Découvrir le véritable Jésus (partie 1 de 6) : Marc vs Matthieu et Luc

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Description: Une comparaison entre les différents évangiles, à la recherche du véritable Jésus.

  • par I. Damiel
  • Publié le 27 Jun 2011
  • Dernière mise à jour le 27 Jun 2011
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Discovering_the_Real_Jesus_(part_1_of_6)_001.jpgPlusieurs étudiants et spécialistes de la Bible ont remarqué que les évangiles étaient très similaires au niveau des événements et des paroles de Jésus qu’ils rapportent.  Mais ils ont aussi remarqué que ces mêmes passages, semblables au niveau de la forme, contenaient des détails forts différents.

Au cours des trois derniers siècles, le monde des études bibliques a uni ses efforts pour résoudre cette énigme, à savoir pourquoi les évangiles sont à la fois si semblables et si différents.  Ils ont découvert, au terme de ces laborieuses recherches, que Matthieu et Luc avaient fondé leurs écrits sur ceux de Marc et d’une autre source, appelée « Q ».

L’hypothèse des deux sources est généralement acceptée comme la réponse fondamentale à ce problème synoptique et elle demeure majoritaire chez les contemporains qui font l’étude du Nouveau Testament.

Le défunt érudit évangélique protestant F.F. Bruce a écrit :

« La conclusion – correcte, à mon sens – qu’ils ont tirée de l’étude comparée qu’ils ont effectuée est que l’évangile de Marc, ou un texte qui lui est très similaire, a servi de source pour les évangiles de Matthieu et de Luc... »[1]

On estime la date de l’évangile de Marc entre 65 et 70.  Il y a consensus sur cette date, que l’on retrouve dans la plupart des introductions du Nouveau Testament.

Corroborant cette date, F.F. Bruce écrit :

« Marc a probablement rédigé son évangile, en premier lieu, pour les chrétiens de Rome, suite aux persécutions dont ils furent victimes sous Néron, après le grand incendie de Rome, en juillet 64. »[2]

En étudiant ces évangiles, il apparaît évident que Marc était plus rudimentaire au niveau du style, de la théologie et du langage.  Mais plus important encore, dans l’évangile de Marc, le côté humain de Jésus ressort plus visiblement que dans les autres évangiles.  Certains érudits ont soutenu que le portrait qui est fait de Jésus, dans Marc, est celui qui se rapproche le plus du véritable Jésus, du Jésus historique.  

Dans l’évangile de Marc, de nombreux passages décrivent Jésus comme un simple être humain.  Ces passages allaient plus tard être considérés comme des obstacles pour les gens de peu de foi et vus comme des traditions à contre-courant; c’est pourquoi, à partir de là, ils furent exclus des nouvelles éditions de l’évangile.

Lorsque l’on étudie les narrations de Jésus rapportées à la fois dans Marc et Matthieu, on réalise rapidement que ce dernier a modifié l’évangile de Marc à cause d’un sentiment de révérence grandissant envers Jésus.  Les passages faisant allusion à l’incapacité, à la faiblesse et au côté humain de Jésus ont été omis par Matthieu et remplacés par une meilleure christologie.

Évidemment, tous les changements apportés ne sont pas de nature christologique.  Des inexactitudes factuelles, des fautes de grammaire et d’autres erreurs mineures ont aussi été omises et/ou remplacées par Matthieu et Luc.  La relecture de Marc faite par Matthieu semble, à priori, ne concerner que des détails sans importance; mais une étude plus approfondie révèle qu’elle fait partie d’un profond et minutieux remaniement du texte de Marc.

À travers le temps, un changement évident s’est opéré, dans la christologie, entre les premiers évangiles et ceux qui sont venus après.  On observe un renforcement des sentiments de révérence envers Jésus, de même qu’une élévation de sa position et de son statut.

Bruce Metzger, le premier critique textuel du Nouveau Testament, a écrit :

« Matthieu et Luc suppriment ou minimisent les références que fait Marc aux émotions humaines de Jésus, telles le chagrin, la colère et l’étonnement, de même que son amour non payé de retour.  Ils omettent également un passage de Marc où ce dernier affirme que les amis de Jésus on cru, à un certain moment, que celui-ci était hors de lui. »

Plus loin, il explique que :

« Les évangiles qui sont apparus par la suite ont été dépouillés de références voulant que Jésus n’ait pas été capable d’accomplir certaines choses qu’il souhaitait accomplir... et omettent par ailleurs des questions posées par Jésus et qui laissent supposer qu’il était ignorant de certaines choses. »[3]

Metzger poursuit en énumérant divers passages où Matthieu et Luc « adoucissent » certaines déclarations de Marc qui semblent minimiser la majesté de Jésus ou les remplacent par des écrits dans lesquels on retrouve un Jésus beaucoup plus autoritaire.

Dans l’histoire du figuier, telle que rapportée par Marc, les disciples ne remarquent que le lendemain matin le dépérissement de l’arbre.  Pour Matthieu, cette histoire n’est pas suffisamment impressionnante; alors, dans le récit qu’il en fait, l’arbre dépérit d’un seul coup, laissant les disciples sous le choc.

Matthieu et Luc étaient manifestement résolus à modifier les paroles de Jésus.  Ils voulaient lui faire dire ce qu’ils souhaitaient faire croire aux gens, « reflétant un niveau plus avancé de compréhension théologique que Marc ».  (Metzger, p.83)

Il semble on ne peut plus clair que durant les périodes précédant et suivant l’apparition de l’évangile, au niveau de sa transmission, le matériel disponible a été façonné, filtré et modifié en fonction des convictions christologiques de ceux qui le transmettaient.

Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas, ici, de simples différences dans le ton.  On parle plutôt de nombreuses occasions où ceux qui ont mis l’évangile par écrit ont pris la peine d’y apporter d’importantes modifications et d’altérer la version précédente.

Par conséquent, si nous voulons découvrir le Jésus historique à travers l’évangile, nous ferions bien de commencer par comparer les textes des divers évangiles afin de trouver à quel moment l’histoire a été modifiée.



Footnotes:

[1] The Real Jesus, pg 25

[2] Ibid

[3] The New Testament: its background, growth and content (Le Nouveau Testament : son histoire, son essor et son contenu), p. 81-83

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