Découvrir le véritable Jésus (partie 2 de 6) : L’évangile selon Jean
Description: La métamorphose de Jésus dans l’évangile selon Jean.
- par I. Damiel
- Publié le 04 Jul 2011
- Dernière mise à jour le 04 Jul 2011
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Au début, chaque évangile fut mis en circulation isolément, dans la communauté où il avait été rédigé. Marc fut probablement composé à Rome, Matthieu à Antioche, Luc à Césarée et Jean à Éphèse. Aucun des auteurs des évangiles ne fut un témoin oculaire de la vie de Jésus et on ne connaît à peu près rien à leur sujet.
De nos jours, on peut étudier ensemble les évangiles, car ils sont rassemblés dans le Nouveau Testament. Pourtant, la plupart des lecteurs d’aujourd’hui oublient ou ignorent l’évangile de Marc et se concentrent plutôt sur les versions « améliorées », soit celles de Matthieu, de Luc et, plus spécifiquement, de Jean.
En lisant l’évangile de Jean, le dernier a avoir été rédigé, on ne s’étonne guère d’y trouver un Jésus exagérément agrandi et transformé en une personne très différente du Jésus de Marc. Le Jésus de Jean est un être très puissant et occupe une position se situant entre Dieu et l’Homme. Il est le logos, la Parole de Dieu, à travers laquelle Dieu aurait tout créé. Exit le simple prophète et messager de Dieu : Jésus est maintenant le fils unique de Dieu!
Bien qu’aucun des évangiles n’affirme clairement que Jésus est Dieu, certaines déclarations contenues dans le quatrième évangile accordent à Jésus une position si élevée que de nombreux lecteurs les considèrent comme une preuve suffisante de la divinité de Jésus.
Par exemple, on ne retrouve les affirmations suivantes QUE dans l’évangile de Jean :
·« Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu'ils aient la vie éternelle. » (Jean 3:16)
· « Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. » (Jean 1:1)
·« Or, moi et le Père, nous ne sommes qu'un. » (Jean 10:30)
· « Celui qui m'a vu, a vu le Père. » (Jean 14: 8-9)
·« Le chemin, répondit Jésus, c'est moi, parce que je suis la vérité et la vie. Personne ne va au Père sans passer par moi. » (Jean 14:6)
· « Vraiment, je vous l'assure, leur répondit Jésus, avant qu'Abraham soit venu à l'existence, moi, je suis. » (Jean 8: 58)
Un autre fait frappant est que dans les premiers évangiles, Jésus prêche le royaume de Dieu, tandis que dans l’évangile de Jean, il prêche sur sa propre personne.
Dans Marc, Jésus prononce le mot « royaume » à 18 reprises, tandis que dans Jean, ce nombre est réduit à 5. De plus, dans Marc, Jésus parle de lui-même en utilisant le « je » à 9 reprises, tandis que dans Jean, il le fait 118 fois!
Lorsque nous lisons les premiers évangiles, notre impression est que le « royaume de Dieu » est le principal sujet de prêche de Jésus. Mais dans l’évangile de Jean, les allusions au royaume de Dieu se font plutôt rares. Son évangile est truffé de déclarations à la fois profondes et stupéfiantes de Jésus à propos de lui-même.
·« C'est moi qui suis le pain qui donne la vie. » (Jean 6:35)
·« Je suis la lumière du monde. » (Jean 8:12)
·« Je suis la porte par où passent les brebis. » (Jean 10:7)
·« Je suis le bon berger. » (Jean 10:11)
·« Je suis la résurrection et la vie. » (Jean 11:25)
·« Le chemin, répondit Jésus, c'est moi, parce que je suis la vérité et la vie. » (Jean 14:6)
·« Je suis le vrai plant de vigne. » (Jean 15:1)
Il n’est pas étonnant que, dès que l’on exige des preuves de la divinité de Jésus, les défenseurs évangélistes et chrétiens se tournent immédiatement vers l’évangile de Jean, puisque aucune des citations ci-haut ne se trouvent dans les autres évangiles. Pourtant, si ces paroles avaient réellement été prononcées par Jésus, nous en trouverions au moins quelques-unes dans ces évangiles. Il est inconcevable que Marc, Matthieu et Luc puissent avoir omis de citer des enseignements aussi fondamentaux pour ne s’attarder qu’aux détails moins importants de la vie de Jésus.
Comment expliquer, par ailleurs, que le terme « Père » ou « le Père », en référence à Dieu, ne soit utilisé que quatre fois dans Marc, mais plus de 173 fois dans Jean? L’explication la plus logique est qu’entre le moment où Marc rédigea son évangile et où Jean rédigea le sien, une évolution des traditions s’est opérée. Dans l’évangile de Marc, Jésus fait référence à Dieu en utilisant le terme « Dieu ». Mais trente ans plus tard, lorsque Jean rédige son évangile, Jésus utilise désormais le terme « Père ».
Dans le premier des quatre évangiles, Jésus apparaît comme très humain et nous est présenté comme un prophète. Dans le dernier évangile, toutefois, il devient beaucoup plus divin et fait figure d’icône.
C’est pour cette raison que l’évangile de Marc a souvent été ignoré par l’Église. Il fut, dès le début, moins souvent recopié par des scribes, moins souvent cité par les prêcheurs et lu que de façon occasionnelle lors des services religieux.
Tel que mentionné plus tôt, l’auteur de l’évangile de Jean n’est pas le seul à avoir modifié les paroles de Jésus; Matthieu et Luc, manifestement insatisfaits, eux aussi, du portrait que fait Marc de Jésus, ont également rehaussé le statut de Jésus de diverses façons. Lorsque nous comparons, côte à côte, les évangiles de Marc, Matthieu et Luc (les évangiles synoptiques), nous remarquons une progression dans la modification des événements et des paroles prononcées.