Les racines musulmanes des esclaves américains (partie 1 de 2): De l’Afrique à l’Amérique

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Description: Regard sur les preuves démontrant que de nombreux musulmans se trouvaient parmi les millions d’esclaves envoyés en Amérique du Nord.

  • par Aisha Stacey (© 2017 IslamReligion.com)
  • Publié le 08 May 2017
  • Dernière mise à jour le 14 May 2017
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MuslimRootsOfAmericanSlaves.jpg La plupart des esclaves africains envoyés en Amérique du Nord étaient originaires d’Afrique de l’Ouest.  C’étaient des hommes, des femmes et des enfants capturés et vendus à des marchands d’esclaves, forcés de monter sur des navires et gardés dans des conditions innommables durant toute la traversée jusqu’en Amérique du Nord.[1]  Les historiens modernes estiment qu’au plus fort de la traite des Noirs, au 18e siècle, jusqu’à 7 millions d’Africains avaient subi cette traversée.[2]  Ils estiment également que jusqu’à 30% de ces esclaves étaient musulmans.[3]

Pour comprendre l’histoire des esclaves musulmans en Amérique du Nord, il est nécessaire de savoir certaines choses sur l’esclavage, qui existait déjà en Afrique, et sur l’islam en Afrique, et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest.  L’islam apparut d’abord en Afrique de l’Ouest par l’intermédiaire de commerçants venus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.  Ils s’installèrent dans la région au dixième siècle, attirés là-bas par le commerce des biens.  Le voyage d’Afrique du Nord, à travers le Sahara, se faisait par étapes.  Les biens passaient par une chaîne de marchands musulmans, pour être ensuite achetés par des non-musulmans.  Jusqu’à la première moitié du 13e siècle, le royaume du Ghana fut un partenaire commercial important de l’Afrique du Nord.  Au cours des cinq cent années suivantes, divers dirigeants et marchands locaux qui faisaient affaire avec des commerçants musulmans embrassèrent l’islam et ses coutumes.[4] Cependant, ce n’est qu’à partir du milieu du 18e siècle[5] qu’une majorité d’Africains de l’Ouest se convertirent à l’islam, au plus fort de la traite des esclaves par les Nord-Américains.

À travers l’Afrique, des prisonniers de guerre étaient faits esclaves et d’autres personnes l’étaient pour le remboursement d’une dette ou comme châtiment d’un crime.  Cet esclavage se faisait cependant à petite échelle.  Les Africains réduisaient à l’esclavage des personnes qui ne faisaient pas partie de leur groupe ethnique ou culturel.[6]  Cet esclavage à petite échelle suffisait à répondre à la demande d’esclaves au sein de l’Afrique, mais insuffisant pour répondre à la demande des Européens; c’est pourquoi les guerres et les raids au cours desquels on kidnappait des esclaves potentiels se firent de plus en plus fréquents.  Les Européens avaient besoin d’esclaves pour travailler sur les terres qu’ils possédaient dans les Caraïbes et en Amérique; ces esclaves étaient disponibles en nombre plus important que les serviteurs liés par contrat.

Pour les milliers de musulmans qui furent capturés et envoyés en Amérique du Nord, conserver leur religion fut non seulement difficile, mais souvent impossible.  La plupart furent convertis de force au christianisme.  Tout effort pour pratiquer leur islam ou garder leurs noms d’origine devait être fait en secret.[7]  Cependant, on retrouve dans des documents historiques diverses preuves des origines musulmanes de ces esclaves.  Des versets du Coran rédigés à la main furent trouvés et attestent du haut niveau d’éducation reçu par leurs auteurs, en Afrique, avant qu’ils ne soient kidnappés.[8]  Les maîtres d’esclaves choisissaient souvent des esclaves musulmans pour superviser leurs confrères.  On retrouve par ailleurs des noms musulmans dans des documents rapportant des esclaves en fuite et sur les listes des soldats participant à la guerre d’Indépendance américaine.

En 1984, le Dr Allan D. Austin, spécialiste des écrits afro-américains datant d’avant la guerre de Sécession, a publié un ouvrage intitulé African Muslims in Antebellum America: A Sourcebook (Les musulmans africains dans l’Amérique d’avant la guerre de Sécession : un recueil).  À travers divers portraits, documents, cartes géographiques et textes, est dépeinte la vie de 50 Africains musulmans prisonniers malgré eux de la traite d’esclaves entre 1730 et 1860.  Cet ouvrage fut mis à jour et republié en 1997 et intitulé African Muslims in Antebellum America: Transatlantic Stories and Spiritual Struggles (Les musulmans africains dans l’Amérique d’avant la guerre de Sécession : histoires transatlantiques et épreuves spirituelles).  Voici quelques brèves biographies ou aperçus de certains de ces musulmans capturés et faits esclaves à cette époque.

Job Ben Solomon naquit Ayyoub ibn Soulayman ibn Ibrahim, vers l’an 1702, dans ce qui est aujourd’hui le Sénégal.  Il était issu d’une famille d’érudits musulmans et, à l’âge de 15 ans, assistait son père dans son rôle d’imam.  Alors qu’il participait à une expédition marchande, Job fut capturé en territoire ennemi et vendu à des Britanniques.  Il fut ensuite envoyé dans le Maryland pour travailler dans les champs de tabac.  Il ne se convertit jamais au christianisme; il priait ouvertement et respectait la diète imposée par l’islam.  Un jour, il réussit à s’échapper de la plantation, mais fut rapidement retrouvé et jeté en prison, avant d’être renvoyé à son maître.  Le cœur lourd, il écrivit une lettre à son père et cette lettre se retrouva entre les mains d’un philanthrope britannique nommé James Oglethorpe.  Cet homme réussit à faire libérer Job, lequel retourna chez lui en passant par l’Angleterre.  Sur le navire qui le menait en Angleterre, il apprit à écrire l’anglais et, une fois sur place, il mit par écrit le Coran trois fois, de mémoire, et on rapporte qu’il aurait aidé à la fameuse traduction de George Sale.  Il appelait les gens à l’islam en réfutant le caractère divin de Jésus et fut même admis à la Spalding Gentlemen’s Society.

L’histoire de Yarrow Mamout, elle, nous fut transmise par l’intermédiaire de conversations qu’il eues avec l’artiste qui peignit son portrait.  De sa vie en Afrique, on ne sait que peu de choses, mais grâce à ses bonnes manières et à son comportement exemplaire, il fut libéré après avoir posé les briques de la maison de son maître.  Libre, il acheta sa propre maison à Georgetown.  Il était connu pour prier à l’extérieur et pour sa sobriété.

En décembre 1807, un homme connu sous le nom de S’Quash fut amené en Caroline du Sud.  Il était connu pour être un excellent cavalier et pour sa bonne connaissance de l’arabe.  Les historiens soulignent son mariage à une esclave musulmane d’origine soudanaise, ce qui indique qu’il était lui-même musulman.

La suite dans le deuxième article.



Note de bas de page:

[1]Slavery and the Slave Trade in the Context of West African History (L’esclavage et la traite des esclaves dans le context de l’histoire ouest-africaine). J. D. Fage. The Journal of African History

Vol. 10, No. 3 (1969), pp. 393-404.  Publié par : Cambridge University Press

[2]http://www.history.com/topics/slavery

[3] Tweed, Thomas A. "Islam in America: From African Slaves to Malcolm X" (L’islam aux États-Unis: des esclaves africains à Malcolm X). National Humanities Centre. & Curtis, Muslims in America.

[4] The Spread of Islam in West Africa (L’expansion de l’islam en Afrique de l’Ouest). Margari Hill, Stanford University. Janvier 2009

[5] Ibid

[6] http://discoveringbristol.org.uk/slavery/people-involved/enslaved-people/enslaved-africans/africa-slavery/

[7] http://www.pbs.org/opb/historydetectives/feature/islam-in-america/

[8]Were My African American Ancestors Muslims? (Mes ancêtres afro-américains étaient-ils musulmans?)  2013 Nathan W. Murphy

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