Connaître Dieu, connaître le bien : Dieu et la moralité objective (partie 1 de 3)
Description: La croyance en Dieu est-elle le seul fondement rationnel à la moralité objective? Partie 1 : définir l’objectivité, pourquoi la morale est-elle objective et ce qui découle du fait d’adopter un point de vue athée.
- par Hamza Andreas Tzortzis (www.hamzatzortzis.com)
- Publié le 15 Oct 2018
- Dernière mise à jour le 30 Oct 2022
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Définir l’objectivité
Le terme objectivité fait référence au fait de considérer ou représenter des faits sans être influencé par les sentiments ou des opinions personnels. Dans le cas de la morale, l’objectivité signifie que la moralité ne dépend pas ou n’est pas fondée sur des sentiments personnels. L’objectivité se situe au-delà des facultés personnelles et limitées de chacun. Les vérités mathématiques ou scientifiques, comme la terre qui tourne autour du soleil, demeureront toujours vraies, indépendamment de notre opinion personnelle à leur égard. Par conséquent, si la moralité se situe à l’extérieur de nous-mêmes, elle doit être fondée sur quelque chose d’extérieur à nous. Si la moralité objective ne dépend pas de nos facultés limitées, nous devons donc répondre aux questions suivantes : d’où vient cette moralité et quelle est sa nature? Pour répondre à ces questions, une base rationnelle est nécessaire. Cela pour expliquer sa nature objective et comprendre d’où elle provient. Ces questions renvoient à une sphère de la philosophie connue sous le nom d’ontologie.
Une autre façon de décrire les vérités morales objectives est qu’elles transcendent la subjectivité humaine. Par exemple, le fait de tuer un enfant de cinq ans sera toujours moralement mauvais, même si un grand nombre de personnes se mettent à penser que ce n’est pas une mauvaise chose. Non seulement certaines morales sont-elles objectives, mais elles nous poussent à reconnaître nos obligations morales. Autrement dit, il y a certaines choses que nous avons le devoir de faire et d’autres que nous avons le devoir d’éviter. Nous avons des obligations et des devoirs moraux qui viennent de l’extérieur de nous-mêmes. Le professeur Ian Markham explique que notre langage moral dénote quelque chose qui se situe au-delà de notre personne : « Intégré dans le mot « devoir » se trouve l’idée d’un fait moral transcendant notre vie et notre monde… Le caractère sous-jacent du langage moral suppose quelque chose d’universel et d’extérieur à soi. »[1]
De retour à la question
Pour revenir à la question posée plus haut, tentons de déterminer : pourquoi est-ce objectif? La réponse est simple. Les règles de morale que nous considérons comme objectives le sont parce que Dieu existe.[2] Je ne dis pas « vous ne pouvez être athée et avoir de bonnes valeurs ou un bon comportement » ni « vous devez croire en Dieu pour avoir de bonnes valeurs morales » ni « si vous êtes croyant, vous aurez forcément un bon comportement ». Ce que je dis, c’est que si Dieu n’existe pas, il ne peut y avoir de vérités morales objectives. Nous pouvons, bien sûr, considérer n’importe quelle vérité morale comme objective et de nombreux athées, à travers l’histoire, ont démontré de très belles valeurs morales sans croire que ces valeurs avaient un fondement divin. Mais ce que j’affirme, c’est que si on ne rattache pas ces valeurs à Dieu, elles ne sont alors rien de plus que des conventions sociales. Ainsi, sans Dieu, des valeurs morales telles que ne pas tuer ou se porter à la défense des innocents, par exemple, ne sont que des conventions sociales. Cette conclusion est basée sur le fait que Dieu est le seul fondement rationnel des règles morales objectives. Aucun autre concept ne fournit un tel fondement.
Dieu nous fournit cette base parce qu’Il se situe à l’extérieur de l’univers et transcende la subjectivité humaine. Le professeur Ian Markham explique, par ailleurs : « Dieu explique la nature universelle de la prétention morale. Comme Dieu Se situe à l’extérieur du monde, Dieu le créateur peut être à la fois externe et émettre des commandements universels. »[3]
En islam, Dieu est considéré comme un Être de perfection. Il est Omniscient, Omnipotent et Bon. La parfaite bonté est la nature essentielle de Dieu. Un de Ses noms est al-Barr, nom qui signifie « la source de toute bonté ». Quand Dieu émet un commandement moral, celui-ci provient de Sa volonté et Sa volonté ne contredit jamais Sa nature. Par conséquent, ce que Dieu commande est bon parce que Lui-même est bon et que c’est Lui qui définit ce qu’est la bonté :
« Dis : « En vérité, Dieu n’enjoint jamais l’indécence. » (Coran 7:28)
Il est intéressant de noter que certains athées, qui refusent absolument l’idée de Dieu, ont compris que sans divinité, il ne peut y avoir de règles de morale objectives. Le philosophe athée J.L. Mackie, dans son ouvrage Ethics : inventing Right and Wrong (Éthique : inventer le bien et le mal), il écrit : « Il n’y a pas de valeurs objectives… L’affirmation selon laquelle les valeurs ne sont pas objectives… inclut non seulement la bonté morale, qui est équivalente aux valeurs morales, mais aussi d’autres choses que l’on peut, peut-être, vaguement appeler valeurs morales ou non : la droiture et son contraire, le sens du devoir et de l’obligation, etc. »[4] En plus d’être contre-intuitif et de ne pas représenter une position athée courante, Mackie semble avoir compris les implications découlant du fait d’adopter un point de vue athée. S’il l’on n’inclut pas Dieu dans le portrait, il ne peut y avoir de bien objectif.
Note de bas de page:
[1] Markham, I. S. (2010) Against Atheism: Why Dawkins, Hitchens, and Harris are Fundamentally Wrong. (Contre l’athéisme: pourquoi Dawkins, Hitchens et Harris ont fondamentalement tort.) West Sussex: Wiley-Blackwell, p. 34.
[2] Les arguments présentés dans cet essai, incluant certaines idées, ont été inspirés de Craig, W. L. Can We Be Good Without God? (Pouvons-nous être bons sans croire en Dieu?) Disponible ici: http://www.reasonablefaith.org/can-we-be-good-without-god [Accessed: 24thOctober 2016]; Craig, W. L. (2008) Reasonable Faith: Christian Truth and Apologetics Wheaton, Illinois: Crossway Books, pp. 172-183.
[3] Ibid.
[4] Mackie, J. L. (1990) Ethics: Inventing Right and Wrong. London: Penguin. 1990, p. 15.
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