Shinto (partie 2 de 2): Un exemple de polythéisme
Description: Regard sur les croyances et les rituels shintoïstes qui font de cette religion un culte polythéiste.
- par Aisha Stacey (© 2015 IslamReligion.com)
- Publié le 09 Nov 2015
- Dernière mise à jour le 15 Nov 2015
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La religion shintoïste se pratique principalement dans les sanctuaires prévus à cet effet ou au domicile de ses fidèles. Il s’agit d’une religion comportant un grand nombre de rituels qui mettent l’accent sur la bonté inhérente à l’être humain. Bien que le shintoïsme enseigne et exige des normes morales et éthiques élevées, on n’y retrouve pas de commandements ni de lois comme tels. Il n’y a pas non plus d’Être Suprême ou de Dieu, pas plus qu’il n’y a de fondateur principal. Au fond, le shintoïsme peut se résumer à la croyance aux Kami et à leur vénération. Les Kami sont souvent décrits comme des êtres divins, bien qu’ils ne soient pas considérés comme des divinités au sens où l’entendent les adeptes des autres religions.
Les Kami ne sont pas omnipotents; ils n’existent pas dans un autre univers ni dans une autre sphère spirituelle et ils ne sont certainement pas des êtres parfaits. Ils commettent des erreurs et de mauvaises actions et certains sont carrément maléfiques. Les Kami possèdent donc plusieurs caractéristiques en commun avec les êtres humains et pourtant, on attend d’eux qu’ils protègent les humains. En échange, les humains prennent soin d’eux et accomplissent des rituels en leur honneur dans des sanctuaires ou dans de mini-sanctuaires aménagés à même leur domicile. Les Kami peuvent donc être décrits comme des esprits (ou êtres spirituels), mais leur nom fait aussi référence à l’essence de l’existence que l’on trouve en toute chose.
Les Kami sont les éléments sacrés ou mystiques que l’on retrouve dans presque tout. Ils sont partout et apportent une identité propre à tout ce qu’ils habitent. Le terme Kami fait également référence à quelque chose de caché, d’invisible. En islam, il existe aussi des créatures décrites comme des esprits, qui sont cachées et invisibles aux êtres humains; ce sont les djinns. Le mot arabe djinn vient du verbe « janna », qui signifie cacher ou dissimuler. Les djinns constituent souvent l’explication la plus plausible pour les étranges phénomènes qui affectent ou même harcèlent certaines personnes. Les gens qui ne connaissent pas la réalité des djinns sont habituellement incapables d’expliquer de tels phénomènes et les attribuent donc aux âmes de personnes défuntes.
Les djinns sont des créatures de Dieu, au même titre que toutes les autres créatures, et ils ne possèdent aucun attribut divin. Ils vivent dans le même monde que nous, mais dans une dimension parallèle, et ils peuvent être bons ou mauvais. L’islam explique cependant que la grande majorité des djinns sont maléfiques et ont réussi (et réussissent toujours) à tromper les gens et à les pousser vers le grave péché du polythéisme. Des gens offrent aux Kami des offrandes dans l’espoir de les apaiser afin qu’ils les protègent et interviennent favorablement dans leur quotidien. En islam, une telle adoration des djinns est considérée comme un très grave péché qui peut envoyer une personne directement en Enfer pour l’éternité. En islam, on nous enseigne à éloigner les djinns et on nous donne des moyens de nous protéger contre eux et leurs méfaits.
L’islam affirme catégoriquement que nul ne mérite d’être adoré à part Dieu. Bien que l’importance accordée au bien et au comportement vertueux, dans le shintoïsme, soit louable, cela est combiné à des croyances et des rituels jugés inacceptables en islam, car celui-ci considère que seul Dieu administre les affaires des êtres humains. Peu importe le nombre d’offrandes faites dans un sanctuaire, cela ne change en rien le destin décrété par Dieu. S’adonner à ce genre de rituels ne mène à rien, sauf, peut-être, à pousser une personne à nourrir des craintes et des superstitions irrationnelles.
Lorsqu’ils font leurs offrandes, les shintoïstes accomplissent d’abord des rituels de purification à l’aide d’eau et de sel. Le shubatsu est un rituel de purification au cours duquel du sel est saupoudré sur les prêtres et les fidèles (ou encore sur le sol), pour les purifier. Ce rituel est d’ailleurs connu chez les lutteurs de sumo, lorsque ceux-ci saupoudrent du sel autour du ring pour le purifier. Par ailleurs, l’un des rituels les plus simples consiste tout bonnement à se laver le visage et les mains avec de l’eau pure avant une visite au sanctuaire afin d’être suffisamment purifié pour pouvoir approcher les Kami. D’autres rituels de purification incluent le bain complet et la douche sous une chute d’eau naturelle.
Les festivals shintos (matsouri) allient les rituels solennels aux célébrations joyeuses qui incluent la consommation d’alcool. Les rituels de purification et les offrandes sont souvent associés à de la musique, à des danses et à des invocations et les prêtres shintoïstes bénissent ce qui les entoure à l’aide d’une branche provenant d’un arbre sakaki sacré et trempée dans de l’eau bénite. Dans les régions rurales, des rituels shintoïstes shamanistes sont pratiqués, au cours desquels des miko (femmes chamanes) s’adressent aux Kami en entrant en transe. Dans les sanctuaires, les cinq offrandes les plus fréquentes sont le riz, le saké, l’eau, le sel et les branches de conifères. Elles sont offertes en petites quantités symboliques, présentées dans de petits contenants en poterie et, selon les régions, les saisons et les festivals, des produits locaux, tels des fruits et des légumes, sont parfois ajoutés. Il est également de tradition d’offrir aux Kami tout mets délicat avant de le partager avec autrui.
Un autre élément important des festivals shintoïstes sont les processions, au cours desquelles le Kami du sanctuaire local est transporté sur un palanquin à travers la ville. C’est d’ailleurs le seul moment de l’année où les statues quittent les sanctuaires. Il y a également des chars allégoriques fleuris sur lesquels des gens s’assoient et qui avancent, dans les rues, accompagnés de musique de flûtes et de tambours. Pour les profanes, cette combinaison de rituels solennels et de célébrations bruyantes peut sembler irrévérencieuse, mais les shintoïstes croient que cela représente tout simplement le monde réel.
Les sanctuaires shinto et les autels aménagés dans les domiciles contiennent non seulement des statues et des idoles, mais aussi toute une gamme de talismans pour protéger les gens lorsqu’ils voyagent, par exemple, ou encore pour leur apporter une bonne santé, du succès dans leurs affaires, un accouchement sans problèmes, etc. Certains talismans particuliers sont achetés dans les sanctuaires pour attirer la chance ou pour repousser les esprits maléfiques. Ils incluent des amulettes en forme de flèches et de petites plaquettes (ema) dont un côté est vierge pour permettre aux gens d’y inscrire leurs souhaits ou leurs demandes. Dans la plupart des sanctuaires, il y a un mur recouvert de ces plaquettes en bois sur lesquelles sont inscrites des demandes faites aux Kami.
Le musulman comprend facilement que le type d’adoration que l’on retrouve dans le shintoïsme contient plusieurs éléments de shirk.[1] Apporter des offrandes, vénérer des statues et porter des talismans, tout en croyant que des créatures autres que Dieu ont le pouvoir de modifier le cours de notre existence, tout cela relève du polythéisme pur. C’est Dieu qui contrôle tout et rien, absolument rien n’arrive sans Sa volonté. En islam, la croyance en un Dieu unique, sans adoration parallèle, est le fondement même de la religion. C’est pourquoi on réfère souvent à l’islam comme au monothéisme pur, car il n’a pas été altéré par d’étranges concepts ou par des superstitions comme celles que l’on retrouve dans le shintoïsme. Dans le Coran, Dieu demande :
« N’est-ce pas Lui qui commence la création puis la recommence une autre fois? Et qui vous apporte votre subsistance du ciel et de la terre? Y a-t-il quelque autre divinité en dehors de Dieu? Dis : « Apportez votre preuve, si vous êtes véridiques! » (Coran 27:64)
Note de bas de page:
[1] Le shirk est le péché d’idolâtrie (ou de polythéisme). Il s’agit de la déification ou de l’adoration de qui que ce soit ou de quoi que ce soit en dehors de Dieu.
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