Réflexions philosophiques (partie 5 de 5)
Description: Cette série d’articles procure un cadre conceptuel qui répond aux « grandes questions » sur notre existence. La partie 5 poursuit la même discussion que dans la quatrième partie et explique que les fondements intellectuels de n’importe quelle vision du monde devraient être évalués afin d’établir leur validité.
- par Hamza Andreas Tzortzis
- Publié le 03 Sep 2018
- Dernière mise à jour le 03 Sep 2018
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Bien que nous puissions comprendre le monde autour de nous en utilisant la pensée rationnelle, comment pouvons-nous formuler un argument ou vérifier nos conclusions? Cela repose dans l’étude de la logique, en mettant l’accent sur la structure de nos arguments.
Considérez l’exemple suivant : si notre amie Marie dit : « Jean vient au dîner de ce soir » et que David dit : « Marie ne vient pas au dîner de ce soir », ce qu’ils affirment est-il cohérent? Selon la logique, s’ils font référence à la même personne, la réponse est non. Mais s’ils ne font pas référence à la même personne, alors oui, c’est cohérent.
Supposons, maintenant, que Jean dit : « Tout ce qui existe a une cause et comme l’univers existe, il a lui aussi une cause. » D’un point de vue logique, il s’agit d’un argument valide. Mais cela ne veut pas forcément dire que c’est un argument rationnel ou raisonnable. Pour affirmer qu’il est raisonnable, il nous faudrait l’étudier en utilisant nos idées innées et nos expériences sensorielles. S’il l’est, la conclusion serait qu’il s’agit d’un argument valide et raisonnable.
Ne nous fier qu’à l’empirisme ne nous donne pas de réponses, car nous ne pouvons évaluer si l’univers a une cause ou non sans utiliser nos expériences sensorielles. Cela reviendrait à nier l’existence de notre arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère parce qu’il n’existe pas de preuve empirique de son existence. Vous avez peut-être envie de dire : « Mais si ce n’était d’elle, je ne serais pas ici aujourd’hui ». C’est vrai, mais en affirmant cela, vous utilisez votre pensée rationnelle pour former une conclusion par déduction.
C’est ainsi que nous devrions tous réfléchir sur la vie et l’univers; nous pourrions ainsi parvenir aux bonnes conclusions, en usant d’arguments valides.
Vision du monde
« Mais il se peut que vous détestiez une chose alors qu’elle est bonne pour vous, et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle est mauvaise pour vous. Dieu sait, tandis que vous ne savez pas. » (Coran 2:216)
Vivre et laisser vivre; ne faites pas de tort aux autres et tout se passera bien. Cela a du sens, n’est-ce pas? Même au point où ça ne devrait pas être remis en question. Mais pourquoi? Pourquoi acceptons-nous systématiquement certaines idées et en rejetons-nous d’autres? Pourquoi certains points de vue nous apparaissent comme agréables et acceptables, tandis que nous sommes en désaccord avec d’autres, sans vraiment méditer sur leur sens profond?
La réponse se trouve dans le concept de vision du monde. Une vision du monde est une philosophie qui nous permet de donner un sens à notre vie et à nos expériences quotidiennes. La vision du monde que nous adoptons influence la façon dont nous traitons l’information et nous permet de comprendre la société et la place que nous y occupons. Le monde contemporain fait en sorte que nous avons de plus en plus de difficulté à composer avec les changements imprévisibles et avec la complexité de la vie. Par conséquent, le stress, l’incertitude et la frustration sont de plus en plus répandus et nos esprits sont surchargés d’informations. Une vision du monde est un cadre qui relie toutes ces choses ensemble et qui nous permet de comprendre la complexité et l’imprévisibilité de la vie; elle nous aide à prendre des décisions importantes qui influeront sur notre avenir et nous aide à avoir une meilleure vue d’ensemble.
Les visions du monde varient et peuvent être superficielles ou globales, ou se situer quelque part entre ces deux extrêmes. Une vision superficielle n’apporte qu’un cadre servant à réagir aux expériences quotidiennes, telles le travail et l’amitié. Ce type de vision se développe habituellement via nos expériences passées. Elle est problématique, car elle nous empêche de progresser en maintenant une fixation sur le passé, sans possibilité de voir le monde de manière positive ou différente. Elle est limitée, car elle n’est liée qu’aux expériences personnelles, lesquelles sont elles-mêmes limitées.
Une vision du monde globale, selon le philosophe Leo Apostel, englobe toutes les choses de la vie et inclut diverses composantes. Elle fournit un modèle en répondant à la question fondamentale « qui sommes-nous? ». De plus, elle répond aux questions « pourquoi le monde est-il tel qu’il est? » et « d’où venons-nous? ». Un autre aspect important d’une vision du monde globale est qu’elle extrapole du passé au futur pour répondre à la question « où allons-nous? ». Elle devrait également s’efforcer de répondre à la question « qu’est-ce qui est bien et qu’est-ce qui est mal? », i.e. d’inclure la moralité et l’éthique, tout en apportant un sens et une direction à nos actions et nos vies. Enfin, une vision du monde globale devrait répondre à la question « qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est faux? », ce qui est équivalent à ce qui est appelé « épistémologie » ou « théorie du savoir » en philosophie. La réponse à cette question nous permettrait de distinguer entre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas.
Pour toute situation, divers résultats sont possibles; ils sont dictés par la vision du monde que l’on adopte. Plutôt que de discuter des actions ou des conséquences d’une vision donnée, ce sont plutôt ses fondements qui devraient être évalués et validés. Ainsi, la vision du monde dont les fondements intellectuels sont les plus convaincants devrait être adoptée.
C’est pourquoi quand vient le moment d’étudier l’islam, notre premier souci ne devrait pas être une évaluation des droits de la femme, de l’habillement et autres sujets mis au goût du jour par les médias, car cette évaluation sera biaisée et mise à niveau avec votre vision du monde déjà existante. Ce sont les fondements intellectuels de l’islam qui devraient être évalués et s’ils sont validés, être ensuite adoptés.
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