La véritable richesse (partie 1 de 2)
Description: La réalité de la vie en ce monde.
- par Yasir al-Qadhi
- Publié le 08 Apr 2013
- Dernière mise à jour le 08 Apr 2013
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Nombreux sont ceux qui présument que la véritable richesse est celle de l’argent. En fait, il est vrai que la richesse peut être une grande bénédiction de Dieu. Et celui qui l’acquiert de manière licite, qui la dépense convenablement et qui la partage avec ceux qui en ont besoin avec l’intention de plaire à Dieu, nul doute que Dieu le récompensera généreusement.
Mais il faut savoir, aussi, que la richesse matérielle n’est pas la plus grande bénédiction que Dieu puisse apporter à un être humain. Peu importe à quel point une personne est riche, elle devra, un jour, se séparer de cette richesse, qui passera entre les mains de ses héritiers. Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) nous a rappelé ce fait lorsqu’il a demandé à ses compagnons :
« Qui, parmi vous, aime l’argent de ses héritiers plus que son propre argent? » Ils dirent : « Ô Messager de Dieu, nul d’entre nous n’aime plus l’argent de ses héritiers que son propre argent. » Alors le Prophète répondit : « Mais son argent, il ne fait pourtant que le dépenser, tandis que l’argent de ses héritiers est ce qu’il laisse derrière lui. » (Sahih al-Boukhari)
En réalité, une bonne partie de l’argent que possède une personne finira entre les mains de ses héritiers et seule la partie de son argent qui fut dépensée pour plaire à Dieu lui profitera dans l’au-delà.
Dieu met l’accent sur ce point, dans le Coran, lorsqu’Il dit :
« Les biens et les enfants sont des parures de la vie d’ici-bas. Mais les bonnes actions qui perdurent méritent une meilleure récompense, aux yeux de ton Seigneur et [constituent le meilleur fondement] de l’espoir. » (Coran 18:46)
L’argent et les enfants, donc, peuvent être des plaisirs de ce monde, mais seules les bonnes actions demeureront éternellement et non la famille ou l’argent. Ce sont ces bonnes actions qui feront en sorte que Dieu sera satisfait d’une personne et c’est par elles que cette personne peut espérer une récompense éternelle dans l’au-delà. Dieu dit, dans le Coran :
« Ni vos biens ni vos enfants ne vous rapprocheront de Nous. Il n’y a que ceux qui croient et qui font le bien [qui se rapprochent de Nous]. Ceux-là recevront une double récompense pour leurs œuvres et ils demeureront, en toute sécurité, aux étages supérieurs (du Paradis). » (Coran 34:37)
Dans une parabole bien connue du Coran, Dieu compare la vie d’ici-bas à un champ cultivé qui devient florissant après la pluie, mais qui finit néanmoins par jaunir et se dessécher après un temps relativement court :
« Sachez que la vie d’ici-bas n’est que jeu, amusement, vaines parures, une course à l’ostentation entre vous, et une rivalité en biens et progéniture. Elle est à l’image d’une pluie féconde ayant fait surgir de terre une végétation qui, à pleine maturité, réjouit le cœur des cultivateurs mais qui, par la suite, se dessèche et jaunit, pour n’être réduite, à la fin, qu’à des débris s’effritant (au vent). Et dans l’au-delà, il y aura soit un pénible châtiment, soit le pardon et l’agrément de Dieu. Et la vie d’ici-bas n’est faite que de jouissances illusoires. » (Coran 57:20)
L’imam al-Sa’adi a ainsi résumé un commentaire sur ce verset :
« Dans ce verset, Dieu nous rappelle la véritable nature de cette vie et ce sur quoi elle se fonde réellement. Et Il nous explique comment elle se termine et quelle fin connaissent ceux qui y vivent. Il nous dit qu’il ne s’agit que d’un monde illusoire, un monde de jeux, d’amusements et de vaines parures dans lequel nos corps jouent un rôle et nos cœurs sont distraits. Et nous ne pouvons que constater que c’est là exactement ce que vivent ceux qui ne croient à rien d’autre qu’à ce monde, qu’ils gâchent leur vie entière dans une quête effrénée visant à distraire leur cœur. Ils sont dans l’ignorance totale de Dieu et de ce qui les attend dans l’au-delà en termes de rétribution. Vous les voyez se moquer de la religion en ne la considérant que comme un passe-temps. À l’opposé, vous avez ceux qui sont conscients de la réalité de la vie d’ici-bas et qui fournissent tous les efforts pour s’assurer la réussite dans l’au-delà. Dieu est bien vivant dans leur cœur et ils sont occupés à accomplir des actions qui les rapprochent de Dieu, actions qui leur apportent des bienfaits à eux-mêmes ou aux autres.
Chez ceux qui vivent pour le monde d’ici-bas, les mots « amusement et vaines parures » signifie qu’ils s’efforcent d’avoir les plus beaux vêtements, les meilleures boissons et nourritures, les meilleurs moyens de transport, les meilleures demeures, le statut le plus élevé, etc. Les mots « une course à l’ostentation entre vous, et une rivalité en biens et progéniture » signifie qu’ils sont tous attachés à ce bas monde et font tout pour surpasser les autres et pour satisfaire leurs désirs. Chacun veut avoir les meilleurs enfants, desquels il peut tirer son orgueil, de même que le plus gros montant d’argent, pour ressentir la satisfaction d’avoir surpassé les autres. C’est ce que l’on constate chez ceux qui aiment ce monde et qui y trouvent entière satisfaction.
Vous avez, par ailleurs, ceux qui ont compris la réalité de ce monde et qui le conçoivent comme un lieu de séjour passager et non comme une fin en soi. Alors ils s’efforcent de se rapprocher de Dieu et prennent les moyens nécessaires pour s’assurer d’arriver à la destination promise. Alors quand ils voient des gens qui tentent de les surpasser en termes d’enfants et de richesses, ils les surpassent, de leur côté, en termes de bonnes actions.
Dieu nous présente une parabole de ce monde. C’est comme une pluie qui tombe sur la terre et qui se mélange à la végétation, qui est ensuite consommée par les hommes et les animaux. Et, quand la végétation devient belle et luxuriante et que les mécréants – qui sont incapables de voir plus loin que cette vie – sont émerveillés par ses fruits, le commandement de Dieu descend sur elle. Alors elle se flétrit, se dessèche et retourne à son état initial, comme si la terre n’avait jamais produit quoi que ce fût.
Tel est ce monde dans lequel nous vivons. Tant qu’il est en floraison et tout en beauté pour celui qui l’aime, celui-ci peut profiter de ses trésors et de son abondance… jusqu’à ce que le décret de Dieu s’abatte sur lui. Alors, tout le gain matériel qu’il a accumulé s’échappe de ses mains et il perd tout contrôle dessus. Puis, il est lui-même retiré de ce monde, qu’il quitte sans rien d’autre que sa propre personne. À la fin, il n’en aura rien retiré de bénéfique, si ce n’est un linceul avec lequel on enveloppera son corps. Honte, donc, à celui qui fait de la réussite matérielle de la vie d’ici-bas son but ultime, pour lequel il sacrifie tout, toute sa vie durant.
Quant aux actions faites en prévision de l’au-delà, voilà ce qui profitera à celui ou celle qui les accomplit. Il ou elle retrouvera le fruit de ses efforts, qui ne le/la quittera jamais. C’est pourquoi Dieu a dit :
« Ceux qui ne croient pas recevront un terrible châtiment. Tandis que ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres recevront un pardon et une énorme récompense. » (Coran 35:7)
Dans l’au-delà, il n’y aura donc que ces deux réalités. Pour ce qui du châtiment, il aura lieu dans le feu de l’Enfer, avec ses précipices, ses chaînes et ses horreurs. Ce lieu sera pour ceux qui auront fait de cette vie leur objectif ultime, sans croire à un au-delà; pour ceux qui auront consciemment désobéi à Dieu et rejeté Ses signes et qui n’auront reconnu aucune de Ses bénédictions.
Quant au pardon, à l’absolution et à la satisfaction de Dieu, ils seront pour ceux qui se seront efforcés d’atteindre le succès dans l’au-delà, ceux qui auront compris la véritable nature de ce monde et qui auront été sincères dans leurs efforts.
Savoir tout cela, donc, devrait diminuer notre enthousiasme pour ce monde et augmenter notre désir de réussite dans l’au-delà. Dieu a dit : « Et la vie d’ici-bas n’est faite que de jouissances illusoires. » Cette vie est donc un lieu de jouissances dont peut très bien profiter le croyant pour combler ses besoins. Mais nul autre que le faible d’esprit ne sera trompé par les artifices de cette vie jusqu’à y trouver pleine satisfaction; tel est celui que Dieu laisse le diable égarer.[1]
La véritable richesse (partie 2 de 2)
Description: Comment trouver le contentement en ce monde.
- par Yasir al-Qadhi
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Peu importe le montant d’argent qu’une personne gagne, elle finit, le plus souvent, par n’en utiliser qu’une partie. Méditez sur ce sage rappel du Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui). Abdoullah ibn al-Shakhir a rapporté ce qui suit :
« J’entrai chez le Prophète alors qu’il récitait « alhakoum al-takathour » :
« La course aux richesses vous distrait… » (Coran 102:1)
Il dit :
« Le fils d’Adam dit : « Mon argent! Mon argent! » Mais ne possèdes-tu, ô fils d’Adam, de ton argent autre chose que ce tu manges et qui se transforme en déchet ou que tu portes et qui finit par s’user ou que tu donnes en charité pour en retirer une rétribution dans l’au-delà? » (Sahih Mouslim)
Dans ce hadith, le Prophète nous rappelle qu’en réalité, tout notre argent est généralement utilisé de trois façons principales. D’abord, pour nous nourrir, ce qui finit toujours en déchets. Ensuite, pour nous vêtir, et nos vêtements finissent par s’user et nous devons les jeter. Enfin, en charité donnée par amour pour Dieu, dont on retire une récompense ici-bas et/ou dans l’au-delà. À quoi sert, alors, de se vanter de son argent et d’en vouloir toujours plus quand on sait que seule une petite partie est dépensée de manière à apporter un bénéfice éternel à son possesseur?
C’est pourquoi le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) nous a fait comprendre que la richesse d’une personne n’est pas proportionnelle à ses possessions matérielles. La véritable richesse, c’est d’être satisfait de ce que l’on a et d’utiliser ce qu’on possède, que ce soit peu ou beaucoup, pour se tailler une place au Paradis. Le Prophète a dit :
« La richesse ne se trouve pas dans la quantité d’avoirs matériels d’une personne. La véritable richesse est celle que l’on trouve au fond de soi-même (ou dans son contentement). » (Sahih al-Boukhari)
Il a également dit :
« Ce qui est en petite quantité, mais qui suffit, est meilleur que ce qui est en grande quantité, mais qui finit par nous distraire. »[1]
Il a aussi dit :
« Connaît vraiment le succès celui qui a été guidé à l’islam et dont la subsistance lui suffit et qui s’en contente. » (Sahih Mouslim)
Enfin :
« La meilleure subsistance que vous recevez est celle qui vous suffit. »[2]
Il est donc clair que la richesse et le succès véritables se trouvent dans la paix et le contentement qui découlent de la sincérité de la foi et de la pratique religieuse. C’est grâce à la satisfaction qu’elle ressent dans son cœur qu’une personne peut réaliser et apprécier cette vraie richesse. Dans un autre hadith, le Prophète a ainsi décrit cette richesse :
« Quiconque, parmi vous, se réveille en toute sécurité, dans sa maison, en bonne santé et ayant à sa disposition suffisamment de nourriture pour la journée, c’est comme s’il possédait le monde entier et tout ce qu’il contient. »[3]
« Quiconque » fait référence aux musulmans, dont la plus grande bénédiction est l’islam. « Se réveille » signifie que cette personne a la chance d’être en vie. « En toute sécurité dans sa maison » signifie sans crainte d’être attaqué ou de voir la sécurité de sa famille menacée. « En bonne santé » rappelle que Dieu a évité la maladie à cette personne. « Ayant à sa disposition suffisamment de nourriture pour la journée » signifie que même une quantité minimale de subsistance est une grande bénédiction de Dieu, car c’est l’essentiel pour maintenir une bonne santé et beaucoup de gens n’y ont même pas accès. Et « c’est comme s’il possédait le monde entier et tout ce qu’il contient » indique que c’est là tout ce dont une personne a besoin, dans cette vie, et tout ce qui vient s’ajouter à ce minimum est un luxe superflu. Le contentement envers la subsistance que Dieu nous accorde, qu’elle soit importante ou minimale, équivaut au contentement envers la vie en général et c’est là la plus grande richesse que puisse posséder une personne. Le Prophète a aussi dit :
« En vérité, Dieu teste Son serviteur avec ce qu’Il lui donne. Alors quiconque est satisfait de ce que Dieu lui a donné, Dieu en fera une bénédiction et lui donnera plus. Mais quiconque est insatisfait de ce que Dieu lui a donné, il n’y trouvera aucune bénédiction. »[4]
Ceux qui sont satisfaits de leur subsistance et de leurs avoirs, en ce monde, n’éprouvent pas d’intérêt pour les richesses et le statut d’autrui, ne s’intéressent pas à combien d’argent possèdent les autres, aux voitures qu’ils conduisent ou à la grandeur de leur maison. Ceux qui possèdent un cœur pur aiment Dieu et Lui sont reconnaissants, sachant que les biens de ce monde ne peuvent acheter ni le bonheur ni la foi ni le sentiment de contentement. En retour, ils sont aimés de Dieu et d’autrui. Ce principe est clairement souligné dans la sounnah du Prophète :
« Laissez tomber ce monde et Dieu vous aimera. Et laissez tomber (le désir de posséder) ce que possèdent les autres et les gens vous aimeront. »[5]
Dans une autre narration, une personne vint voir le Prophète et lui demanda : « Ô messager de Dieu, cite-moi un hadith et fais qu’il soit court. » Alors le Prophète répondit :
« Fais ta prière comme si c’était la dernière et comme si tu pouvais voir Dieu; car même si tu ne le voies pas, sache que Lui, te voit. Et laisse tomber le désir de posséder ce que possèdent les autres et tu mèneras une vie saine. Et méfie-toi de toute chose pour laquelle tu pourrais avoir à t’excuser plus tard. »[6]
Alors quiconque fait de son but premier la satisfaction de Dieu et la récompense de l’au-delà sera aimé de Dieu; et quiconque évite de rivaliser avec ses frères et sœurs en islam dans les choses de ce monde sera aimé des gens. Et cette richesse – l’amour de Dieu et des hommes – est bien meilleure que tout ce que l’argent peut acheter.
Les pieux prédécesseurs de notre nation avaient bien compris ce principe. Awn ibn Abdillah[7] a dit : « La plus grande bénédiction est que lorsque les choses deviennent difficiles, pour vous, vous appréciez ce qui vous a été donné parmi les bénédictions de l’islam. »[8] Alors la prochaine fois que vous vous retrouvez en grande difficulté financière, plutôt que de considérer les plaisirs matériels et temporaires que vous êtes incapable d’acquérir, méditez donc sur le « trésor de la foi » dont Dieu vous a comblé et appréciez la chance que vous avez d’être musulman. De même, quand vous êtes très heureux suite à un gain monétaire ou, au contraire, angoissé suite à une perte monétaire, rappelez-vous cette déclaration de Mouhammad ibn Souqah :
« Il y a deux caractéristiques qui, même si Dieu ne nous châtie pas à cause d’elles, sont répréhensibles : nous sommes en extase lorsque nous faisons un petit gain monétaire en ce monde, alors que Dieu ne nous a jamais vus aussi excités pour une bonne action que nous avons accomplie. Et nous devenons angoissés lorsqu’une chose de ce monde nous a échappée, alors que Dieu ne nous a jamais vus aussi inquiets pour un péché que nous avons commis. »[9]
Je conclus cet article en citant le verset du Coran dans lequel Dieu rappelle au Prophète et aux croyants de ne pas trop désirer les richesses de ce monde et de fournir tous les efforts pour atteindre au succès dans l’au-delà :
« Et ne convoite point les jouissances temporaires que Nous avons accordées à certains d’entre eux, comme décor de la vie présente, et par lesquelles Nous les éprouvons. Ce que ton Seigneur a à t’offrir est bien meilleur et plus durable. » (Coran 20:131)
Footnotes:
[1] Abu Ya’la, Ibn Adi et al-Albani l’a authentifié dans al-Sahihah
[2] Ibn Hibban. Voir al-Silsilah al-Sahihah.
[3] Al-Tirmidhi, Sahih Al-Boukhari, Ibn Hibban. Al-Albani est d’accord avec al-Tirmidhi dans son Silsilah.
[4] Rapporté par Ahmad, tel que mentionné dans al-Sahihah.
[5] Ibn Majah, Al-Hakim. Al-Albani l’a également classé authentique dans al-Silsilah.
[6] Sahih Al-Boukhari, Al-Tabarani
[7] Abdoullah ibn Masoud. Lorsqu’il citait ce hadith, il pleurait tant que ses larmes mouillaient sa barbe. Il est mort vers l’an 115 de l’hégire.
[8] Ibn Abi al-Dunya, al-Qana ah wa al-Ta afuf.
[9] ibid
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