« Dieu!  Nul ne doit être adoré en dehors de Lui, le Vivant, l’Éternel qui subsiste par Lui-même.  Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent.  À Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre.  Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission?  Il sait ce qui se trouve devant eux et ce qui se trouve derrière eux, tandis qu’ils ne connaissent, de Son savoir, que ce qu’Il veut.  Son Trône s’étend au-delà des cieux et de la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine.  Il est le Très-Haut, le Très-Grand. »

Introduction: qu’est-ce que le verset appelé ayatoul koursi?

La deuxième sourate du Coran est appelée Sourah al-Baqarah ou « la vache ».  Elle contient un verset très beau et important que l’on appelle ayatoul koursi (le verset du trône).  Ce verset est connu pour sa profonde signification, pour sa langue sublime et sa superbe consonance, son message inspirant et réconfortant et sa description des pouvoirs et des attributs de Dieu.  Ce verset résume, de manière puissante, les principes de base de la foi musulmane, citant les attributs de Dieu qui affirment avec pertinence le principe de base de l’islam, i.e. le tawhid (unicité de Dieu).

Ce verset a souvent suscité l’admiration de non-musulmans : « … une magnifique description de la majesté et de la providence divines; mais il ne faut pas croire que sa traduction arrive à égalité avec la dignité de l’original » (Sale).  « Un des passages les plus admirés du Coran » (Lane).  « L’un des versets les plus grandioses du Coran. » (Wherry)

Vertus et bienfaits

Le Coran est unique en ce sens qu’il fut entièrement révélé en arabe au prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), qui loua certains de ses passages et attribua à leur récitation certaines rétributions ou bienfaits.  Il a dit :

 « Toute chose a son sommet et le sommet du Coran est la sourate al-Baqarah, qui contient un verset qui est le plus grand du Coran. » (at-Tirmidhi)

Lorsqu’un croyant croit réellement en ces attributs de Dieu, cela le libère de toute anxiété et de toute crainte de l’inconnu.  Cela l’amène également à faire des efforts pour être plus pieux et vertueux, car il sait qu’il devra répondre de ses actions au Jour du Jugement, jour où rien, à part sa foi et sa piété, ne pourra venir à son secours.  Ce verset lui fait également rejeter les prétentions des polythéistes qui croient en de nombreuses déités.

      Comme il s’agit du plus grand verset du Coran, les musulmans sont encouragés à le réciter régulièrement.  Le prophète Mohammed a dit que la personne qui lit ce verset après chacune des cinq prières quotidiennes entrera au Paradis.  Le ou la croyant(e) qui le récite après chaque prière est sous les soins et la protection de Dieu jusqu’au début de la prière suivante.[1]

Enfin, le Prophète a dit que réciter Ayatoul Koursi protège une personne, de même que ses enfants et sa maison[2].

Explication

Ce verset est composé de 10 phrases.  Voici une brève explication de chacune d’elles :

 « Dieu!  Nul ne doit être adoré en dehors de Lui »

Il n’y a pas de Dieu à part Lui.  Nul ne mérite d’être adoré à part Lui. Nul ne doit être adoré à Sa place ni parallèlement à Lui.  C’est là notre raison d’être, en cette vie, et la raison pour laquelle Dieu a envoyé des prophètes et révélé des écritures.  Et, ultimement, c’est sur cela que nous serons jugés au Jour du Jugement.

Dieu est unique et nul n’a le droit d’être adoré à part Lui.  Nous ne devons Lui attribuer aucun associé.  Lui seul a le droit inconditionnel d’être adoré.

Cette affirmation définit clairement et définitivement le concept islamique de Dieu et le distingue de celui de la trinité, adopté par un concile de l’Église longtemps après le départ de Jésus, et des croyances païennes de l’ancienne Égypte, qui croyait que le soleil était un dieu et qui adorait toutes sortes de divinités.

 « le Vivant, l’Éternel qui subsiste par Lui-même »

Tandis que tout ce qui vit, sur cette terre, est temporaire et mortel, Dieu est éternel.  C’est Lui qui soutient chaque chose et chaque créature.  Le Vivant n’a ni début ni fin.  C’est là un de Ses attributs.  Tout ce que l’homme adore en dehors de Dieu ne peut être éternel et la création ne peut en dépendre.  Ces choses ou ces êtres adorés dépendent eux aussi de Dieu pour leur existence et leur subsistance.

Dieu est Celui qui subsiste par Lui-même et qui soutient tout. 

Cela vient corriger la vision des juifs et des chrétiens selon laquelle Dieu se reposa au septième jour après avoir créé l’univers : « Au septième jour, Dieu avait achevé tout ce qu'il avait créé. Alors il se reposa en ce jour-là de toutes les œuvres qu'il avait accomplies.  Il bénit le septième jour, il en fit un jour qui lui est réservé, car, en ce jour-là, il se reposa de toute l'œuvre de création qu'il avait accomplie. » (Genèse 2 :2-3)

 « Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent »

Aucun défaut ni ignorance ni inconscience ne touchent jamais Dieu.  Il est conscient de tout, en tout temps, Il contrôle tout et surveille tout à chaque instant.  Rien n’échappe à Son savoir et aucun secret ne Lui est caché.  Parmi ses parfaits attributs est le fait qu’Il n’est jamais affecté par la somnolence ou le sommeil.

Tout, sur la terre, est sujet à divers cycles.  Le soleil se lève et se couche (de façon métaphorique, bien sûr), les marées montent et descendent, la lune passe chaque mois par diverses phases, les êtres vivants naissent et meurent.  Mais notre Créateur ne ressemble en rien aux choses et aux êtres qui nous entourent.  Il est dépourvu d’imperfections, ne ressent aucun besoin et ne souffre d’aucune faiblesse.  Ni somnolence ni sommeil ne Le touchent jamais.

 « À Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. »

C’est à Dieu qu’appartient tout ce que contiennent les cieux et la terre et tout ce qui se trouve entre les deux.  Il est le Très-Haut, le Roi, l’Administrateur de l’univers et Il pourvoit aux besoins de Sa création.  Toutes les créatures sont les sujets de Son royaume et Il fait tout ce qu’Il veut.

Ce concept apporte une nouvelle définition au terme de propriété appliqué aux êtres humains.  Car si Dieu est le propriétaire ultime de tout ce qui existe, nul ne peut prétendre posséder quoi que ce soit, en ce monde.  Les gens ne sont donc rien de plus que les gardiens de ce qu’ils possèdent, car ces biens leur ont été confiés par Dieu.  Ils sont donc liés par les termes de ce « contrat », établis par Dieu Lui-même, le propriétaire ultime, dans le code de vie divin qu’Il a révélé à l’humanité.  Toute violation de ces termes amène des pénalités à l’administrateur des biens.

 « Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission? »

Nul ne peut intercéder pour quelqu’un ni être son porte-parole, auprès de Dieu, sans Sa permission.  Dieu a le contrôle parfait sur toute chose.  L’intercession ne peut se faire que par la grâce et la miséricorde de Dieu et est réservée, au Jour du Jugement, qu’à ceux à qui Dieu le permet, tels les prophètes et les vertueux.  Quant à ceux qui adorent de fausses divinités, ils n’auront aucun droit d’intercession ce Jour-là.

Contrairement au principe islamique voulant que le salut dépende d’abord de la foi et des actions d’une personne et que l’intercession ne sera permise qu’en faveur de ceux qui le méritent, les deux grandes religions ayant précédé l’islam, le christianisme et le judaïsme, dépendent beaucoup de l’intercession illimitée pour assurer leur salut.

Le refus de l’amour et de l’intercession, dans l’au-delà, concerne les mécréants.  Le sentiment d’amour entre les croyants survivra; c’est ainsi que, par la permission de Dieu, certains pourront intercéder en faveur des autres : « Et ils n’intercèdent qu’en faveur de ceux qu’Il agrée. » (Coran 21:28) 

Le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit:

 « Les gens viendront à moi (au Jour du Jugement) et je demanderai à mon Seigneur la permission (d’intercéder en leur faveur), ce qu’Il m’accordera.  Lorsque je verrai mon Seigneur, je tomberai prosterné et Il me permettra de demeurer prosterné aussi longtemps que je le voudrai.  Puis, il me sera dit : « Mohammed, relève ta tête et demande : tu seras entendu!  Intercède et ton intercession te sera accordée. »  Puis, je louerai mon Seigneur à l’aide de paroles qu’Il me révèlera, puis je commencerai à intercéder, mais on m’imposera une limite (sur le type de personnes pour lesquelles je pourrai intercéder).  Je pourrai donc les faire sortir du Feu et les faire entrer au Paradis. »

 « Il sait ce qui se trouve devant eux et ce qui se trouve derrière eux… »

Le savoir de Dieu est absolu et Il n’est soumis ni au temps ni à l’espace.

Il connaît l’état de Sa création.  Il connaît le passé, le présent et le futur.  Il connaît tout de ce qui est manifeste et de ce qui est caché.  Il sait ce que font Ses créatures, ce qu’elles ont fait dans le passé et ce qu’elles feront dans le futur.  Il sait ce qu’elles cachent et ce qu’elles montrent.  Rien n’échappe à Sa connaissance.  Rien ne Le déconcerte.  Ses connaissances sont sans limite, tandis que celles de la création sont limitées.  Comme Dieu le dit si bien dans le Coran : « Il sait ce que vous déclarez ouvertement et ce que vous cachez en vous-mêmes. » (Coran 21:110)

Dieu est témoin de toutes nos actions et contrôle la rétribution de chaque âme.  Il est omniscient et c’est à Lui qu’appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre; les créatures sont donc sous Sa souveraineté divine. 

Le destin est entre les mains de Dieu; Il sait ce qui arrive à Ses créatures ici-bas et Il sait ce qui leur arrivera dans l’au-delà. 

 « tandis qu’ils ne connaissent, de Son savoir, que ce qu’Il veut. »

Tout le savoir provient de Dieu et nous ne pouvons apprendre que ce qu’Il veut que nous apprenions.

Dieu a doté l’être humain de raison, par laquelle il peut acquérir le savoir.  Mais peu importe à quel point l’humain approfondit son savoir, celui-ci ne demeurera toujours qu’une goutte dans l’océan comparativement au savoir divin.  L’être humain ne se connaît pas complètement lui-même; comment peut-il espérer bien connaître le monde de l’invisible?  Nul ne connaît l’invisible, à l’exception des prophètes, à qui Dieu en a révélé quelques aperçus,.

 « Son Trône s’étend au-delà des cieux et de la terre »

Comme le savoir divin englobe toute la création, le Trône (koursi) de Dieu englobe tout l’univers; telle est la grandeur de Dieu.

C’est ainsi que, par rapport à Dieu, la création tout entière est minuscule et que rien de se compare à Lui.  Le Trône, qui est aussi une création de Dieu, est plus grand que la terre et les cieux, alors que dire de Dieu, le Puissant et Majestueux.

 « dont la garde ne Lui coûte aucune peine »

Rien ne L’affaiblit.  Facile ou difficile, un peu ou beaucoup, important ou insignifiant – Dieu s’occupe de tout et rien ne Le fatigue jamais.

La garde des cieux et de la terre ne provoque, chez Lui, aucune lassitude, ce qui indique que Dieu ne peut d’aucune façon être comparé aux mortels.  Pour Dieu, tout est facile et sans effort.

La phrase « dont la garde ne Lui coûte aucune peine » exprime l’omnipotence de Dieu, décrivant en termes simples, mais puissants, combien il est facile, pour Dieu, de soutenir et de préserver les cieux et la terre.

 « Il est le Très-Haut, le Très-Grand. »

Il est au sommet et Sa grandeur dépasse tout ce que l’humain peut imaginer.

Dieu est le Très-Haut; rien n’est plus haut que Lui et rien ne Lui ressemble.  Il possède la majesté et la sainteté, la perfection et la gloire, la beauté et la grandeur.  Rien n’est plus grand que Lui, car Dieu est le Suprême, le Grand.

Peu importe à quel point un être humain peut devenir grand et puissant, il ne demeurera toujours qu’un serviteur de Dieu.  Une fois que ce fait est fermement établi et accepté, dans l’esprit de l’homme, il comprend qu’il est soumis à Dieu et cela réprime son arrogance et sa propension à transgresser.  Il craint alors Dieu et apprécie Sa majesté et Son pouvoir, ce qui l’amène à se faire plus humble devant Lui et moins hautain envers ses frères et sœurs en humanité.