Shinto (partie 1 de 2): Qu’est-ce que le shintoïsme?
Description: Coup d’œil sur l’origine du shinto, sur son rôle dans la culture japonaise et sur les esprits appelés Kami.
- par Aisha Stacey (© 2015 IslamReligion.com)
- Publié le 09 Nov 2015
- Dernière mise à jour le 15 Nov 2015
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Selon le dictionnaire en ligne de Princeton, le shintoïsme est la plus ancienne religion indigène du Japon. Elle est dépourvue de dogme formel et est caractérisée par l’adoration d’esprits de la nature et d’ancêtres.[1]
Le nom Shinto vient des caractères chinois pour Shen (litt. « Être divin ») et Tao (pour « voie »), ce qui, ensemble, forme la « voie du divin ».[2]
Il est difficile d’estimer le nombre de pratiquants du shintoïsme à travers le monde. Certaines sources émettent des chiffres se situant entre 2,8 et 3,2 millions, tandis que d’autres estiment que près de 40% des adultes japonais le pratiquent. Si tel était le cas, leur nombre se situerait plutôt dans les 50 millions. D’autres sources avancent qu’environ 86% des adultes japonais ont une vie spirituelle basée à la fois sur le shintoïsme et le bouddhisme, ce qui augmenterait alors le nombre d’adhérents au shintoïsme à près de 107 millions.[3]
Le shintoïsme s’intéresse plus aux rituels qu’aux dogmes. C’est pourquoi les Japonais ne le considèrent pas comme une religion, mais comme un aspect de la vie japonaise. C’est pour cette raison que le shintoïsme a pu facilement coexister, des siècles durant, avec le bouddhisme. Il n’y a pas, non plus, de prosélytisme, dans le shintoïsme; il est rarement pratiqué à l’extérieur du Japon et aucun livre ou guide ne lui est associé. Ses rituels sont transmis de génération en génération.
Il n’y a pas d’écritures sacrées, dans le shintoïsme, mais il y a des livres de mythologie et de folklore japonais, le Kojiki (ou « Recueil d’affaires anciennes »), datant de l’an 712, et le Nihon-gi (ou « Chroniques du Japon »), datant de l’an 720.[4] Selon le Kojiki, des divinités auraient créé le Japon selon leur conception du paradis sur terre et l’empereur du Japon serait un descendant direct de la déesse du soleil Amaterasu. Le concept japonais de la divinité de l’empereur est souvent mal compris de ceux qui ne vivent pas au Japon. Ni l’empereur ni ses sujets n’ont jamais pensé qu’il était Dieu dans le sens d’Être suprême surnaturel. Cependant, divers mythes, par le passé, ont amené certains Japonais à croire que le Japon et son peuple étaient spéciaux et plus dignes d’être divinement protégés que les gens issus d’autres ethnies.
Le shintoïsme a vu le jour vers l’an 500 avant J.-C. et était, à l’origine, « un mélange d’adoration de la nature, de cultes de fertilité, de techniques de divination, d’adulation et de chamanisme. »[5] Il s’agit d’une religion polythéiste, au sein de laquelle les fidèles vénèrent des éléments naturels qui sont, selon eux, habités d’esprits. Ces éléments incluent, entre autres, les montagnes, les rivières, l’eau, les roches et les arbres et des ancêtres sont également vénérés. L’éthique shintoïste est fondée sur ce qui est considéré comme apportant le plus de bienfaits à la communauté.[6] « Le shintoïsme met l’accent sur la pratique du bien, sur la sensibilité et la bonne attitude. » Toute vie humaine, de même que la nature humaine, est sacrée.
L’essence même du shintoïsme, cependant, est la dévotion aux esprits invisibles appelés Kami. Ce ne sont pas des divinités ni des représentants de Dieu, mais des esprits qui ont à cœur le bien-être du peuple japonais. Si ces esprits sont bien traités, dans le cadre de rituels de dévotion, ils interviendront alors dans le quotidien des gens en leur apportant de nombreux bienfaits, dont la santé et le succès. La plupart des Kami n’ont pas de nom et les Japonais font référence à eux en parlant du Kami de tel ou tel endroit. Il y a trois types importants de Kami. Les premiers sont les Oujigami (ancêtres); les êtres humains deviennent des Kami après leur mort et sont vénérés par les membres de leur famille.[7] Les seconds sont les Kami des objets naturels et des forces de la nature. Enfin, les troisièmes sont les âmes d’ancêtres considérés comme particulièrement vertueux. Tous les gens sont considérés comme les enfants des Kami. Les croyants vénèrent les « mousouhi », i.e. les pouvoirs de création et d’harmonie des Kami, et ils espèrent acquérir le makoto (sincérité).[8] Toutefois, tous les Kami ne sont pas considérés comme bons; certains sont carrément vus comme maléfiques.
Les premiers textes parlent brièvement de la « plaine du paradis » et d’une « contrée sombre » (ou contrée impure des morts), mais font très peu mention d’un au-delà, car le shintoïsme se soucie quasi uniquement de la vie d’ici-bas et met l’accent sur le bien-être essentiel de l’humanité. Les Kami maléfiques proviendraient de l’extérieur de ce monde et affecteraient les humains par la maladie et la décadence, entre autres. Quand les gens commettent de mauvaises actions, ils laissent entrer la pollution et le mal en ce monde et obstruent le flux d’énergie positive. Par conséquent, l’objectif de la plupart des rituels shintoïstes est d’éloigner les mauvais esprits par la purification, la prière et les offrandes aux Kami.
L’introduction du bouddhisme, au Japon, au cours du sixième siècle de notre ère, n’a pas sonné le glas du shintoïsme. Les deux religions coexistent depuis et des statuettes bouddhistes ont adopté des identités shintoïstes. C’est ainsi que les nouveaux convertis au bouddhisme n’eurent pas à abandonner leurs croyances traditionnelles. Au Japon, les lieux d’adoration shintoïstes sont appelés sanctuaires, tandis que les lieux d’adoration bouddhistes sont appelés temples. Les Kami habitent les sanctuaires et chaque village, ville ou département possède son propre sanctuaire shintoïste. S’il se trouve des statues dans les sanctuaires, elles ne sont pas vénérées; elles sont là, entre autres, pour représenter certains animaux, comme des renards ou des chevaux, qui sont au service des Kami. L’adoration shintoïste est hautement ritualisée et peut avoir lieu autant dans les sanctuaires qu’aux domiciles des fidèles.
Plusieurs domiciles japonais ont un espace aménagé, appelé Kami-dana, qui fait office de sanctuaire. C’est là que sont faites les offrandes de fleurs et de nourriture et que sont accomplies les prières. Ce lieu contient également une étagère sur laquelle se trouve une réplique en miniature du sanctuaire local. On peut également trouver, sur cette étagère, des amulettes servant à attirer la chance et à absorber la malchance, de même qu’un miroir servant de lien entre l’étagère et le Kami.
Le shintoïsme imprègne la vie japonaise à plusieurs niveaux. En effet, on retrouve, dans la culture japonaise, l’architecture shintoïste, de même que d’anciennes formes d’art telles le théâtre No, la calligraphie et le gagaku. On retrouve également d’anciennes musiques de danse remontant à la dynastie chinoise Tang (618-907). Dans tout le Japon, de nombreuses cérémonies nuptiales s’inspirent du shintoïsme. La mort, cependant, est considérée comme une source d’impureté et c’est pourquoi il n’existe pratiquement pas de cimetières shintoïstes et que la plupart des cérémonies funèbres sont menées selon les règles bouddhistes.[9]
Dans la deuxième partie, nous ferons une comparaison entre les Kami et les esprits, en islam, que l’on appelle les djinns. Nous parlerons des festivals et des rituels shintoïstes et du fait que les shintoïstes sont contraints aux superstitions rituelles souvent associées aux religions polythéistes.
Note de bas de page:
[1] (wordnetweb.princeton.edu/perl/webwn)
[2] (http://www.bbc.co.uk/religion/religions/shinto/ataglance/glance.shtml)
[3] (http://www.religioustolerance.org/shinto.htm)
[4] (http://www.beliefnet.com/Faiths/Shinto/index.aspx)
[5] (http://www.shinreikyo.or.jp)
[6] (http://www.trincoll.edu/)
[7] (http://www.japan-guide.com/e/e2056.html)
[8] (http://www.religioustolerance.org/shinto.htm)
[9] (http://www.japan-guide.com/e/e2056.html)
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