L’unitarianisme (partie 1 de 2)
Description: L’unitarianisme est une branche du christianisme. Nous parlerons de son histoire et de l’influence qu’a eu l’islam sur elle et la comparerons avec le bahaïsme et le christianisme.
- par Imam Mufti (© 2016 IslamReligion.com)
- Publié le 26 Dec 2016
- Dernière mise à jour le 25 Jun 2019
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Introduction
Comme d’autres branches du christianisme, l’unitarianisme inclut une grande diversité de croyances et une histoire complexe. Aux États-Unis, l’unitarianisme a historiquement été étroitement lié à l’universalisme et connu sous le nom d’universalisme unitarien (ou UU). L’universalisme, fondé par un britannique du nom de John Murray, est une croyance selon laquelle l’amour de Dieu finira par racheter tous les péchés des gens. Autrement dit, selon ses fidèles, tout le monde finira par être sauvé. Certains considèrent que l’UU fait partie du christianisme libéral, d’autres non. L’UU est présent dans vingt-neuf pays.
Développement historique
Les unitariens sont apparus en l’an 325 de notre ère, à l’époque du Concile de Nicée, où l’Église décida, tout à coup, que Dieu et Jésus avaient une relation père-fils. Les premiers unitariens, qui s’agrippèrent à la foi monothéiste qu’ils avaient avant le Concile de Nicée, furent condamnés pour hérésie. Arius (256-336), un prêtre d’Alexandrie, clama haut et fort que Jésus n’était pas Dieu. Ses idées furent rejetées au Concile de Nicée, en 325. De plus, l’universalisme fut condamné comme hérétique deux siècles plus tard, en 553, à Constantinople, lors du cinquième Concile œcuménique.
Historiquement, l’unitarianisme a toujours eu une présence mondiale, mais les universalistes n’existèrent qu’en Amérique du Nord. L’unitarianisme a une longue histoire qui remonte au mouvement humaniste italien du 15e siècle, qui fonda les églises unitariennes en Pologne, en Grande-Bretagne et dans les colonies britanniques.
L’influence de l’islam et la tolérance envers les musulmans
Michael Servetus (1511-1553), d’Espagne, a relancé l’idée selon laquelle la trinité n’était pas fondée sur les écrits de la Bible. Il fut influencé par les musulmans qui vivaient dans la péninsule ibérique, à l’époque. Il utilisa le Coran, le livre sacré des musulmans, pour attaquer le concept de la trinité dans son ouvrage intitulé « La restauration du christianisme »[1] , et rejeta le concept de péché originel. Il fut brûlé sur un bûcher en 1553. Il est considéré comme l’un des pères du christianisme libéral. Les unitariens/anti-trinitaires se répandirent aux frontières de la chrétienté avec l’empire musulman ottoman.[2] Leurs interactions quotidiennes avec des musulmans les amenèrent à s’ouvrir à d’autres points de vue, ce qui fit des chrétiens de ces régions des gens plus tolérants.[3]
Les musulmans firent preuve d’une grande tolérance envers les unitariens. Souleiman I, de l’empire musulman ottoman, soutint la monarchie de John Sigismund, le seul roi unitarien de l’histoire. Souleiman envoya un émissaire pour aller voir la reine Isabella allaiter le jeune prince après avoir appris sa naissance en 1540. Puis, l’année suivante, le sultan envoya des troupes pour soutenir l’armée d’Isabella, à Buda, car elle était sur le point d’être vaincue par Ferdinand, de l’empire Habsburg. L’historienne Susan Ritchie avance que la tolérance musulmane eut une influence directe sur l’Édit de Torda, qui fut la « première énonciation moderne du principe de tolérance religieuse, par des Européens, au niveau de loi d’État ». [4]
L’unitarianisme et le bahaïsme
D’une certaine manière, l’UU est au christianisme ce que le bahaïsme est à l’islam. Ils sont tous deux issus d’une religion-mère à laquelle ils ont emprunté certains éléments, tout en empruntant beaucoup chez d’autres religions et philosophies. Ils n’ont pas d’écritures divines et n’ont pas de credo[5] auquel se référer. Ils sont tous deux une combinaison d’humanisme, de religion et d’autres philosophies et ont peu de fidèles.
L’unitarianisme moderne est-il chrétien?
L’UU est-il chrétien? La réponse dépend du lieu et de l’individu. En Roumanie, il l’est. En Grande-Bretagne et en Irlande, il est généralement chrétien. Aux États-Unis et au Canada, il ne l’est pas. Aux États-Unis, la foi n’exige pas la croyance au christianisme en tant que moyen de salut et affirme que d’autres religions sont tout aussi valides. Certains membres croient en Dieu et d’autres non.
Comparaison entre l’unitarianisme et le christianisme
L’unitarianisme est considéré comme une religion éthique, qui n’est pas basée sur un système de croyances. L’UU est basé sur l’éthique chrétienne, tout en n’étant pas traditionnellement chrétien. Le christianisme traditionnel croit que la mort de Jésus a révélé Dieu à l’humanité et que la résurrection de Jésus est la pierre angulaire de son credo, tandis que l’UU ne requiert pas la croyance au surnaturel. Les unitariens rejettent la trinité comme non-raisonnable et non-biblique. Ils n’adhèrent pas à l’idée selon laquelle Jésus est un Seigneur et sauveur. Ils sont contre le baptême infantile. C’est pourquoi il est possible d’être unitarien bouddhiste ou hindou.
Il manque clairement une structure claire à l’UU. Ils n’ont ni prières ni rituels spécifiques. La plupart n’utilisent pas la Bible. La méditation bouddhiste et le yoga sont activement encouragés. La foi s’affirme à travers le bénévolat et le travail social.
Les pratiques unitariennes britanniques diffèrent des pratiques américaines. Aux États-Unis, certaines congrégations utilisent des livres de prières et d’autres ne prononcent même pas le mot « prière ».
Note de bas de page:
[1] Peter Hughes, "Servetus and the Qur’an," (Servetus et le Coran) The Journal of Unitarian Universalist History (Le journal de l’histoire universaliste unitarienne), Volume xxx
(2005), p. 61.
[2] Diarmaid MacCulloch, The Reformation: A History (La réforme: une histoire) (New York: Viking Penguin, 2003), p. 255.
[3] ‘Introduction to the Unitarian and Universalist Traditions’ (Introduction aux traditions unitariennes et universalistes) par Andrea Greenwood & Mark Harris, p. 21
[4] Susan Ritchie, "The Pasha of Buda and the Edict of Torda: Transylvanian Unitarian/Islamic Ottoman
Cultural Enmeshment and the Development of Religious Tolerance," Journal of Unitarian Universalist
History, Volume xxx (2005), p. 37.
[5] ‘Introduction to the Unitarian and Universalist Traditions’ by Andrea Greenwood & Mark Harris, p. 3
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