Bilal Ibn Rabah (partie 2 de 2): Le premier muezzin de l’islam
Description: Du gouffre de l’esclavage à la hauteur des minarets.
- par Aisha Stacey (© 2014 IslamReligion.com)
- Publié le 02 Jun 2014
- Dernière mise à jour le 02 Jun 2014
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L’histoire de la conversion à l’islam de Bilal ibn Rabah est une histoire percutante, où s’entremêlent esclavage, islam, torture et liberté. Elle nous parle de racisme tout en étant une leçon de pluralisme et elle nous enseigne que la piété est la seule qualité permettant de mesurer la réelle valeur d’une personne. L’histoire de Bilal, c’est aussi l’histoire de l’adhan (appel à la prière), car Bilal fut le premier muezzin de l’islam.[1]
À travers le monde, l’un des plus puissants symboles de l’islam est l’appel à la prière. La voix du muezzin résonne à travers les villes et les champs, sur les plages et dans les vallées. Lorsqu’on l’a entendu ne serait-ce qu’une fois, on n’oublie jamais le son du adhan et nombreux sont ceux qui ont embrassé l’islam après avoir été séduits, au départ, par l’appel à la prière. Adhan, qui signifie « annonce » n’est mentionné qu’une seule fois dans le Coran, mais cela ne l’empêche pas de faire partie intégrante de la vie du musulman.
Pour ceux nés au sein de l’islam, c’est souvent la première chose qu’ils entendent. Car immédiatement après la naissance, le père de l’enfant, ou toute autre personne importante dans la vie du nouveau-né, prend ce dernier dans ses bras et lui chuchote les paroles de l’adhan dans l’oreille droite. La prière est annoncée, par l’intermédiaire de l’adhan, cinq fois par jour, que ce soit du haut des minarets ou encore des téléphones et des ordinateurs des particuliers. Lorsqu’un musulman entend l’adhan, il se prépare alors à aller prier.
Parce que Bilal possédait une superbe et puissante voix, il eut l’honneur d’être le premier homme à appeler les croyants à la prière en faisant l’adhan du haut d’un minaret.
« Ô vous qui croyez! Lorsque vous entendez l’appel à la prière, le vendredi, empressez-vous d’aller invoquer Dieu et délaissez toute transaction commerciale. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez! » (Coran 62:9)
En l’an 622, le prophète Mohammed, Bilal et la majeure partie de la communauté musulmane naissante émigrèrent à Médine. C’est là que le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) établit la nation musulmane. Bilal était le plus souvent à ses côtés et, tel que le rapporta un commentateur : « Chaque événement dans la vie de Mohammed fut un événement dans la vie de Bilal ». On rapporte que Bilal était si proche du Prophète que c’est lui qui était chargé de le réveiller le matin.
Selon des hadiths authentiques, le prophète Mohammed souhaitait trouver un moyen d’inviter les musulmans à venir prier ensemble, à des heures déterminées, et il voulait quelque chose d’unique. C’est à ce moment qu’Abdoullah bin Zaid, un de ses compagnons, lui parla d’un rêve qu’il avait fait.
« J’ai vu, en rêve, un homme qui portait deux pièces de vêtement de couleur verte et qui tenait une cloche à la main. Je lui dis : « Ô serviteur de Dieu, souhaites-tu vendre cette cloche? ». Il me demanda : « Que comptes-tu faire avec? ». Je lui répondis : « Nous l’utiliserons pour appeler les gens à la prière. » Il dit : « Je vais te montrer quelque chose de mieux que cela. » Je lui dis : « D’accord. » Et il dit : « Dis : Allahou akbar, allahou akbar! (Dieu est grand! Dieu est grand!)… »[2]
Dieu est grand! Dieu est grand! J’atteste qu’il n’y a pas de divinité à part Dieu et que Mohammed est Son messager. Venez prier! Venez prier! Venez vers le salut! Venez vers le salut! Dieu est grand! Dieu est grand! Il n’y a pas de divinité à part Dieu. [3]
Le hadith se poursuit : « Le prophète Mohammed écouta le récit du rêve et dit : « C’est un rêve authentique (i.e. un rêve envoyé par Dieu). Va chercher Bilal, raconte-le-lui et apprend-lui les paroles afin qu’il puisse appeler les gens à la prière, car il a une belle voix. » Alors j’allai voir Bilal, lui racontai mon rêve et il fit l’appel à la prière. Omar ibn al-Khattab entendit l’appel alors qu’il se trouvait chez lui. Il se précipita à l’extérieur, traînant son manteau derrière lui et s’exclama, en voyant le Prophète : « Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, ô Messager de Dieu, j’ai fait le même rêve! » Mohammed fut heureux de l’entendre et dit : « Gloire à Dieu ».[4]
Durant la décennie suivant la migration à Médine, Bilal suivit le Prophète dans toutes ses expéditions militaires et eut l’honneur de porter son épée. Il combattit lors de la bataille de Badr, au cours de laquelle il eut l’occasion de tuer son ancien maître, Oumayya ibn Khalaf. Bilal fut aussi présent à la bataille d’Ouhoud et à la bataille des tranchées.
La vie de Bilal, après sa conversion à l’islam, fut parsemée de moments de bonheur. Mais son heure la plus mémorable est certainement celle qui eut lieu en l’an 630, lors de ce qui est considéré comme un des moments les plus bénis de l’histoire de l’islam. Après que l’armée musulmane eut conquis la Mecque, Bilal monta sur le toit de la Kabah, la maison de Dieu, pour faire l’appel à la prière (adhan); c’était la première fois que l’adhan résonnait dans la ville la plus sacrée de l’islam.
Après la mort de Mohammed, Bilal ne fut plus jamais le même. Le lendemain de sa mort, il monta au sommet du minaret pour appeler les fidèles à la prière de l’aube. Mais, alors qu’il prononçait l’adhan, il éclata en sanglots et des torrents de larmes se mirent à rouler sur ses joues. Il parvint à terminer l’adhan d’une voix affaiblie par l’émotion. Après cela, il cessa complètement de faire les appels à la prière à Médine.
Continuer de vivre à Médine, avec tous les souvenirs qui y étaient rattachés, lui fut beaucoup trop pénible; il partit donc vivre ailleurs. Plus tard, alors qu’il visitait Médine, les petits-fils de Mohammed lui demandèrent de faire l’adhan et il accepta. Une foule de souvenirs se bousculèrent alors en sa mémoire et ceux qui avaient connu les jours glorieux en compagnie de Mohammed, l’époque où la voix de Bilal retentissait cinq fois par jour, ne purent retenir leurs larmes.
On croit que Bilal est mort en Syrie entre 638 et 642. Dans son ouvrage intitulé « Tarikh al-Khulafa », Imam al-Souyouti écrit : « Il (Bilal) est mort à Damas alors qu’il avait un peu plus de soixante ans. » D’autres croient qu’il serait mort à Médine. Mais ce dont nous sommes certains, c’est de sa destination éternelle au Paradis, car le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) l’appelait « l’homme du Paradis ».[5]