également de ne pas envoyer les armées musulmanes à leur propre destruction et qu’il évaluerait toujours les risques, qui devraient être acceptables. Il promit de ne pas garder les soldats éloignés de leur famille durant de longues périodes et promit aux hommes que, durant leurs missions et, aussi, s’ils ne revenaient pas de ces missions, le calife serait le « père » de leurs enfants et subviendrait aux besoins de leurs épouses. Pour Omar, le rôle du leader d’un peuple n’était autre que de protéger le peuple.
Ce concept peut sembler étonnant, de nos jours, quand nous voyons les dirigeants internationaux entourés de gardes du corps et prêts à piétiner n’importe qui pour se protéger et protéger leur pouvoir. Omar ibn Al-Khattab, bien que leader d’un peuple de plus en plus imposant, ne ressentit jamais le besoin d’être physiquement protégé. Il déambulait dans les rues de Médine comme n’importe quel autre citoyen, même la nuit. En fait, c’est surtout durant la nuit qu’il parcourait les rues pour s’assurer du bien-être de ceux qui étaient sous sa protection et pour distribuer des dons de manière anonyme.
Une des années du règne d’Omar fut marquée par la sécheresse et la famine. Cette année, qui constitua une grande épreuve pour la oummah musulmane, resta dans les mémoires sous le nom d’Année des Cendres. Le vent était si chaud qu’il brûlait la peau comme des cendres chaudes. La viande, le beurre et le lait devinrent impossibles à trouver et les gens arrivèrent à survivre sur du pain sec, parfois trempé dans un peu d’huile. Omar fit le serment de ne rien manger ni boire qui ne fut également disponible pour le peuple. Même quand certains aliments redevinrent disponibles sur les marchés, il refusa d’en acheter à cause des prix gonflés. On l’entendit dire : « Comment puis-je comprendre mes sujets et me soucier d’eux si je ne traverse pas les mêmes épreuves qu’eux? »
Plus de quatorze siècles après son règne, on se souvient toujours d’Omar comme d’un homme de justice. Se basant sur les principes de justice, de miséricorde et de compassion de l’islam, Omar traita tous ses sujets de manière équitable, fussent-ils riches ou pauvres, blancs ou noirs, puissants ou faibles. Il craignait constamment le jour où il aurait à rendre des comptes à Dieu pour ses actions. Et il s’inquiétait qu’il ait pu y avoir des gens malades ou pauvres, parmi les croyants, pour lesquels il n’aurait pas fait tout son possible. Jamais il ne nomma à des postes de juges ou de gouverneurs des gens qui en exprimèrent le désir; il préféra choisir méticuleusement des gens parmi les plus pieux de la oummah.
Omar se considérait comme un musulman ordinaire, mais l’histoire nous rappelle qu’il était tout sauf ordinaire. Il était fort, physiquement et spirituellement, il était généreux, noble et humble dans tous les aspects de sa vie. Il suivait les traces du prophète Mohammed, duquel il avait été si proche, il suivait son exemple et maintenait ses traditions. Tout son être était concentré sur un objectif : plaire à Dieu. Il craignait le châtiment de Dieu et espérait Son paradis. Il avait une capacité hors du commun à distinguer le vrai du faux. Il ressentait de la douleur lorsque la oummah ou un membre de celle-ci souffrait et il était heureux lorsque la oummah était heureuse. Il fut l’un des quatre califes bien-guidés. Et, aujourd’hui encore, il continue d’être un modèle de force de caractère, de justice, d’amour et de compassion.
Footnotes:
[1] Expression utilisée par les Arabes de l’époque pour exprimer le sérieux de la chose et pour ne laisser aucun doute quant au fait que l’oppression des autres et la transgression de leurs droits ne sont absolument pas tolérés.
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