Shannon Abulnasr, ex-chrétienne, États-Unis (partie 1 de 3)
Description: Dans cette partie, Shannon raconte comment elle a quitté le petit village où elle habitait pour aller s’installer à Irving, Texas, où elle fit des recherches pour en savoir plus sur son Créateur et sur l’islam.
- par Shannon Abulnasr
- Publié le 03 Apr 2017
- Dernière mise à jour le 03 Apr 2017
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Je viens d’un petit village de 2000 habitants dans l’Est du Texas, où il n’y avait aucun étranger (i.e. ni musulmans ni bouddhistes ni hindous). Tout le monde, dans ce village, était chrétien, surtout baptiste.
Ma famille était chrétienne, bien que non pratiquante, mais j’ai été élevée avec de bons principes moraux. Dès l’âge de 6 ans, je sus que je n’étais pas chrétienne, car on m’avait dit que je devais croire que Jésus était à la fois Dieu et fils de Dieu. Je sentais que je n’avais pas besoin d’un intermédiaire pour « négocier » mes péchés avec Dieu. Je croyais aussi que je serais perdue à jamais, car on m’avait dit que si je ne croyais pas à ce principe, alors je ne pouvais pas être chrétienne.
Je croyais en Dieu et je croyais en Jésus, mais sans voir ce dernier comme une divinité. Je me souviens être allée aux cours bibliques d’été et d’avoir posé des questions à ce sujet, questions auxquelles on me répondit par : « Il faut avoir la foi! ». Je ne pouvais accepter cela comme réponse, car je me disais que Dieu et la religion ne devaient pas être des choses si compliquées qu’elles ne nous permettaient pas de comprendre notre Créateur.
Ce raisonnement laissait tous ceux qui le refusaient dans un état permanent de damnation. Et aller à l’église perdait tout son sens, pour moi. En 2001, je retournai à l’église, mais plutôt que d’aller dans une église baptiste, je me rendis dans une église de la congrégation « Church of God ». Ce fut une expérience plus positive, mais elle laissa encore plusieurs questions sans réponse. Les gens de cette congrégation passaient 80% de leur temps à chanter des hymnes. Je trouvais cela étrange et je n’en voyais pas l’intérêt. Tout ce que je voulais, c’était trouver Dieu.
Je me convertis à l’islam en mai 2006 à Irving, au Texas, le lendemain de mon 27e anniversaire. J’avais demandé à Dieu de me guider depuis l’âge de six ans. Bien que je trouvai l’islam, je ne m’étais pas attendue à le trouver de cette façon!
De quelle façon je découvris l’islam
Pour aller au collège, je déménageai dans une ville située à 60km de chez moi. Même si cette ville comptait 100 000 habitants, peu d’entre eux étaient des étrangers.
Il n’y avait qu’une poignée de musulmans et d’hindous, tous étudiants à l’université. Il n’y avait pas de marchés ethniques ni aucune accommodation pour les étrangers.
À la fin de mon bail, en 2002, alors que je cherchais un appartement à Dallas, je vécus un mois durant avec des amis hindous. Durant ce mois, j’eus des discussions avec eux au sujet de la religion, car ils cherchaient à savoir quelles étaient mes croyances. Je n’étais moi-même plus certaine de ce que j’étais ni à quoi je croyais, mais je savais que je n’étais pas chrétienne, car je ne croyais pas que Jésus était le fils de Dieu. Je ne comprenais pas pourquoi je devais demander à Jésus de me pardonner dans la mesure où Dieu est omniscient. Ma logique me disait que je devais pouvoir demander pardon directement à Dieu. Comme je ne connaissais pas vraiment les autres religions, je ne savais trop laquelle mes croyances rejoignaient le plus. Un jour, un de mes colocs me demanda quelles étaient mes croyances de base et lorsque je lui répondis, il me dit « mais… tu es musulmane! ». Et cela, de la part d’un hindou. Soubhanallah.
Ils me dirent qu’ils connaissaient plusieurs musulmans qui habitaient dans le même édifice que nous (qui servait aux étudiants internationaux). Ils me présentèrent à eux et je découvris qu’ils venaient tous d’Algérie.
Je découvris que j’étais allergique à quelque chose dans l’appartement de mes amis hindous, alors certains Algériens m’offrirent de demeurer avec eux temporairement. J’acceptai leur offre. C’était le mois de Ramadan et je décidai de jeûner avec eux. Ce fut mon premier Ramadan, en 2002, et je n’étais même pas officiellement musulmane.
En bout de compte, j’appris très peu sur l’islam, avec eux. La majorité n’étaient pas pratiquants et je ne vis qu’un seul d’entre eux prier… une seule fois! À l’époque, ne connaissant pas l’islam, je ne pouvais savoir qu’ils n’étaient pas pratiquants. Mais en y repensant, je me sens mal pour eux, car ils passaient le plus clair de leur temps à boire et à faire la fête. En fait, il y avait près de 50 musulmans dans l’édifice et aucun n’était pratiquant. Cela m’attriste, surtout que je sais, maintenant, ce que c’est que d’être musulman. L’un d’eux me fit tout de même cadeau d’une copie du Coran, mais il était en langue arabe. Malgré cela, je ne m’en départis pas. Cette personne est la seule qui partagea avec moi certaines informations sur l’islam et il me dit que les musulmans croyaient, eux aussi, en Jésus et Marie. Alhamdoulillah, au moins l’un d’entre eux partagea son savoir avec moi.
Quelque temps après, je déménageai enfin à Dallas, où je ne connaissais personne. Même si la religion m’intéressait, je n’étais pas en quête active. Je le devins toutefois en 2005, suite à un incident que je vécus une nuit.
Shannon Abulnasr, ex-chrétienne, États-Unis (partie 2 de 3)
Description: Dans cette partie, Shannon raconte comment quelques événements survenus dans sa vie la poussèrent vers l’islam.
- par Shannon Abulnasr
- Publié le 10 Apr 2017
- Dernière mise à jour le 10 Apr 2017
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Un soir, je suis sortie et j’ai bu plus que de raison. Je pris ma voiture pour retourner chez moi, mais à mi-chemin, je m’arrêtai au magasin d’un ami hindou (différent du premier), car je sentais que je ne pouvais continuer à conduire dans cet état sans mettre ma vie et celle des autres en danger. Mon ami n’était pas sur place, mais ses employés étaient à l’extérieur, devant le commerce. Mon ami me raconta plus tard ce que ses employés lui avaient dit au sujet de ma visite, ce soir-là. Quand j’entendis cela, je fus totalement sous le choc. Apparemment, les employés me virent debout, la tête sur mes bras croisés posés contre le bord de ma voiture et pleurant. Ils s’approchèrent et me demandèrent ce qui se passait, mais je ne leur portai aucune attention. Je continuai à pleurer et je me mis à parler en arabe. Je lui demandai comment ils savaient que c’était de l’arabe et il me dit qu’ils m’avaient entendu dire « Bismillah irrahman irrahim ». Ils savaient que c’était de l’arabe, mais ne savaient pas ce que cela voulait dire. Comme je ne parlais pas arabe non plus, je pensai qu’ils ne savaient pas eux-mêmes de quoi ils parlaient.
Le temps passa et rien de particulier ne survint, mais environ un mois plus tard, alors que je repensais à cette nuit-là, je posai les yeux sur le Coran en arabe qu’on m’avait donné. Alors par curiosité, j’allai acheter une traduction anglaise du Coran, avec une translitération arabe. Je l’ouvris à la première page et me mis à lire. Je mis un moment à comprendre la translitération, mais je découvris qu’il était écrit « Bismillah irrahman irrahim ». C’était la toute première ligne du Coran. Je fus sous le choc, me rappelant ce que m’avais dit mon ami hindou au sujet de cette fameuse nuit. Comment avais-je pu dire ces mots alors que je ne les connaissais pas et que je ne les avais jamais entendus? C’est alors que je décidai de faire de plus amples recherches sur l’islam. Je sentais que c’était un signe d’Allah, qui voulait me montrer la vérité et me pousser à modifier mon mode de vie.
Je me mis à lire sur l’islam ici et là et je compris que c’était ce en quoi je croyais. Je ne savais pas vraiment comment me convertir, même si cette intention était dans mon cœur. À Dallas, je ne connaissais que des musulmans, mais pas de musulmanes. Je leur demandai de me conduire à la mosquée parce que je n’étais jamais entrée dans un tel lieu et que je ne voulais pas y aller seule. Ils me dirent tous qu’ils ne pouvaient pas m’y conduire, car ils devaient trouver une femme pour m’accompagner. Mais aucun d’entre eux ne donna suite à cette proposition. J’avais l’impression qu’ils ne me prenaient pas au sérieux. Je leur demandai de me montrer comment prier, mais là encore, je fus ignorée.
À la fin de l’année 2005, j’achetai un restaurant. Au printemps 2006, je fus escroquée par une personne qui tentait de « voler » mon restaurant parce que je ne voulais pas le lui vendre. Ce fut dévastateur, pour moi, car je perdais tout ce pour quoi j’avais travaillé fort et je n’avais aucun moyen d’arrêter cet homme qui cherchait à me nuire. Je finis par sombrer dans la dépression, car d’autres problèmes personnels venaient s’ajouter à celui-là. Je pleurais sans cesse et je sentais que j’avais besoin de parler à un thérapeute. Un jour, je ne me rendis pas à mon restaurant; je demeurai chez moi, partagée entre les larmes et la colère. Je savais que si je ne parlais pas à quelqu’un, je finirais peut-être par me suicider, car tous mes problèmes se superposaient les uns aux autres et devenaient très lourds à porter. Je me disais, pourtant, que le suicide n’était pas la solution, que j’avais été créée par Dieu et que je n’avais pas le droit de faire une telle chose. Je priai Dieu de me montrer ce qu’Il voulait que je fasse, car je me sentais perdue et je n’étais plus en mesure de passer à travers cela toute seule.
Je sortis l’annuaire téléphonique et appelai plusieurs psychologues et psychiatres, mais nul ne pouvait me voir sans rendez-vous et je ne pouvais obtenir de rendez-vous avant un mois. Nul n’était non plus disponible pour me parler au téléphone. Je me souviens avoir dit à une secrétaire qui avait répondu au téléphone, à l’une de ces cliniques, que si je n’arrivais à parler à personne « aujourd’hui même », j’allais peut-être poser un geste regrettable, car j’avais atteint le bout du rouleau. Elle me donna un numéro de téléphone où, me dit-elle, quelqu’un pourrait me parler. Je croyais qu’il s’agissait d’une ligne d’urgence ou autre truc du genre. J’appelai et une femme prénommée Jamilah répondit. Je ne connaissais pas le nom de l’organisme où j’appelais. Elle me demanda si je pouvais me rendre à son bureau le jour même. Je répondis par l’affirmative et lorsqu’elle me donna les indications pour m’y rendre, je réalisai qu’il s’agissait… d’une mosquée! Je lui demandai si elle ne se trompait pas, car il y avait une mosquée à cet endroit. Elle me dit que c’était bien l’endroit et qu’elle travaillait dans ce bâtiment. J’hésitais à m’y rendre seule et lui demandai si elle pouvait m’attendre à l’extérieur. Elle accepta. Je ne pouvais que m’émerveiller devant la chaîne d’événements qui me poussait tout droit vers l’islam. Soubhanallah.
Shannon Abulnasr, ex-chrétienne, États-Unis (partie 3 de 3)
Description: Dans cette partie, Shannon nous raconte comment elle s’est convertie et ce qu’elle pense de ceux qui ont eu l’occasion de partager leurs connaissances de l’islam avec elle, mais qui ne l’ont pas fait.
- par Shannon Abulnasr
- Publié le 17 Apr 2017
- Dernière mise à jour le 17 Apr 2017
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Je discutai des heures durant avec Jamilah, dans son bureau situé au centre islamique d’Irving. Je pleurai sans relâche. Jamilah pleura aussi et, lorsque je lui demandai pourquoi elle pleurait, elle me dit qu’elle avait l’impression de se voir elle-même, car nous avions des problèmes similaires dans nos vies et que nos histoires respectives se ressemblaient. Mais tandis que je me trouvais dans son bureau, mes émotions se transformèrent. Je réalisai que je me sentais plus calme. Je me disais qu’il était étrange que j’aie fait la connaissance d’une femme comme elle « par hasard », que ça ne pouvait pas, justement, être le fruit du hasard, mais plutôt du destin. C’était une Américaine convertie et son histoire était similaire à la mienne. En y repensant, je me dis que personne d’autre qu’elle n’aurait mieux pu comprendre ce que je vivais. Je pensais à tout cela alors qu’elle était sortie de son bureau durant quelques minutes. Je sortis du bureau et la trouvai dans l’entrée de la mosquée en train de parler à une enseignante au sujet de sa fille et, juste à ce moment, après qu’elle eut terminé sa conversation, je lui dis que je voulais devenir musulmane. Lorsque je lui dis cela, elle me fit un grand sourire et me dis de la suivre après m’avoir donné un hijab et m’avoir aidée à le mettre en place. Je la suivis jusque dans une classe composée d’environ 30-40 jeunes enfants âgés entre 5 et 10 ans et elle dit à l’enseignant que je souhaitais devenir musulmane et qu’elle croyait que les enfants aimeraient être témoins d’une conversion. Elle lui demanda de réciter la shahada pour moi. Je la répétai en pleurant, submergée par les émotions. Puis, un petit garçon d’environ six ans se leva et vint me voir pour me dire de ne pas pleurer parce que je venais non seulement de trouver une nouvelle religion, mais aussi un très beau mode de vie. Soubhanallah. Juste en y repensant, j’ai les larmes aux yeux. Incha’Allah, ce petit garçon deviendra un homme pieux.
Au moment de ma conversion, tout ce que je savais de l’homme qui m’avait aidée à répéter la shahada était son statut d’enseignant. Plusieurs mois plus tard, je découvris qu’il enseignait le Coran à l’école coranique de la mosquée. Il se nommait Abdelkarim Edghouch. Après ma conversion, je pris des leçons, à la mosquée, et prit l’habitude d’y prier. Je commençai également à porter le hijab de façon régulière.
En y repensant, j’ai l’impression que ce jour-là, je fus guidée vers Jamilah de plusieurs façons. D’abord, la femme au téléphone m’avait donné son numéro sans me dire que son bureau était dans une mosquée. Deuxièmement, quand vous appelez au centre islamique d’Irving, un système automatique vous demande à qui vous voulez parler. Mais le jour où j’appelai, je ne tombai pas sur cette boîte vocale; Jamilah répondit tout de suite et, après lui en avoir parlé, elle m’avoua ne pas comprendre comment cela avait pu se produire. Seul Allah sait ce que j’aurais fini par faire si j’étais tombée sur le système vocal et que je n’avais pas réussi à parler à quelqu’un. Soubhanallah.
Aujourd’hui, je suis reconnaissante envers Allah pour m’avoir guidée vers Lui. J’ai honte d’avoir été si longtemps égarée. Je repense à tous ces musulmans que j’ai connus avant de rencontrer Jamilah et je réalise à quel point ils étaient égoïstes, paresseux et avares de leurs personnes, car ils ne voulaient pas prendre le temps de me parler d’islam. Qu’Allah leur pardonne.
Plusieurs musulmans eurent l’occasion de partager leur belle religion avec moi, mais décidèrent de ne pas me prendre au sérieux. Si seulement ils avaient su! Seul Allah connaît le cœur des gens et leurs intentions et c’est Lui qui guide qui Il veut. Alors si quelqu’un vous pose des questions sur l’islam, prenez le temps de répondre. Et s’ils posent des questions qui peuvent vous sembler étranges ou ridicules, ne vous moquez pas d’eux. Certaines personnes n’ont tout simplement pas le tour avec les mots, mais leur quête de vérité n’en est pas moins sincère. Certains musulmans semblent s’offusquer trop facilement quand des gens leur posent des questions sur leur religion. Mais la plupart des gens qui posent des questions ne cherchent pas à être offensants; parfois, ils sont tout simplement ignorants et cherchent sincèrement à mieux connaître l’islam. Gardez cela à l’esprit quand des non-musulmans vous interrogent sur votre religion; votre réaction pourrait les éloigner de l’islam à jamais.
Merci d’avoir pris le temps de lire mon histoire. Je demande à Allah de nous guider tous et de ne point nous laisser sombrer dans l’incroyance.
Amen.
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