Réflexions philosophiques (partie 1 de 5)
Description: Cette série d’articles procure un cadre conceptuel qui répond aux « grandes questions » sur notre existence. La partie 1 aborde la notion du besoin de chercher la vérité.
- par Hamza Andreas Tzortzis
- Publié le 24 Oct 2016
- Dernière mise à jour le 24 Oct 2016
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Ces réflexions philosophiques touchent à divers sujets dont la vérité, le succès, la raison d’être de notre existence, la mort, la pensée et la vision du monde. J’ai délibérément conclu avec des questions plutôt qu’avec des réponses, car je souhaitais fournir un cadre conceptuel aux lecteurs qui ne partagent peut-être pas mes vues et qui voudraient trouver des réponses par eux-mêmes. J'ai inclus des versets coraniques pertinents afin de stimuler la réflexion, une approche que l'on retrouve dans le Coran même, qui demande fréquemment: « Ne réfléchissez-vous donc pas? ».
Il y a un proverbe africain qui dit: Celui qui
pose des questions ne peut éviter les réponses. J'espère donc que ces
réflexions faciliteront la quête de vérité chez ceux qui la cherchent.
La vérité
« C’est la vérité venant de ton Seigneur, (ô Mohammed) : ne sois donc pas de ceux qui doutent. » (Coran 2: 147)
« Ne mêlez pas la vérité au mensonge et ne cachez pas sciemment la vérité. » (Coran 2: 42)
La question de la vérité a troublé l'esprit de pratiquement chaque être humain ayant vécu sur cette planète. Qu'est-ce que la vérité? Comment la trouver? Existe-t-elle vraiment? Ces questions remontent aussi loin qu'aux philosophes grecs tels Socrate qui, tout jeune, posait déjà de nombreuses questions et cherchait la vérité. De nos jours, toutefois, moins nombreuses sont les personnes s'interrogeant réellement sur la vérité avec un grand V, i.e. le pourquoi de notre existence, ce que ça signifie d'être un être humain. Souvent, plutôt que de chercher la vérité, elles adoptent le scepticisme comme philosophie.
Les sceptiques répondent par la négative à la question suivante: nous est-il possible de savoir quoi que ce soit? Ils laissent ainsi entendre que la vérité sur la vie et la réalité de l'univers ne sera jamais connue. Fondé par Pyrrhon d'Élie, le scepticisme fut prôné et mis par écrit par le philosophe grec Sextus Empiricus, qui fut le premier à détailler et codifier la doctrine. Cette école philosophique est répandue, de nos jours, bien que son approche vis-à-vis de la vérité soit injustifiée, car il a été démontré que l'on peut bel et bien trouver la vérité et que la seule façon d'y parvenir est en posant inlassablement des questions. Socrate était connu pour savoir interroger ses interlocuteurs et les amener, ainsi, à découvrir eux-mêmes la vérité, car il croyait que la vérité se trouve en chacun de nous. Par exemple, il existe de nombreux principes universels indéniables; les nier reviendrait à nier le savoir lui-même. Prenez, à titre d'exemple, deux planches de bois de longueur identique: savons-nous qu'elles sont égales parce qu'elles sont de la même longueur ou connaissions-nous le concept d'égalité avant d'avoir vu ces planches? C'est parce que nous avons, en nous, le concept inné d'égalité que celui-ci nous permet de comprendre que les planches de bois sont de la même longueur. Nous savons également que la moitié d'une chose est moindre que son tout et nous savons, par exemple, que tous les pères sont des hommes. Ces concepts innés sont connus, en épistémologie, comme des à priori, i.e. une connaissance indépendante de l'expérience.
D'un point de vue pratique, la position du sceptique est indéfendable, car nous connaissons la vérité des lois de la physique qui permettent aux ponts de soutenir de lourdes charges, de même que des lois qui font en sorte que les paquebots flottent. Si nous adoptions la position du sceptique avant de construire nos maisons, accepterions-nous d'aller de l'avant avec la construction? Le philosophe polonais Leszek Kolakowski écrit:
« Nous pourrions dire: Si nous ne savons rien, à quoi bon échafauder des théories qui n'ont aucun fondement? Mais si les philosophes et les érudits avaient sérieusement tenté d'atteindre une telle sérénité autosatisfaisante, auraient-ils été en mesure de bâtir notre civilisation? La physique moderne aurait-elle été inventée? »
Il y a donc des vérités universelles que nous pouvons accepter avec certitude et la façon de découvrir de nouvelles vérités est d'utiliser ces vérités universelles comme point de départ, ce qu'on appelle le fondationnalisme épistémique dans le langage philosophique.
L’importance de la vérité a été soulignée par de nombreux penseurs, passés et présents. Platon a dit : « N’est-ce pas une mauvaise chose que d’être trompé au sujet de la vérité et une bonne chose que de connaître cette dernière? Car je présume que par « connaître la vérité », vous voulez dire connaître les choses telles qu’elles sont. » Pourquoi la quête de vérité est-elle aussi importante? La vérité n’est pas qu’intuitive; elle nous donne une impression de réalité, nous fait sentir que les choses sont vraies. En l’absence de vérité, la vie peut parfois nous sembler irréelle et illusoire. De plus, de nombreux psychologues ont reconnu le fait que l’être humain aime sentir qu’il a raison et cherche à apprendre à partir des normes sociales lorsqu’il se sent incertain. Ce processus psychologique est connu sous le terme de « Influence sociale normative et informationnelle ». La quête de vérité est très importante, car elle apporte à l’individu la possibilité de façonner la personne qu’il est ou la personne qu’il souhaiterait être.
Une autre façon de voir cela est que s’interdire de chercher la vérité revient à se mentir à soi-même ou à accepter un mensonge, car tout ce qui est autre que la vérité est nécessairement un mensonge. Alors une quête de vérité est un moyen de tenter d’être plus sincère avec soi-même, car il s’agit de tenter d’établir la vérité sur ce que nous sommes et sur notre existence sur cette terre. Enfin, s’agripper au point de vue sceptique selon lequel il n’existe pas de vérité est une attitude défaitiste. L’affirmation selon laquelle il n’existe pas de vérité est en fait une proclamation de vérité; comment peut-on prétendre que le scepticisme est vrai et que tout le reste est faux? Telle est l’incohérence du discours sceptique : le sceptique prétend avoir raison, mais nie toutes les autres vérités. Par conséquent, peu importe quelle position nous adoptons, nous finissons toujours par accepter une vérité.
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