Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 4 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 4.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 07 Jul 2014
- Dernière mise à jour le 06 Jul 2014
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Le Livre
Lorsqu’il revint, il tenait dans sa main un livre épais recouvert d’une jaquette lustrée. Il me précisa qu’il ne s’agissait pas d’une traduction comme telle, mais d’une explication, en langue anglaise, du sens des versets du Coran. Je ne compris pas très bien ce qu’il cherchait à me dire et je lui réitérai que je souhaitais lire une traduction du Coran en langue anglaise. Il me dit qu’il s’agissait bien d’une traduction, mais qu’aucune traduction ne pouvait prétendre se comparer à l’original et que, pour cette raison, on appelait la traduction une explication du sens des versets.
Toujours sans trop comprendre, j’acceptai le livre qu’il me tendait. Je me dis que c’était toujours mieux que rien et il sembla entrevoir ce qui se passait dans ma tête. Comme je m’apprêtais à prendre le livre, il le ramena vers lui et me dit :
« Il y a trois – non, quatre – conditions que vous devez accepter avant que je ne vous donne ce livre. »
« Quelles conditions? », demandai-je, un peu nerveusement.
« Tout d’abord, ne déposez pas ce livre sur le sol, ni même sur une chaise. Vous pourriez, par mégarde, marcher ou vous asseoir dessus, ce qui serait irrespectueux envers ce livre sacré. »
Je pus aisément comprendre cette condition.
« Deuxièmement, je sais que certaines personnes ont pour habitude de lire lorsqu’elles sont aux toilettes. » Il avait raison; je le faisais moi-même à l’occasion.
« Ne faites pas cela avec le Coran », poursuivit-il. « L’endroit où vous vous soulagez n’est pas un lieu approprié pour le Coran. Ne le faites même pas entrer dans la pièce où se trouve la cuvette. » Bon, je comprenais ce qu’il voulait dire, même si je trouvais qu’il poussait un peu. Mais j’avais sincèrement l’intention de respecter cette condition; n’importe quoi pour enfin obtenir ce livre, me dis-je.
« Troisièmement, chaque fois que vous avez terminé de le lire, ne le laissez pas traîner. Rangez-le sur une étagère; c’est plus respectueux. » D’accord, pensai-je. Cela démontre que les musulmans tiennent vraiment à ce Coran et l’honorent beaucoup.
« Quatrièmement, essayez de ne pas laisser le Coran ouvert ou recto vers le bas pour retenir la page à laquelle vous êtes rendu. » Il commence à exagérer, me dis-je.
« Pourquoi? », lui demandai-je.
« La parole d’Allah ne doit pas faire face vers le bas, toujours vers le haut. Si vous voulez retenir votre page, un ruban est rattaché au livre pour servir de signet. » Bien sûr, me dis-je. C’était sans doute la raison pour laquelle la Bible en avait un également!
« J’accepte ces conditions », dis-je d’une voix ferme.
Il me demanda de revenir le voir pour le tenir à jour sur ma lecture, demande que je pris à la légère, sur le coup, et je sortis aussi vite que je pus. Je voulais retourner le plus rapidement possible chez moi et me plonger dans ce livre, surtout que le lendemain était un mercredi et ma dernière journée libre avant le weekend de ce pays qui a lieu le jeudi et le vendredi.
Le catalyseur
Durant toute la semaine suivante, je dévorai le Coran. Je commençai par la première page et lus, à rythme régulier, toute la deuxième sourate. D’une certaine manière, je m’attendais à ce que le livre constitue, entre autres, le récit de la vie de Mohammed, un peu comme les Évangiles ou comme les livres de Moïse, dans la Bible. Mais ce n’était pas le cas.
Dès le départ, je fus captivé par le fait que ce livre semblait s’adresser à moi directement. Il n’y avait pas de « Dieu a dit » ou « Le prophète a dit » telle et telle chose, comme si c’était rapporté par une tierce personne. J’avais vraiment l’impression de recevoir la révélation directement de Dieu Lui-même. Il me parlait à moi personnellement et Ses paroles avaient un effet direct sur mon cœur.
Bientôt, je me mis à pleurer, car je nous reconnaissais, moi et certains membres de ma famille, dans les descriptions des gens du Livre et de leurs croyances erronées et leur entêtement. Même certaines attitudes et points de vue des mécréants, des hypocrites et des polythéistes rejoignaient les miens et ceux de personnes que je connaissais. Mon cœur s’emplit de crainte à la perspective de ce qui attendait les membres de ma famille et de peur profonde devant ce qui m’attendait si je demeurais sur la voie que je suivais à ce moment-là.
Après avoir lu les longues sourates du début, al-Baqarah, al-‘Imran, an-Nisa, al-Ma’idah et al-An’am, je sautai plusieurs autres sourates, à la recherche de sourates plus courtes. Mais même les sourates plus courtes, celles qui contenaient une soixantaine de versets, reprenaient l’essentiel des longues sourates du début. Puis, quand j’arrivai vers la fin du livre, les sourates ne faisaient pas plus de deux ou trois pages, certaines à peine une page et demi. Et les sujets traités étaient plus ciblés.
Et, vers la toute fin, les sourates ne faisaient même pas une page et on en retrouvait parfois deux sur une seule page. À la fin, une des plus courtes sourates attira mon regard :
Dis : « Il est Dieu, l’Unique.
Dieu, le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.
Il n’a jamais engendré et n’a pas été engendré.
Et nul ne peut L’égaler. »
C’était là le cœur du Coran, ce que je compris comme étant son véritable message. Et cela m’apparaissait tellement censé. Cela reflétait exactement ma façon de concevoir Dieu, dans la « religion » que je m’étais moi-même créée, en dépit de ce que ma religion d’origine, le christianisme, avait toujours voulu me faire croire au sujet de Jésus et de la trinité.
Le pur monothéisme
Était-ce bien vrai que tous les musulmans croient en un Créateur unique, qui est à la source de l’univers et qui l’administre? Était-il vrai que ce Dieu rejette totalement la notion de procréation divine? Cette religion confirmait-elle ce que j’avais toujours pensé depuis le début? Et si tel était le cas, cela ne signifiait-il pas qu’il y avait un devoir que j’avais négligé durant tout ce temps?
Ces pensées et interrogations se bousculaient dans mon esprit. Je ressentais le besoin de les clarifier et je décidai d’interroger les deux seuls musulmans avec lesquels j’étais un peu plus familier, deux collègues de l’université.
Je les croisai dans l’escalier menant à l’entrée du bâtiment et leur fit signe. Ils savaient que j’étais en train de lire le Coran et ils s’arrêtèrent avec plaisir, heureux de pouvoir m’aider en répondant à mes questions. Je m’excusai de prendre de leur temps et leur parlai de cette découverte que j’avais faite.
« Je lis votre Livre », leur dis-je, « et je suis tombée sur une sourate qui semble résumer le Coran tout entier. »
« De quelle sourate s’agit-il? », demanda Isma’il Rostron, le converti.
« Ici, à la fin, il est écrit :
Dis : « Il est Dieu, l’Unique.
Dieu, le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.
Il n’a jamais engendré et n’a pas été engendré.
Et nul ne peut L’égaler. »
« N’est-ce pas le message principal de ce livre? »
« Oui, tout à fait », dit Isma’il..
« C’est drôle que tu dises cela », dit Jamal (c’était un Britannique d’origine pakistanaise et musulman de naissance).
« Il y a une histoire au sujet d’un des compagnons du Prophète, rapportée dans un hadith… »
« Quelle histoire? »
« Il y avait un homme, un commandant d’armée, qui avait pour habitude de mener ses compagnons en prière en récitant toujours la même sourate. Après avoir récité la fatiha, il complétait sa récitation avec « Dis : Il est Dieu, l’Unique… ». Lorsque les compagnons revinrent de campagne, ils s’en plaignirent au Prophète et celui-ci répondit : « Demandez-lui pourquoi il récite toujours ces versets. » Alors les gens allèrent le voir et lui demandèrent pourquoi. Le commandant répondit : « Parce qu’il s’agit de la description d’Allah et j’aime la réciter. » Alors ils retournèrent voir le Prophète pour lui rapporter sa réponse et celui-ci dit : « Dites-lui qu’Allah, le Très-Haut, l’aime. »
« Vraiment? », dis-je, un peu abasourdi par cette confirmation.
« Oui », dit Jamal. « Et il y a un autre hadith qui nous dit exactement à quelle proportion du message équivaut cette sourate du Coran. »
J’étais sur des charbons ardents.
« Un jour, un homme en entendit un autre réciter « Dis : « Il est Dieu, l’Unique… » encore et encore, aux petites heures du matin. Le matin venu, l’homme se rendit voir le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et lui mentionna la chose en ayant l’air de la minimiser. Le Prophète dit : « Par Celui qui tient mon âme dans Sa main, cette sourate et son message équivalent au tiers du Coran. »
« Alors tu vois, tu avais raison. Cette sourate résume le message central du Coran », poursuivit-il.
J’étais désormais convaincu. Les musulmans croyaient vraiment à ce principe ; nul ne ressentait le besoin de se cacher derrière des intercesseurs ni d’avoir recours à une trinité pour tenter d’expliquer les choses.
« Et qu’en est-il des deux autres tiers? », demandai-je.
« Un tiers traite des histoires des prophètes et des leçons que nous devons tirer de leurs paroles et actions. »
« Que veux-tu dire? »
« Ce que les prophètes ont fait et dit, la façon dont ils ont prêché le message à leur peuple et la façon dont ils se sont comportés envers leur famille et leur communauté. »
« Je vois. Et l’autre tiers? »
« Ce sont les commandements d’Allah sur la façon dont nous devons mener notre vie, individuellement et collectivement », dit-il. « Des trucs comme les règles régissant le mariage, le divorce, les relations parents-enfants, la purification rituelle, la prière, le jeûne, le pèlerinage, le licite et l’illicite, les interdits alimentaires, les interactions sociales, la loi divine et le châtiment. »
Je décidai que j’en avais suffisamment entendu pour cette journée et que je devais aller réfléchir à tout cela.
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