La biographie de Mohammed (partie 6 de 12) : La hijrah du Prophète
Description: Un récit détaillé de l’émigration du Prophète de la Mecque à Médine.
- par IslamReligion.com
- Publié le 27 Oct 2008
- Dernière mise à jour le 27 Oct 2008
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La hijrah, en l’an 622
Pendant que les musulmans fuyaient la Mecque par petits groupes, le Prophète, en compagnie de quelques proches, attendait l’ordre divin qui lui permettrait d’aller rejoindre les autres à Yathrib. Quand l’ordre descendit enfin, il donna son manteau à Ali et le fit étendre sur son lit de sorte que quiconque aurait l’idée de regarder à l’intérieur croirait le voir, lui. Les assassins devaient frapper au moment où il sortirait de chez lui, durant la nuit ou tôt le matin. Il savait qu’ils ne feraient aucun mal à Ali. Ils entouraient déjà sa maison lorsqu’il en sortit en douce, sans être vu. Il se rendit chez Abou Bakr et ils allèrent tous deux se réfugier dans une caverne située dans une montagne déserte; ils y restèrent cachés jusqu’à ce que l’agitation et les clameurs s’estompent. À la tombée de la nuit, le fils, la fille et le berger d’Abou Bakr leur apportaient de la nourriture et les informaient des dernières nouvelles. Une fois, un groupe de recherche ennemi passa si près de leur cachette qu’ils arrivaient à saisir leurs paroles. Abou Bakr eut peur et dit : « Ô Messager de Dieu! Si l’un d’eux vient à regarder vers le bas, il nous verra! » Mais le Prophète répondit :
« Que penses-tu de deux personnes dont le troisième compagnon est Dieu? Ne crains rien, car Dieu est avec nous. » (Sahih al-Boukhari)
Lorsque le groupe de recherche s’éloigna, Abou Bakr envoya demander qu’on apporte des chameaux et un guide à la tombée du jour, puis ils entreprirent le voyage jusqu’à Yathrib.
Après avoir voyagé durant plusieurs jours en empruntant des chemins peu fréquentés, ils atteignirent une banlieue de Yathrib appelée Qoubaa. À cet endroit, comme les gens avaient entendu dire que le Prophète avait quitté la Mecque, ils sortaient chaque matin, grimpaient sur les collines pour guetter au loin sa venue, jusqu’à ce que la chaleur insupportable les force à rentrer. Le Prophète et ses compagnons de voyage arrivèrent en milieu de journée, après que les gens se soient retirés chez eux. Un juif qui était à l’extérieur les vit approcher et informa les musulmans que ceux qu’ils attendaient étaient enfin arrivés. Les musulmans sortirent les accueillir.
Le Prophète resta quelques jours à Qoubaa, où il établit les fondations de la première mosquée de l’histoire de l’islam. Entre-temps, Ali, qui avait quitté la Mecque à pied trois jours après le Prophète, était lui aussi arrivé. Le Prophète, ses compagnons de la Mecque et les « alliés » de Qoubaa se rendirent avec lui à Médine, où les gens attendaient leur arrivée avec impatience.
Les habitants de Médine (Yathrib) n’avaient jamais connu un jour plus heureux que celui-là. Anas, un proche compagnon du Prophète, a raconté :
« J’étais présent le jour où le Prophète arriva à Médine et je n’ai jamais connu un jour meilleur et plus heureux que celui-là. J’étais présent, également, le jour où il quitta ce monde et je n’ai jamais connu un jour plus sombre que celui-là. » (Ahmed)
Chaque famille de Médine espérait que le Prophète viendrait s’installer chez elle et certaines personnes tentèrent même de diriger sa chamelle vers leur maison. Mais il les arrêta et dit :
« Laissez-la, car elle est guidée par Dieu. »
Elle dépassa plusieurs maisons, puis elle s’arrêta et s’agenouilla sur la terre de Banou Najjaar. Le Prophète n’en descendit pas tout de suite; elle se releva, marcha un peu, puis se retourna et revint au même endroit et s’agenouilla de nouveau. Alors le Prophète en descendit. Il était satisfait du choix de sa chamelle, car Banou Najjaar comptait ses oncles maternels parmi ses membres et il souhaitait les honorer en allant chez eux. Lorsque des membres de la famille commencèrent à sortir de leur maison pour l’inviter à y entrer, un certain Abou Ayyoub s’avança vers sa monture et la guida vers sa maison. Le Prophète dit :
« Un homme suit sa monture. » (Sahih al-Boukhari, Sahih Mouslim)
La première tâche qu’il entreprit, à Médine, fut la construction d’une mosquée. Il envoya chercher les deux garçons qui possédaient la palmeraie qui occupait le terrain qu’il avait choisi pour sa construction et leur en demanda le prix. Ils répondirent : « Nous t’en faisons cadeau, ô prophète de Dieu! ». Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) refusa toutefois leur offre, les paya et construisit une mosquée à cet endroit, participant lui-même aux travaux. Tout en travaillant, les gens l’entendirent prononcer les paroles suivantes :
« Ô Dieu! La seule vie est celle de l’au-delà. Pardonne aux alliés et aux émigrants. (Sahih al-Boukhari)
La mosquée servait de lieu de prière pour les musulmans. La prière, qui avait jusque-là été un acte individuel accompli en secret, était maintenant accomplie ouvertement et elle était devenue le symbole de la société musulmane. L’époque où les musulmans et l’islam étaient opprimés et écrasés était révolue. Maintenant, le adhan, c’est-à-dire l’appel à la prière, serait prononcé à voix haute et son appel retentirait jusque dans chaque maison afin de rappeler à chaque musulman de respecter ses obligations envers son Créateur. En plus d’être un lieu de prière, la mosquée était une école où les musulmans apprenaient les divers éléments de leur religion, un lieu de rencontre où les différends de divers groupes étaient résolus et un lieu administratif à partir duquel on gérait les affaires sociales; c’était un véritable symbole de la façon dont l’islam englobe toutes les facettes de la vie quotidienne. On s’acquittait de toutes ces tâches en ce lieu que l’on avait construit à partir des troncs des palmiers qui y étaient déjà et dont le toit avait été fait à partir des branches de ces mêmes palmiers.
Lorsque la construction de la mosquée fut terminée, il construisit également des maisons de chaque côté de celle-ci pour sa famille, encore une fois à partir des troncs de palmiers. La mosquée et la maison du Prophète à Médine sont toujours là, de nos jours.
La hijrah était terminée. C’était le 23 septembre 622 et l’ère islamique (le calendrier musulman) commence à partir de ce jour-là. C’est également ce jour-là que Yathrib fut rebaptisée : on lui donna le nom de Madinat-oun-Nabi, c’est-à-dire la Cité du Prophète, communément appelée Médine.
C’est ainsi que se déroula la hijrah, l’émigration de la Mecque à Yathrib. Les treize années d’humiliation, de persécution, de succès mitigé et d’une mission prophétique difficile à mener faisaient maintenant partie du passé.
C’était le début de dix années de succès à venir, du plus grand succès ayant jamais couronné les efforts d’un homme. Jusque-là, il n’avait été qu’un prêcheur. Mais à partir de ce moment, il devint le dirigeant d’un État, d’abord un tout petit État qui, en l’espace de dix ans, allait devenir l’empire d’Arabie. La hijrah marque une division claire dans l’histoire de la mission du Prophète, division que l’on retrouve également dans le Coran. Les révélations de Dieu dont lui et ses fidèles avaient besoin, maintenant, n’étaient pas du même genre que celles dont ils avaient eu besoin lorsqu’ils étaient opprimés, à la Mecque. C’est pourquoi, dans le Coran, les sourates révélées à la Mecque diffèrent de celles révélées à Médine; les premières s’adressent aux individus et à leurs états d’âme, de même qu’au Prophète en tant qu’avertisseur, tandis que les autres s’adressent surtout aux musulmans en tant que communauté sociale et politique et au Prophète en tant qu’exemple à suivre, législateur et réformateur.
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