Oved ben Aharon, ex-juif, États-Unis (partie 2 de 4)
Description: 25 années de réflexion, d’observation de la communauté juive et de ses traditions, puis des études approfondies dans les yechivas de Jérusalem, mènent Oved à l’islam. Partie 2 : le judaïsme est une célébration de la culture et de l’identité juives; mais où est Dieu dans tout cela?
- par Oved ben Aharon
- Publié le 22 Aug 2016
- Dernière mise à jour le 22 Aug 2016
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Après presque 2000 ans d’exil, nous constatons désormais le résultat des modifications apportées par Ben Zakai : l’élévation de la culture externe sur la moralité. Pour mieux comprendre cette réalité, en voici quelques exemples. Un bon ami et rabbin me l’expliqua en tant que « Yiddishkeit » (i.e. vrai judaïsme) versus « Frumkeit » (l’apparition de l’observance). Le judaïsme impose la modestie durant la prière, demande aux femmes de couvrir leurs cheveux durant la prière (Shema), de même que l’attestation qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Telle est la loi, tel est le Yiddishkeit. Le Frumkeit est le marché des sheitels (perruques), où les femmes doivent débourser des milliers de dollars pour acheter une perruque, perruque qu’elles portent en tout temps, tout en critiquant celles qui ne font que couvrir leurs cheveux, alors que c’est pourtant la règle (durant la prière). L’explosion des insultes et attaques par des femmes qui insistent pour dire que la loi leur impose de couvrir leurs cheveux en tout temps prouve ce point. Le véritable judaïsme a été remplacé par le désir de paraître extérieurement observant. Le judaïsme demande que les fidèles aient un petit extra au Sabbat, comme un repas ou morceau de pain supplémentaires. Le Frumkeit, c’est cette mode des livres de recettes du sabbat, qui présentent des recettes savoureuses et « chic » (pensez à la série de livres de recettes « Kosher by Design » ou à la nouvelle série de l’éditeur Feldheim « Chic Made Simple »). Le point est que le sabbat est maintenant assimilé à la nourriture et non au divin; et il est mis en valeur par des mets sophistiqués et de l’alcool et non par un échange avec Dieu. Rambam explique que les sacrifices rituels incluaient toutes les facultés sensorielles et c’est pourquoi ils comprenaient de la viande, du vin et de la musique. Le judaïsme de Ben Zakai est une célébration de la viande, du vin et de la musique, sans sacrifice et sans présence divine; c’est une célébration d’une culture externe partagée, qui apporte un sentiment d’unité, mais qui demeure une imitation coûteuse du sabbat divin.
Un des cas les plus extrêmes de Frumkeit dont j’aie été témoin est ce que mon épouse appelle le « mec avec un faux accent ». Un sabbat, après la messe, alors que nous mangions et discutions avec d’autres personnes, un inconnu vint s’asseoir et s’adressa à nous avec un étrange accent. Ce n’était pas l’accent yiddish : ça ressemblait à l’accent israélien, mais ce n’était pas tout à fait cela. Au fond, cela m’importait peu et je ne voulais pas paraître impoli en lui posant la question. Mais mon épouse, qui est anthropologue, fut convaincue que cet homme feignait cet accent, car sa connaissance de la linguistique lui permettait de déceler le manque de constance dans le langage. Après avoir interrogé l’homme, elle le démasqua et il reconnut être originaire d’Omaha, dans le Nebraska. Il lui dit qu’il avait très peu vécu en Israël (quelque chose comme 8 mois) et qu’il était en ville pour rendre visite à sa famille. Cet individu s’efforçait de parler avec un accent qui était un mélange de yiddish et d’hébreu afin d’imiter ce qu’il croyait être un accent issu des yéshivas. Pourquoi? Dans ce cas particulier, je n’en ai aucune idée, mais la chose ne m’étonne pas, car dans une culture qui célèbre et embrasse les aspects externes et observables du judaïsme, ce genre d’accent n’est qu’une autre façon parmi d’autres de se sentir plus « juif ».
Voici un exemple récent d’élévation de la culture au-dessus de la moralité. Au cours des trois dernières années, de nombreux convertis et intéressés à se convertir sont venus chez moi et sont venus partager avec nous le repas du sabbat. Sans faire mention de quoi que ce soit, je leur ai simplement demandé pourquoi ils s’étaient convertis au judaïsme et quelle était la connexion qu’ils ressentaient vis-à-vis de cette religion. À l’exception d’une personne, la plupart des réponses me firent comprendre qu’ils s’étaient convertis pour la culture, pour faire partie d’un peuple « élu » et pour les avantages qui en découlaient, mais aucun ne me parla de Dieu. Un des convertis, un gay, s’était joint au judaïsme parce qu’il le voyait comme un havre progressiste pour les homosexuels. Il ne croyait pas que la Torah interdisait la pratique de l’homosexualité. Une autre convertie écrivit clairement, dans son livre, qu’elle s’était convertie parce qu’elle voulait pouvoir offrir une culture à ses enfants (la culture américaine ne lui suffisant pas); elle avait choisi le judaïsme parce que c’était une religion ancienne, qui avait survécu à de nombreuses tempêtes et confrontations au sein de diverses sociétés. Lorsqu’elle était catholique, elle ne ressentait aucune connexion avec Dieu, qu’elle appelait une ambiguïté morale, mais se sentait comme chez elle au sein du judaïsme, où l’observance et la piété sont évaluées en fonction de la participation culturelle et la réussite matérielle.
La question « Que faites-vous dans la vie? », que l’on pose habituellement, de nos jours, est la preuve de l’Alliance abrahamique, i.e. celle voulant qu’Abraham et ses descendants prospèrent et que ceux qui se mettent en travers de leur chemin soient renversés. Au sein de notre communauté et à l’extérieur d’elle, la réussite matérielle est utilisée comme preuve démontrant que les juifs sont un peuple élu. L’idée selon laquelle la vraie réussite est d’arriver à se rapprocher de Dieu, sans aucun aspect matériel qui y soit lié, semble ne point effleurer l’esprit de la majorité d’entre eux. Nous définissons les « bénédictions » par les prix Nobel et la célébrité et utilisons la réussite des membres les plus illustres de notre tribu pour démontrer que l’alliance avec Dieu est demeurée intacte. Sur l’internet, les juifs se rassemblent pour défendre leur communauté et aiment raconter les histoires d’individus ayant quitté l’Europe de l’Est ou le Moyen-Orient avec rien dans leurs poches, qui sont allés en Amérique et sont devenus des millionnaires ou de grands scientifiques, etc. Autrement dit, le succès MATÉRIEL de la communauté juive est considéré comme la preuve de son alliance SPIRITUELLE. C’est tout à fait irrationnel.
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