Pourquoi aimer Dieu (partie 1 de 2)
Description: Qu’est-ce que l’amour et pourquoi l’amour de soi nécessite d’aimer Dieu, qui est source d’amour.
- par Hamza Andreas Tzortzis (http://www.hamzatzortzis.com)
- Publié le 10 Sep 2018
- Dernière mise à jour le 14 Jul 2019
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« Tandis que la plume se hâtait d’écrire, elle se fendit en s’affaissant dès qu’elle parvint à l’Amour. » [1]
Rumi avait raison. Quand une plume gratte le papier et qu’elle écrit sur l’amour, elle se fend en deux. Tenter de décrire l’amour est quasi impossible. L’amour est une force ou un sentiment puissant, unique et irrésistible. Lorsque nous cherchons à exprimer notre amour, il nous est difficile de trouver les mots justes.
Les expressions que nous utilisons n’expriment pas parfaitement ce qui se passe tout au fond de notre cœur. Cela peut expliquer pourquoi nous associons l’amour à des gestes et pas seulement à des paroles. Nous nous étreignons, nous achetons des cadeaux ou envoyons des fleurs aux gens que nous aimons, etc. L’amour n’est pas qu’un sentiment interne; c’est une façon d’être, de vivre. Le psychologue Erich Fromm a décrit l’amour comme « une activité et non un effet passif ».[2]
S’aimer soi-même, aimer Dieu
Il y a plusieurs types d’amour et l’un d’eux implique de s’aimer soi-même. Cet amour découle du désir de prolonger son existence, de se faire plaisir, d’éviter la douleur, de même que du besoin de satisfaire nos besoins de base. Nous avons tous cet amour pour nous-mêmes; en bout de ligne, nous souhaitons être heureux et satisfaits. Erich Fromm affirme que s’aimer soi-même n’est pas forcément un signe d’arrogance ou d’égocentrisme. S’aimer soi-même, c’est prendre soin de soi et savoir se respecter.
Ce type d’amour est indispensable à l’amour d’autrui. Si nous ne pouvons nous aimer nous-mêmes, comment pouvons-nous aimer les autres? Personne n’est plus proche de nous que nous-mêmes. S’aimer soi-même est une forme d’empathie envers soi-même. Nous établissons des liens avec nous-mêmes, avec nos sentiments, nos pensées, nos aspirations. Si nous n’arrivons pas à faire cela, comment arriverons-nous à éprouver de l’empathie envers autrui? Erich Fromm évoque cette idée en affirmant que l’amour « implique le respect de sa propre intégrité et de son caractère distinct et la compréhension de sa propre personne, qui ne peuvent être dissociés du respect et de l’amour envers autrui ».[3]
Parfois, en aimant les autres, il nous arrive de nous sacrifier nous-mêmes; mais ces sacrifices visent toujours une forme plus élevée de bonheur. Par exemple, une personne peut se priver de nourriture pour nourrir d’autres personnes. Bien que cette personne ressente la faim, elle atteint quand même un degré élevé de bonheur parce que sa douleur de voir les autres souffrir est plus grande que l’inconfort que lui cause la faim. Même d’un point de vue islamique, se priver pour satisfaire les besoins d’autrui est considéré comme la voie menant au bonheur ultime. Les bénédictions et rétributions divines associées aux sacrifices de soi se résument en un bonheur éternel au Paradis. Ces sacrifices doivent donc être vus comme des investissements spirituels. En résumé, l’amour de soi peut et devrait inclure des sacrifices pour le bien d’autrui, car cela mènera à une forme élevée de bonheur et de satisfaction personnelle.
S’il est essentiel, pour une personne, qu’elle sache s’aimer elle-même, il est encore plus indispensable d’aimer Celui qui l’a créée. Pourquoi? Parce que Dieu est la source même de l’amour. Il a également créé les moyens pour que chaque personne atteigne le bonheur et évite la douleur. Dieu nous a accordé chaque précieux moment de notre existence, mais nous ne possédons pas ces moments. Le théologien al-Ghazali explique avec justesse que si nous nous aimons nous-mêmes, nous devons forcément aimer Dieu aussi :
« Par conséquent, si l’amour de soi est nécessaire, l’amour de Dieu, par Lequel il est venu à exister et à vivre, avec ses caractéristiques internes et externes, sa substance et les aléas de sa vie, doit aussi être nécessaire. Quiconque est absorbé par ses appétits charnels au point de ne pas ressentir cet amour néglige son Seigneur et Créateur. Il ne possède aucune connaissance authentique de Lui; son regard se limite à ses désirs et aux choses liées à ses sens. »[4]
L’amour de Dieu est le plus pur
Dieu est l’Aimant et Son amour est le plus pur qui soit. Cela devrait suffire à vouloir L’aimer, tout en sachant que L’aimer est une partie essentielle de l’adoration. Si vous entendiez parler d’une personne considérée comme la plus aimante de toutes, dont l’amour n’a aucun égal, n’auriez-vous pas envie de connaître cette personne pour pouvoir l’aimer à votre tour? L’amour de Dieu est le plus pur et le plus intense qui soit; c’est pour cette raison que nous devrions avoir envie de L’aimer à notre tour.
Comme le mot « amour », en français, revêt diverses significations, la meilleure façon d’élaborer sur le concept d’amour de Dieu en islam est de trouver les termes utilisés, dans le Coran, pour décrire l’amour divin : Sa miséricorde, Sa miséricorde particulière et Son amour particulier. C’est en comprenant le sens profond de ces termes et la façon dont ils sont liés à la nature divine que notre cœur apprend à aimer Dieu.
Note de bas de page:
[1]Masnavi I: 109-116
[2]Fromm, E. (1956). The Art of Loving (L’art d’aimer). New York: Harper & Row, p. 22.
[3] Ibid, pp. 58-59.
[4] Al-Ghazali. (2011) Al-Ghazali on Love, Longing, Intimacy & Contentment. Traduit, avec notes et introduction, par Eric Ormsby. Cambridge: The Islamic Texts Society, p. 25.
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