L’histoire d’Abraham (partie 1 de 7) : Introduction
Description: Présentation d’Abraham et la position élevée qu’il occupe à la fois dans le judaïsme, le christianisme et l’islam.
- par IslamReligion.com
- Publié le 22 Jun 2009
- Dernière mise à jour le 30 Jul 2023
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L’un des prophètes les plus souvent mentionnés, dans le Coran, est Abraham. Le Coran parle de sa foi inébranlable en Dieu, qui lui a d’abord demandé de rejeter son peuple à cause de son idolâtrie et qui l’a plus tard testé de multiples façons.
En islam, Abraham est décrit comme un pur monothéiste qui appelle son peuple à l’adoration exclusive de Dieu. Ce monothéisme strict n’est pas sans lui faire subir diverses épreuves; il se voit obligé de se dissocier de sa famille et de son peuple en émigrant au loin. Il obéit aux ordres de Dieu, par lesquels il est testé, mais par lesquels, aussi, il démontre à chaque fois sa fidélité envers Lui.
À cause de cette foi inébranlable qui était la sienne, le Coran parle de l’islam comme de la « religion d’Abraham », même si d’autres prophètes avant lui, comme Noé, avaient appelé les gens à suivre cette même voie. Et à cause de son obéissance de chaque instant envers Dieu, Dieu lui a donné le titre spécial de « Khalil », ou serviteur bien-aimé, titre jamais donné à aucun autre prophète. Grâce à son excellent caractère, Dieu a fait naître d’autre prophètes parmi ses descendants, dont Ismaël, Isaac, Jacob et Moïse, qui ont tous contribué à guider les gens vers la vérité.
La position élevée d’Abraham est reconnue par les trois grandes religions (judaïsme, christianisme et islam). Les juifs le voient comme la vertu incarnée, car il s’est conformé à tous les commandements avant même qu’ils soient révélés (ils n’ont été révélés que plus tard, à Moïse). Il est considéré comme le père du peuple élu et de tous les prophètes, par lequel Dieu a initié la révélation. Dans le christianisme, il est considéré comme le père des croyants (Romains 4 :11) et sa confiance en Dieu et son sacrifice ont été pris en exemples par les « saints » chrétiens (Hébreux 11).
Comme Abraham occupe une place aussi importante au sein des trois grandes religions, il mérite que l’on étudie sa biographie et que l’on cherche à connaître les qualités qui l’ont élevé à la position que Dieu lui a accordée.
Bien que le Coran et la sounnah ne racontent pas la vie d’Abraham en détail, ils mentionnent plusieurs faits qui méritent d’être connus. En fait, ils détaillent certains aspects de sa vie pour clarifier et démentir certaines croyances erronées à son sujet que l’on retrouve dans le judaïsme et le christianisme, ou pour expliquer certaines leçons morales.
Son nom
Dans le Coran, le seul nom donné à Abraham est « Ibrahim » (ou « Ibraham »), qui partagent la même racine b-r-h-m. Même si la Bible prétend qu’Abraham s’appelait d’abord Abram (et on explique que Dieu modifia plus tard son nom), le Coran ne mentionne rien à ce sujet et s’abstient de nier ou de confirmer cette information. Les érudits judéo-chrétiens modernes doutent cependant qu’un changement de nom ait réellement eu lieu et parlent plutôt de « jeux de mots populaires ». Les assyriologues suggèrent que la lettre hébraïque Hê (h), dans le dialecte minéen, remplace le « a » allongé (ā) et que la différence entre Abraham et Abram n’est que dialectale.[1] On pourrait aussi prendre pour exemple les noms Sarai et Sarah, dont la signification est identique.[2]
Sa patrie
On estime qu’Abraham serait né environ 2166 ans avant Jésus dans la ville, ou près de la ville d’Ur, en Mésopotamie[3] [4], située à près de 320 kilomètres au sud-est de l’actuelle ville de Bagdad[5]. Selon la Bible, son père s’appelait Azar, Terah ou Terakh. C’était un idolâtre, descendant de Sem, fils de Noé. Certains exégètes croient qu’il se faisait appeler Azar, selon le nom d’une idole à laquelle il était particulièrement dévoué.[6] Il était probablement Akkadien, ce peuple sémitique de la Péninsule arabe qui s’était installé en Mésopotamie au cours du troisième millénaire avant Jésus.
Il semble qu’Azar émigra avec des membres de sa famille vers la ville de Haran alors qu’Abraham était encore enfant, bien que la tradition judéo-chrétienne[7] croit qu’Abraham était plus âgé lors de cette émigration, qui se serait faite après qu’il eût été rejeté par les gens de sa ville natale. La Bible raconte que Haran, l’un des frères d’Abraham, est mort à Ur, « son pays natal » (Genèse 11 :28), mais il était beaucoup plus âgé qu’Abraham, puisque son autre frère, Nahor, prend alors la fille de Haram comme épouse (Genèse 11 :29). La Bible ne fait aucune mention de l’émigration d’Abraham à Haran; le premier ordre qu’il reçoit d’émigrer est en fait un ordre de quitter Haran, comme s’il s’y était déjà installé (Genèse 12 :1-5). Si nous supposons que le premier ordre d’émigrer faisait référence à une émigration d’Ur à Canaan, il semble qu’il n’y avait aucune raison pour qu’Abraham se rende avec sa famille à Haran, y laisse son père, puis se rende à Canaan par la suite, sans mentionner l’impossibilité géographique d’un tel déplacement (voir la carte).
Le Coran, lui, fait mention de la migration d’Abraham, mais il la situe après qu’Abraham se soit dissocié de son père et des gens de sa tribu à cause de leur incroyance. S’il avait vécu à Ur, à cette époque, il aurait été improbable que son père se rende avec lui à Haran après avoir rejeté son invitation au monothéisme et l’avoir torturé à l’aide de ses concitoyens. Quant à savoir pourquoi ils ont émigré, des découvertes archéologiques laissent croire que la ville d’Ur était une grande ville qui connut à la fois son essor et sa chute du vivant d’Abraham[8],ils furent donc peut-être forcés de quitter à cause de diverses adversités et choisirent de se rendre à Haran, qui partageait la même religion qu’Ur.[9]
La religion de Mésopotamie
Des découvertes archéologiques ont permis de reconstituer très clairement la vie religieuse en Mésopotamie. Ses habitants étaient des polythéistes qui croyaient en un panthéon dans lequel chaque divinité avait sa propre sphère d’influence. L’immense temple dédié au dieu lunaire akkadien,[10] Sin, occupait le centre de la ville d’Ur. La ville de Haran avait également adopté le dieu lunaire comme principale divinité. Ce temple d’Ur était considéré, par ses habitants, comme la maison physique de Dieu. La grande divinité du temple était une idole de bois entourée d’autres idoles, ou « divinités », censées la servir.
Connaissance de Dieu
Alors que les érudits judéo-chrétiens émettent des opinions divergentes quant au moment exact où Abraham connut l’existence de Dieu – à l’âge de trois, dix ou quarante-huit ans[11] – le Coran, lui, ne fait aucune mention de l’âge qu’avait Abraham lorsqu’il reçut sa première révélation. Il semblerait, toutefois, qu’il était alors assez jeune, car le Coran fait référence à lui en tant que « jeune homme » au moment où son peuple tente de l’exécuter pour avoir rejeté leurs idoles, et Abraham lui-même dit à son père avoir reçu un savoir qui ne lui est jamais parvenu (à son père) (19:43).
Le Coran, par ailleurs, mentionne clairement qu’Abraham fut l’un des prophètes à qui une écriture fut révélée :
« [Ces vérités] se trouvent [déjà relatées] dans les premières Écritures, celles d’Abraham et de Moïse. » (Coran 87:18-19)
Footnotes:
[1]Abraham. The Catholic Encyclopedia, Volume I. Copyright © 1907 par Robert Appleton Company. Édition en ligne : Copyright © 2003 par K. Knight Nihil Obstat, 1er mars 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, archevêque de New York. (http://www.newadvent.org/cathen/01051a.htm)
[2]Sarah. The Catholic Encyclopedia, Volume I. Copyright © 1907 par Robert Appleton Company. Édition en ligne: Copyright © 2003 par K. Knight Nihil Obstat, 1er mars 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, archevêque de New York.) (Abraham. Charles J. Mendelsohn, Kaufmann Kohler, Richard Gottheil, Crawford Howell Toy. The Jewish Encyclopedia.
[3] Mésopotamie: ancienne région de l’Asie du sud-ouest, entre le Tigre
et l’Euphrate de l’Irak actuel. Probablement établie au sixième millénaire
avant Jésus, la région a été habitée par de nombreuses civilisations, incluant Sumer,
Akkad, Babylone et l’Assyrie. (The American
Heritage® Dictionary of the English Language, Fourth Edition
Copyright © 2000 by Houghton Mifflin Company.)
[4] L’ancêtre du peuple hébreu, Abram, était, nous dit-on, né à « Ur des Chaldéens ». « Chaldéens » est une traduction erronée de l’hébreu Kasdim, lequel est le nom utilisé par l’Ancien Testament pour désigner les Babyloniens, tandis que les Chaldéens étaient une tribu qui vivait sur les rives du Golfe Persique et qui ne fit pas partie du peuple babylonien avant l’époque de Ézéchias. Ur était l’une des villes babyloniennes les plus vieilles et les plus connues. Son site s’appelle aujourd’hui Mougheir ou Mougayyar, sur la rive occidentale de l’Euphrate. (Easton’s 1897 Bible Dictionary). Certains érudits judéo-chrétiens affirment que la « Ur-Kasdim » mentionnée dans la Bible n’est pas Ur, mais fait plutôt référence à la ville d’Ur-Kesh, sise en Mésopotamie du Nord et proche de Haran. (From Abraham to Joseph - The historical reality of the Patriarchal age. Claus Fentz Krogh. (http://www.genesispatriarchs.dk/patriarchs/abraham/abraham_eng.htm).
[5] Ibn Asakir, un érudit et historien musulman connu, a lui aussi confirmé cette opinion et affirmé qu’il était né à Babylone. Voir « Qisas al-Anbiya », ibn Kathir.
[6] Stories of the Prophets, ibn Kathir. Darussalam Publications.
[7] Comme il n’y a que peu de détails sur la vie d’Abraham dans la Bible, la majeure partie de ce que les gens croient à son sujet tire sa source de diverses traditions judéo-chrétiennes recueillies dans le Talmud et divers autres écrits rabbiniques. Une grande partie de ce qui est écrit dans la Bible au sujet d’Abraham est considéré, par les érudits judéo-chrétiens, comme des légendes qui ne peuvent être prouvées d’aucune façon.
(Abraham. The Catholic Encyclopedia, Volume I. Copyright © 1907 par Robert Appleton Company. Édition en ligne: Copyright © 2003 par K. Knight Nihil Obstat, 1er mars, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, archevêque de New York.) (Abraham. Charles J. Mendelsohn, Kaufmann Kohler, Richard Gottheil, Crawford Howell Toy. The Jewish Encyclopedia. (http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=360&letter=A#881)
[8] (http://www.myfortress.org/archaeology.html)
[9] (http://www.myfortress.org/archaeology.html)
[10] Akkad: ancienne région de Mésopotamie qui occupait la partie nord
de Babylone. (The American Heritage® Dictionary of the English Language,
Fourth Edition
Copyright © 2000 by Houghton Mifflin Company.)
[11] Gen R. xxx. Abraham. Charles J. Mendelsohn, Kaufmann Kohler, Richard Gottheil, Crawford Howell Toy. The Jewish Encyclopedia. (http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=360&letter=A#881).