Sommes-nous « nés pour être libres »? (partie 1 de 2) : La liberté, un cadeau inestimable
Description: Regard sur la liberté dont nous jouissons réellement dans nos vies.
- par Ruqaiyyah Waris Maqsood
- Publié le 16 Nov 2009
- Dernière mise à jour le 13 Jan 2013
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« Le libre-arbitre est l’un des cadeaux de Dieu les plus difficiles à comprendre ou apprécier. Celui qui abandonne sa liberté égoïste et qui accepte d’être le serviteur de Dieu, celui-là est réellement libre. »
La liberté est l’un des cadeaux de Dieu les plus inestimables, bien que la plupart d’entre nous n’ont aucune idée de son importance jusqu’à ce qu’ils la perdent. Elle est l’un des droits humains les plus fondamentaux, et tenter d’en priver autrui sans raison légitime est un péché grave. Nous aimons tous à penser que nous sommes libres et que nous possédons un libre-arbitre qui nous permet de faire divers choix dans notre vie. Mais réfléchissons un moment : sommes-nous réellement nés pour être libres? Et si oui, de quelle façon? Que signifie cette liberté pour nous?
Tout d’abord, la liberté dont nous jouissons est plus limitée que nous ne le soupçonnons. Pour illustrer ce propos, prenons des exemples relatifs à notre corps. Quel contrôle avons-nous sur nos bâillements, nos éternuements, notre sudation, nos saignements, notre respiration et notre digestion? Quel contrôle avons-nous sur notre acuité visuelle et auditive, sur nos sensations physiques ou sur le fonctionnement de nos muscles et de nos organes? Plus jeune, j’arrivais à courir pour attraper l’autobus et à grimper des montagnes; mais même si je m’efforce de le faire aujourd’hui, en affirmant que je suis libre de le faire, je n’y arrive plus. Je ne peux même pas choisir de me lever si j’en ai envie; lorsque je passe de longs moments assise, mes jambes deviennent si douloureuses que je n’arrive plus à me lever d’un bond. Je n’ai absolument aucun contrôle sur ce qui se passe à l’intérieur de mon corps; je ne sais pas comment mes reins filtrent mon sang ni comment ils savent filtrer et quoi rejeter. Je ne sais pas quand mon cœur s’arrêtera de battre, je ne choisis pas de saliver ni d’uriner, je n’ai aucun contrôle sur la coagulation de mon sang, sur la division de mes cellules, sur leur détérioration ou leur désintégration.
Si je considère les gens auxquels je suis apparentée, je n’ai choisi ni mes ancêtres ni mes parents ni mes frères et sœurs. Je n’ai pas non plus choisi mon bagage génétique. J’ai essayé de choisir à quel moment je concevrais mes enfants, mais cela n’a pas fonctionné comme je l’espérais. Je ne savais pas de quel sexe seraient mes enfants et j’ignorais tout de leurs traits. Certains croient que ce n’est plus qu’une question de temps et que nous pourrons bientôt manipuler la génétique de façon à produire des enfants sur commande, mais cet enfant n’aura pas été libre de choisir son apparence physique... Considérant tous ces exemples, il semble bien que l’être humain ne jouisse pas d’une liberté aussi grande qu’il le croit, n’est-ce pas?
Et pourtant, la croyance en la liberté de l’esprit humain est l’une des révélations-clés transmises par Dieu à travers les âges. En islam, on nous enseigne que cette liberté, Dieu l’a accordée aux êtres humains mais pas aux anges. Nous ne pouvons choisir nos caractéristiques physiques, mais nous pouvons choisir la façon dont notre âme se comporte. Dieu nous demande d’exercer un contrôle sur nous-mêmes, de faire des choix particuliers et de nous conduire de certaines façons; nous y sommes encouragés, mais pas forcés. Nous sommes même libres de ne pas croire en Lui, de L’ignorer et de Lui désobéir. Des millions de personnes le font.
Il se trouve que nous ne sommes pas des robots programmés. Nous ne réagissons pas tous de la même façon aux mêmes situations. Certains d’entre nous sont moins égoïstes, plus généreux, indulgents et altruistes, et arrivent à mieux composer avec les situations de stress. Mais nous n’y sommes pas obligés. Si nous voyons une vieille dame avancer péniblement sur le trottoir, transportant de lourds paquets, nous pouvons choisir de l’aider, de l’assommer et de voler ses paquets, de l’ignorer ou encore de l’insulter en passant près d’elle. Voilà qui nous amène à une réflexion intéressante; il est assez facile de deviner quels genres d’individus auront tel ou tel comportement envers la vieille dame, mais au fond, la plupart d’entre nous ont ce sens du « devoir », et nous savons quel comportement aura la bonne personne, la personne religieuse ou la personne de confiance.
Chaque fois que nous pensons qu’une personne « doit » faire telle ou telle chose, c’est que nous présumons que cette personne est libre et capable de la faire. Il ne sert à rien de se dire, en soi-même, que telle personne pourrait aider la vieille femme si cette personne est handicapée, inconsciente ou menottée, par exemple. « Devoir », ici, implique « pouvoir ». Si Dieu peut faire tout ce qu’Il veut, il Lui est donc parfaitement possible de contrôler nos esprits et les choix que nous faisons. Mais le fait qu’Il donne aux gens le choix de croire en Lui ou non, de Lui obéir ou non, démontre assez clairement le libre-arbitre qu’Il nous a accordé.
Sommes-nous « nés pour être libres »? (partie 2 de 2) : Ce que Dieu attend de nous
Description: Point de vue islamique sur le destin et la façon dont les musulmans appliquent ce concept à leur vie.
- par Ruqaiyyah Waris Maqsood
- Publié le 16 Nov 2009
- Dernière mise à jour le 16 Nov 2009
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Chaque prophète, incluant Abraham, Moïse, Jésus et Mohammed, a enseigné aux gens que les choix qu’ils font relativement à leur croyance en Dieu et à leur obéissance envers Lui feront toute la différence en fin de parcours. Les êtres humains ont cette capacité profonde d’aimer et d’être bons, ou de haïr et de se montrer destructifs. Cela signifie que même s’ils sont tous nés égaux, ils ne demeurent pas égaux jusqu’à la fin. Le libre-arbitre est l’un des cadeaux de Dieu les plus difficiles à comprendre ou apprécier. Le libre-arbitre est là pour donner un sens à la moralité humaine; sans lui, il ne pourrait y avoir de « bonne » ou de « mauvaise » conduite, car nous serions tous des automates.
Si nous n’avions pas de libre-arbitre, et donc aucune possibilité de faire des choix personnels, nous ne pourrions être jugés, car cela irait à l’encontre du concept même de justice. Dans toute circonstance où nous ne sommes pas libres de choisir, nous ne pouvons être tenus responsables. ‘Aisha, l’épouse du Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), a clairement mentionné que ceux dont l’intellect est limité – par exemple, ceux qui sont trop jeunes et trop ignorants, ou qui souffrent de problèmes de santé mentale – ne pourront être tenus moralement responsables de leurs actes, ni ici-bas ni dans l’au-delà.
Et qu’en est-il du destin (ou al-qadr, en arabe), ce contrôle total de Dieu sur la réalisation des événements? Comment concilier l’idée d’un Dieu qui sait tout et contrôle tout avec celle du libre-arbitre? Si Dieu sait d’avance tout ce qui doit arriver, la vie d’une personne est donc certainement prédestinée? Par ailleurs, si Dieu n’intervient pas pour faire cesser certains événements, peut-on dire qu’Il en est entièrement responsable? Cette question est reliée au problème du mal : qui est responsable du mal, des mauvaises actions, si Dieu est Celui qui contrôle tout? Un voleur pourrait plaider l’innocence en prétendant que le vol était prédestiné et demander comment il pourrait alors en être accusé.
Plusieurs voient les musulmans comme des fatalistes qui croient que puisque tout est écrit d’avance et que Dieu sait tout d’avance, alors tout, absolument tout doit être prédéterminé. Personne n’a encore réussi à éclaircir entièrement ce problème, mais le fait que Dieu ait envoyé des messagers et transmis Ses révélations par leur intermédiaire indique certainement que les hommes sont censés écouter, apprendre, puis faire des choix et modifier leur mode de vie en conséquence (Coran 6:91, 23:73). Dieu dit :
« En vérité, tant que les gens [qui composent] un peuple ne changent pas ce qui se trouve dans leur cœur, Dieu ne modifie en rien leur condition. » (Coran 13:11)
Cela indique également que les êtres humains ont le pouvoir de changer en exerçant leur libre-arbitre et que les décisions qu’ils prennent ont un effet sur leur destin. S’il est vrai que Dieu sait tout, il demeure que les humains n’ont pas cette omniscience. S’ils font certains choix, donc, il en résultera des conséquences particulières menant à une conclusion particulière. S’ils font d’autres choix, alors les conséquences et l’aboutissement seront différents. Si vous choisissez d’avaler tout un pot d’antidouleurs, vous mourrez peu de temps après; mais si vous n’en avalez que deux, cela soulagera peut-être votre migraine et vous continuerez à vivre. Dieu connaît tous les aboutissements possibles, mais Il vous laisse prendre vos propres décisions. Et même s’Il connaît d’avance les décisions que vous prendrez, cela n’enlève rien au fait que vous les prenez librement.
La vérité se trouve en fait dans la sphère du ghayb (ou monde invisible). Tout ce que les croyants peuvent faire, c’est prier pour être guidés en cette vie. Même si nous ne savons pas quelle route nous suivrons tout au long de notre vie, nous pouvons demander à Dieu de nous montrer la voie à suivre, un pas à la fois. S’il était réellement impossible pour les gens de prendre des décisions en toute liberté, non seulement Dieu serait-Il injuste, mais nous n’aurions aucune raison de nous efforcer de mener une vie vertueuse. Le fatalisme mène au désespoir et au défaitisme, et décourage les gens de chercher à améliorer leur propre vie ou celle des autres autour d’eux.
Qu’attend Dieu de nous? Il veut nous voir réussir et être heureux. Il veut nous voir trouver la véritable liberté. Si la véritable liberté mène au bonheur, il semble donc que la réalité soit différente de ce que pensent la plupart des gens. Une personne peut se sentir heureuse d’avoir un nouveau partenaire sexuel chaque semaine ou de s’empiffrer de fast-food, ou encore de dépenser des fortunes en vêtements et bijoux, de fumer, de disparaître jusqu’à tard dans la nuit sans aviser ses proches, d’éviter de participer aux tâches ménagères avec les autres membres de sa famille, de gagner son pain de façon malhonnête ou d’être célèbre et admirée par les gens. Beaucoup de gens croient que ces choses rendent heureux...
Comme les choses seraient simples s’il ne suffisait que de cela. Il est si facile de s’abuser et de croire que la voie qui mène à notre propre destruction est la plus agréable. Mais il faut s’arrêter et réfléchir : beaucoup de gens riches et puissants, en ce monde, se sentent terriblement seuls. Ceux qui s’empiffrent développent toutes sortes de problèmes de santé. Ceux qui sont paresseux et qui négligent leurs études quand ils sont jeunes se réveillent trop tard, quand leur vie est devenue un vrai désastre. Les fumeurs prenant plaisir à chaque cigarette risquent plus que quiconque de mourir d’un cancer ou d’une maladie du cœur, causant du chagrin à leurs proches. Ceux qui sont libertins ne connaissent pas le véritable amour et négligent souvent leurs enfants quand ils ne les abandonnent pas ou ne les tuent pas (en se faisant avorter).
Le véritable bonheur, c’est de prendre soin de ce que Dieu nous a prêté pour un temps : notre corps, notre famille, nos talents, nos habiletés, nos belles qualités. Cela signifie que nous n’avons pas la liberté de laisser libre cours à nos désirs de toutes sortes, ce qui de toute façon finit toujours par nous causer du tort ou causer du tort aux gens autour de nous. La personne qui laisse tomber ce genre de liberté égoïste et qui décide de se soumettre à la volonté de Dieu, celle-là est véritablement libre. Elle sait qu’elle fait de son mieux, sa conscience est tranquille, elle se sent en confiance et le cœur rempli d’espoir, et elle ne sera jamais l’esclave de ses désirs ni d’autrui.
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