L’esclavage (partie 1 de 2): Une analyse

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Description: Cet article aborde trois sujets : (a) l’esclavage dans la tradition judéo-chrétienne (b) l’esclavage avant la guerre civile aux États-Unis (c) l’esclavage moderne.

  • par Imam Mufti (© 2017 IslamReligion.com)
  • Publié le 25 Dec 2017
  • Dernière mise à jour le 25 Jun 2019
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Slavery1.jpgN’importe quel juif ou chrétien un peu versé dans sa religion sait très bien que l’esclavage est abordé et discuté dans la Bible.  La loi juive a d’ailleurs beaucoup à dire sur les esclaves et leur traitement.  Ce fait n’est pas sujet à débat; c’est un fait irréfutable que tout juif ou prêtre connaît parfaitement.

Tout comme les juifs et les chrétiens parlent rarement d’esclavage dans leurs enseignements et leurs sermons, les musulmans n’en parlent pas souvent non plus.  Pourquoi?  Pour la simple raison que l’esclavage, tel qu’il était pratiqué autrefois, n’existe plus de nos jours.  Alors tous ces discours sur « l’esclavage en islam », comme si les musulmans s’y adonnaient encore de nos jours, tiennent de la malhonnêteté la plus primaire.

La grande majorité des pays ont des lois contre l’esclavage.  Mais plusieurs experts affirment que l’esclavage, de nos jours, a pris une nouvelle forme.

La définition de l’esclavage de l’ONU

L’esclave possède trois caractéristiques qui le définissent : il/elle est la propriété d’un autre être humain, il/elle est totalement soumis(e) à l’autorité de son maître et il/elle travaille sous la contrainte.[1]  La communauté internationale a condamné l’esclavage comme l’une des pires atteintes aux droits de l’homme et la définition classique de l’esclavage, telle que publiée dans la Convention sur l’Esclavage de 1926 est : « Le statut ou la condition d’une personne soumise au pouvoir de propriété d’une autre personne. »[2]  En 1956, plusieurs autres termes, définissant divers types d’esclavage, furent proposés : servitude pour dettes, servitude (tout court), mariages forcés, transferts d’épouses, héritage d’épouses et transferts d’enfants dans le but de les exploiter.[3]

Les racines de l’esclavage dans la Bible

La Bible, autant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, soutient l’esclavage.[4]  La Bible existait avant le Coran.

La Bible affirme qu’une fois, Noé se réveilla et découvrit que l’un de ses fils, Cham, l’avait vu nu.  Il maudit son fils, de même que tous les descendants de Canaan (le fils de Cham), en disant : « Maudit soit Canaan!  Qu’il soit le dernier des esclaves de ses frères! » (Gen. 9:25).  Il est à souligner que cette histoire, ou toute histoire similaire, est introuvable dans le Coran et dans les enseignements du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui).

Selon la tradition chrétienne, Cham serait le père des races noires en Afrique, Sem, celui des Sémites (qui incluent les Arabes et les Juifs) et Japhet, celui des hommes de race blanche.  Par conséquent, il est considéré que ce passage de la Bible a fait de la race blanche une race supérieure et de la race noire une race soumise aux autres races.[5]  Des siècles durant, ce passage biblique fut utilisé pour justifier l’esclavage noir.[6]  Et, il n’y a pas si longtemps, en Afrique du Sud, l’Église réformée fit référence à cette « malédiction » pour défendre le « droit » des Blancs de régner sur les Noirs.

L’esclavage est mentionné à deux reprises dans les dix commandements que l’on trouve dans la Bible[7], mais pas une seule fois dans les commandements du Coran.

Lévitique 25:44-46 (l’un des livres de la Torah, ou Ancien Testament) est un texte-clé utilisé pour justifier l’esclavage.  Il affirme que Dieu aurait dit aux juifs : « Vous pourrez acheter des étrangers résidant chez vous et des membres de leurs familles qui vivent parmi vous et qui sont nés dans votre pays, et ils deviendront votre propriété.Vous pourrez les léguer en héritage à vos enfants pour qu’ils en aient la propriété. Ils seront vos esclaves à perpétuité. »

Abraham, celui que Dieu avait « choisi pour Son amour » et le « père des croyants » acheta des esclaves à Haran (Gen. 12:4-5), arma 318 esclaves, nés dans sa maison (Gen. 14:14), les inclut dans la liste de ses propriétés (Gen 12:16, 24:35-36) et les légua à son fils Isaac (Gen 26:13-14).  La Bible affirme que Dieu bénit Abraham en multipliant le nombre de ses esclaves (Gen 24:35).  Dans la maison d’Abraham, des anges vinrent dire à Hagar, sa servante, de retourner à Sarah.  Les anges lui disent : « Retourne auprès de ta maîtresse et humilie-toi devant elle. » (Gen 16:9).

Sur l’ordre de Dieu, Josué prit des esclaves (Josué 9:23), tout comme David (1 Rois 8:2,6) et Salomon (1 Rois 9:20-21).

      Job, que la Bible décrit comme sans reproche et probe, fut un « grand propriétaire d’esclaves ».  Voir Job 1:15-17, 3:19, 7:2, 31:13, 42:8, où Job parle de ses esclaves.[8]

Jésus lui-même acceptait l’esclavage.  L’Évangile ne cite aucune parole de Jésus désapprouvant l’esclavage.  Jésus rencontra des esclaves (Luc 7:2-10, 22:50, etc) et proposa plusieurs paraboles impliquant des esclaves (Matthieu 13:24-30, 18:23-35, 22:1-14, Luc 12:25-40, 14:15-24, etc), mais ne dit jamais un mot contre l’esclavage. 

Dans au moins soixante-dix passages, les disciples se sont abstenus de désapprouver l’esclavage.  Ils dirent à des esclaves d’accepter leur destin et demandèrent à leurs maîtres de les traiter gentiment (1 Corinthiens 7:20-21, Eph 6:5-9, Col 3:22-25, 1 Tim 6:1-2, Tite 2:9-10, Phil. 10-18, 1 Pierre 2:18-19).

Jusqu’à la fin du siècle dernier, c’est une majorité de théologiens et d’érudits chrétiens, dont Saint Augustin, Thomas d’Aquin, Martin Luther et Jean Calvin, qui croyaient que la Bible sanctionne l’esclavage.[9]

En 1835, le synode presbytérien de Virginie-Occidentale s’en prit sévèrement au mouvement en faveur de la libération des esclaves, affirmant qu’il s’agissait là d’une croyance allant à l’encontre de « l’autorité de la parole de Dieu ».[10]

Le rapport de l’assemblée générale presbytérienne de 1845 a conclu que l’esclavage était fondé sur « les déclarations pures et simples de la parole de Dieu ».[11]

En 1861, un rabbin juif, M.J. Raphall, de New York, rédigea une brochure très médiatisée intitulée « The Bible View of Slavery » (Le point de vue de la Bible sur l’esclavage), pour défendre l’esclavage.[12]

Enfin, aussi récemment qu’en 1957, John Murray, du Westminster Theological Seminary[13], affirmait avec force que la Bible permet l’esclavage et que les érudits chrétiens du passé avaient parfaitement interprété la Bible.

L’esclavage dans la Constitution américaine

Le compromis des trois-cinquièmes se trouve dans l’article 1, section 2, paragraphe 3 de la Constitution américaine.  Ce compromis faisait en sorte qu'un esclave était comptabilisé à hauteur de trois cinquièmes d'un homme Blanc, de sorte que si on lui permettait de voter, son vote n’avait pratiquement aucun effet.

Le Compromis du trafic d’esclaves fut un accord obtenu durant la convention constitutionnelle de 1787, protégeant les intérêts des propriétaires d’esclaves et interdisant au Congrès d’interférer durant vingt ans dans le marché d’esclaves.  Ce compromis mit un terme à l’importation d’esclaves après 1807, encourageant la reproduction chez les esclaves déjà sur place et la vente aux enchères d’esclaves à travers le Sud du pays.

L’esclavage après la Guerre Civile américaine

La Guerre Civile américaine fut largement menée au sujet de l’esclavage.  Durant cette guerre, le président Abraham Lincoln émit la Proclamation d’Émancipation, qui libérait tous les esclaves au sein des États rebelles.  La victoire du Nord, en 1865, mit fin à l’esclavage légal à travers tous les États-Unis.

L’esclavage, tel que pratiqué dans le Sud des États-Unis, privait totalement les Noirs de contrôle sur leur propre vie.  Ils étaient esclaves à vie, leurs enfants naissaient au sein de l’esclavage, ils n’avaient pas droit à une éducation de base, étaient sévèrement punis pour les plus petits actes de désobéissance, étaient cruellement séparés de leurs enfants lorsque ces derniers étaient vendus et les femmes étaient sexuellement exploitées.  Le système d’esclavage américain était conçu de façon à enlever toute humanité aux esclaves et s’inspirait d’idées empruntées à la domestication des animaux.  La déshumanisation, au sein du système d’esclavage américain, revêtait une signification particulière; les esclaves étaient marqués par la couleur de leur peau, ce qui était soutenu par l’interprétation de certains versets de la Bible selon laquelle les esclaves, étant des descendants de Canaan, étaient inférieurs aux Blancs.[14]

L’esclavage aujourd’hui

L’esclavage légal a peut-être pris fin, mais l’institution de l’esclavage existe toujours, sous diverses formes.  Les Nations Unies affirment : « L’esclavage fut le premier problème des droits de l’homme à susciter un intérêt international, mais il persiste, de nos jours encore. »[15]  Le Département d’État américain reconnaît d’ailleurs « l’esclavage moderne ».[16]

Les esclaves n’ont jamais coûté aussi peu cher, de nos jours.  En 1850, un esclave coûtait 40 000$ en dollars d’aujourd’hui.  De nos jours, un esclave coûte entre 30$ et 90$.  Il y aurait environ 27 millions d’esclaves, dans le monde, ce qui serait le chiffre le plus élevé de l’histoire.[17]

« … entre 14 000 et 17 500 personnes sont introduites illégalement aux États-Unis, chaque année, la plupart forcées à se prostituer, à faire des travaux domestiques ou agricoles.  À tout moment, entre 52 000 et 87 000 sont en état de servitude… Selon les Nations Unies, les revenus tirés du trafic humain, par le crime organisé, sont les troisièmes plus importants après les revenus tirés des drogues et des armes. »[18]

 



Note de bas de page:

[1] Définition (en anglais) tirée de D.B.  Davies, The Problem of Slavery in Western Cultures (Cornell University Press, 1966), 31.

[4] Article sur l’esclavage dans l’AT et le NT, New Bible Dictionary (2e édition, Londres: IVP, 1986), 1121-1125. 

[5] Griffith Thomas, Genesis: A Devotional Commentary (La Genèse: un commentaire pieux) (Grand Rapids: Eerdmas, réimprimé en  1953), 95-99.

[6] David Brion Davis, Inhuman Bondage: The Rise and Fall of Slavery in the New World (Esclavage inhumain: la grandeur et la décadence de l’esclavage au sein du Nouveau Monde) (Oxford University Press, 2006) 5.

[7] La plupart des gens ignorent que les dix commandements de la Bible mentionnent l’esclavage à deux reprises (voir Exode 20:17 et Deutéronome 5:21).

[8] J.H.  Hopkins, A Scriptural, Ecclesiastical, and Historical View of Slavery, from the Days of the Patriarch Abraham, to the Nineteenth Century (Un point de vue scripturaire, ecclésiastique et historique sur l’esclavage, de l’époque du patriarche Abraham au 19e siècle), (New York, 1864), 76.

[9] A.  Ruppercht, ‘Attitudes on Slavery Among the Church Fathers,’ (Points de vue sur l’esclavage parmi les pères de l’Église), publié dans New Dimensions in New Testament Study (Grand Rapids: Zondervan, 1974), 261-277; J.  Kahl, ‘The Church as Slave-Owner,’ (L’Église en tant que propriétaire d’esclaves), publié dans The Misery of Christianity (Londres: Penguin, 1971).

[10] H.  Shelton Smith, In His Image, But…Racism in Southern Religion,(À Son image, mais…  Le racisme dans les religions du Sud) 1719-1910 (Caroline du Nord: Duke University Press, 1971) 172.

[11] J.  Murray, Principles of Conduct (Principes de conduite) (Londres: IVP, 1957), 260.

[13] (Westminster Theological Seminary), Une école presbytérienne située en Pennsylvanie, avec un campus à Londres.  Voir J.  Murray, Principles of Conduct (Londres: IVP, 1957).

[14] "North American Slave Narratives" est un projet de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill qui recueille des livres et des articles documentant l’histoire individuelle et collective d’Américains de race noire ayant lutté pour leurs droits et leur liberté aux 18e et 19e siècles, de même qu’au début du 20e siècle. 

On trouve des documents sur l’esclavage, entre autres, dans les ouvrages de Theodore Weld American Slavery As It Is: Testimony of a Thousand Witnesses, 1839, republié dans Slavery In America (Illinois: Peacock, 1972) et W.  L.  Rose (ed.), A Documentary History of Slavery in North America (Oxford University Press, 1976).   Discussion sur l’histoire de l’esclavage américain dans Inhuman Bondage: The Rise and Fall of Slavery in the New World , par un historien gagnant du prix Pulitzer David Brion Davis.

[15] (http://www.ohchr.org/EN/Issues/Slavery/SRSlavery/Pages/SRSlaveryIndex.aspx)

[16] (http://www.state.gov/j/tip/what/)

[17] (www.freetheslaves.net)

[18] "Slavery is not dead, just less recognizable"  (L’esclavage n’est pas mort; il est seulement moins reconnaissable) (http://www.csmonitor.com/2004/0901/p16s01-wogi.html)

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L’esclavage (partie 2 de 2): L’esclavage dans la loi islamique et quelques observations historiques

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Description: L’esclavage est officiellement illégal dans tous les pays musulmans.  Cet article souligne les règles de la shariah (loi islamique) sur la façon de traiter les esclaves et fait certaines observations historiques.

  • par Imam Mufti (© 2017 IslamReligion.com)
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1. Règle de base islamique : les gens naissent libres, l’esclavage est temporaire.

Dieu dit, dans le Coran :

« Ô hommes!  Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, afin que vous fassiez connaissance entre vous.  Certes, le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est celui qui a la meilleure conduite. » (Coran 49:13)

Le prophète de l’islam a dit :

« Vous êtes tous issus d’Adam et Adam fut créé de poussière. »[1]

Slavery2.jpgLe principe selon lequel l’être humain naît libre et que l’esclavage est circonstanciel est accepté par tous les érudits musulmans.  De ce principe découlent les faits suivants :

·L’esclavage volontaire (i.e. le fait de s’offrir soi-même comme esclave) est interdit.

·Une personne libre ne peut être faite esclave.  Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) en a fait un péché il y a 1400 ans.  Il a dit : « Il y a trois types de personnes contre lesquelles je serai moi-même un plaignant au Jour du Jugement.  L’une d’elles est celle qui fait d’un homme ou d’une femme libre un(e) esclave, puis le ou la vend et en consomme le prix.[2]

·Un orphelin sans parents connus doit être considéré comme une personne libre, même s’il est soupçonné que ses parents étaient des esclaves.

2. Les esclaves, à l’époque, devaient être traités avec respect et dignité.

Le simple mot « esclave », en français, revêt une connotation extrêmement négative et renvoie des images de traitements barbares et inhumains.  Mais voici comment le prophète Mohammed parlait des esclaves il y a 1400 ans :

« Vos esclaves sont vos frères!  Dieu les a placés sous vos soins.  Alors que ceux qui ont certains de leurs frères [et sœurs] sous leurs soins les nourrissent de la même nourriture qu’ils mangent eux-mêmes et les habillent des mêmes habits qu’ils s’achètent pour eux-mêmes.  Et qu’ils ne leur donnent pas de tâches excédant leurs capacités, à moins de partager ces tâches avec eux. »[3]

« Lorsqu’un serviteur prépare de la nourriture pour son maître, ce dernier doit faire asseoir son serviteur avec lui et manger avec lui.  Mais s’il ne le fait pas, il doit à tout le moins garder une portion de la nourriture pour lui. »[4]

Le Prophète a également interdit de frapper les esclaves et déclaré que l’expiation pour avoir frappé un esclave était de le libérer.[5]

      Par ailleurs, le musulman n’a pas le droit de s’adresser à un esclave en usant de mots blessants.  Le prophète Mohammed a enjoint les gens de ne pas s’adresser à un esclave en disant, par exemple : « Hé, mon esclave! », soulignant que nous sommes tous des esclaves de Dieu, mais de leur parler en disant « jeune homme » ou « jeune femme ».[6]

Omar ibn al-Khattab, le second calife de l’islam, aimait tant le défunt Salim, un esclave libéré, qu’il affirma que s’il était toujours vivant, il l’aurait proposé comme calife.  Salim avait pour habitude de mener les musulmans en prière, ce qui est considéré comme un grand honneur en islam.

3. Ce n’est pas l’islam qui a établi le système d’esclavage; il existait déjà au sein du judaïsme, du christianisme, de même qu’en Inde et en Chine, bien avant l’islam.

Dès ses débuts, l’islam a encouragé la libération des esclaves.  L’islam ne fermait pas les yeux sur la réalité du monde, mais ne soutenait pas activement l’esclavage non plus.  En fait, il le réglementa.  Comme le souligne Annemarie Schimmel, une érudite allemande : « … par conséquent, l’esclavage fut théoriquement condamné à disparaître avec l’expansion de l’islam. »[7]

La loi islamique (shariah) a sérieusement limité les moyens par lesquels le nombre d’esclaves pouvait être multiplié.  La seule source d’esclaves nouveaux était les gens faits captifs durant des guerres légitimes et les enfants nés de parents esclaves.  Mais les captifs de guerre n’étaient pas automatiquement faits esclaves.  Le Coran offrait d’autres options quant à leur sort :

·Libération inconditionnelle (Coran 47:4)

·Rançon (Coran 47:4)

Après avoir limité les sources d’esclaves supplémentaires, la loi islamique se pencha sur les esclaves déjà existants.

4. L’islam a accordé des droits égaux aux hommes libres et aux esclaves en matière de religion et dans la plupart des affaires civiles.

Les esclaves avaient les mêmes obligations religieuses que les hommes libres et recevaient les mêmes rétributions ou châtiments de la part de Dieu pour leurs actions.  Le témoignage d’un esclave devait être accepté.  Un esclave avait droit à la propriété et était soumis aux mêmes règles sur le prix du sang (montant offert à la famille d’une victime).  Enfin, si un esclave tentait d’accéder à la liberté par l’entremise de procédures connues sous le nom de moukataba et tadbir, il devait être aidé en ce sens.  Ce droit est inscrit dans le Coran, par Dieu Lui-même (Coran 24:33).

5. L’islam a fait de la libération des esclaves un acte d’adoration aimé de Dieu.

L’islam a fait de la libération des esclaves une expiation pour les péchés et pour certains actes de transgression spécifiques.  Les musulmans étaient encouragés à libérer leurs esclaves de leur plein gré afin de se protéger du Feu de l’Enfer.  Par ailleurs, la zakah (i.e. la charité annuelle obligatoire à laquelle est tenu chaque musulman qui en a les moyens) pouvait, entre autres, être utilisée pour la libération des esclaves (Coran 9:60).

6. L’islam a beaucoup contribué à la réinsertion sociale des esclaves libérés.

La façon dont l’islam réintégrait les esclaves à la société était en les accueillant au sein de tribus ou de grandes familles.  Ce système était connu sous le nom de wala.  Le Prophète a dit : « Libérer des esclaves équivaut à établir des liens de sang. »[8]

Quelques observations historiques

1.  Aboul Ala Maudoudi écrit, dans son ouvrage intitulé « Le point de vue de l’islam sur l’esclavage » : « Le Prophète lui-même libéra plus de 63 esclaves, tandis qu’Aisha (son épouse) en libéra 67, Abbas 70, Abdallah ibn Omar 1000 et Abderrahman en acheta trente mille simplement pour les libérer par la suite. »

2.  « Zaïd, l’esclave libéré du Prophète, se vit régulièrement confié le commandement des troupes musulmanes et les capitaines les plus nobles servirent sous ses ordres sans y voir aucune objection.  Osama, le fils de Zaïd, fut honoré en se voyant confier le leadership de l’expédition envoyée par Abou Bakr contre les Grecs.  Koutb oud-din, le premier roi de Delhi et fondateur de la nation musulmane d’Inde, avait été esclave. »[9] 

3   « Les esclaves domestiques étaient souvent mieux nourris, habillés et protégés que de nombreux hommes et femmes libres. »[10]  

4.  « L’histoire de l’islam démontre que les esclaves pouvaient occuper n’importe quelle fonction et plusieurs esclaves qui étaient dans l’armée et qui avaient, pour la plupart, été recrutés parmi les Turcs d’Asie Centrale, devinrent des leaders militaires et même des dirigeants, comme dans l’est de l’Iran, en Inde (la dynastie des esclaves de Delhi) et en Égypte médiévale (les Mamelouks). »[11]

5.  « …l’exclusivité propre à la relation esclave-maître qui caractérise les systèmes d’esclavage ne fit jamais partie des réalités ottomanes.  Le système de justice basé sur la shariah (loi islamique) a rompu cette exclusivité en permettant aux esclaves de se plaindre de mauvais traitements aux autorités, ce qui pouvait mener à leur affranchissement forcé.  Même si les cours de justice étaient réticentes à intervenir dans les relations esclave-maître, un système d’arbitrage était toujours disponible en tout temps, détenant le pouvoir d’intervenir si nécessaire. »[12]

6.  « Quant aux esclaves d’Arabie, ils partageaient les mêmes vêtements, la même nourriture et les mêmes maisons que leurs maîtres et plusieurs d’entre eux devinrent dirigeants de vastes régions du pays et actifs au sein du gouvernement. »[13]

7. « L’esclavage, en Arabie, fut aboli en 1962… comme ce pays n’existait pas en tant qu’État moderne avant 1932, cela signifie qu’il lui a fallu trente ans, après sa création, pour mettre un terme à l’esclavage et ce, sans guerre civile. »[14]



Note de bas de page:

[1] Abou Daoud, Mousnad, Baihaqi

[2] Sahih Al-Boukhari, Ibn Majah

[3]Sahih Al-Boukhari

[4]Sahih Mouslim

[5]Sahih Mouslim

[6]Sahih Mouslim

[7] Annemarie Schimmel, Islam An Introduction (Albany, NY: State University of New York Press, 1992), 67

[8]Darimi

[9] Ameer Ali, The Spirit of Islam: A History of the Evolution and Ideals of Islam with a Life of the Prophet  (    ( L’esprit de l’islam: une histoire de l’évolution et des idéaux de l’islam), édition révisée, (Londres: Christophers, 1922), p.  264

[10] Ehud R.  Toledano, Slavery and Abolition in the Ottoman Middle East (Esclavage et abolition dans le Moyen-Orient ottoman) (Seattle: University of Washington Press, 1998), p.  6

[11] Annemarie Schimmel, Islam An Introduction (Albany, NY: State University of New York Press, 1992), 67

[12] Ehud R.  Toledano, Slavery and Abolition in the Ottoman Middle East (Seattle: University of Washington Press, 1998), p.  161-162

[13] Princess Reem Al Faisal, Slavery in US and Other Places: The Vital Difference (L’esclavage aux États-Unis et à d’autres endroits: une différence essentielle) publié par www.arabview.com

[14] Princess Reem Al Faisal, Slavery in US and Other Places: The Vital Difference, publié par www.arabview.com

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