Nier Dieu, nier la réalité: pourquoi nous n’avons pas besoin de preuves de l’existence de Dieu (partie 2 de 3)
Description: L’existence de Dieu n’a pas besoin d’être prouvée. Partie 2 : réponses à deux autres objections.
- par Hamza Andreas Tzortzis
- Publié le 04 Apr 2016
- Dernière mise à jour le 04 Apr 2016
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Objection #2: La croyance en une terre plate n’a-t-elle pas déjà été considérée comme une certitude immédiate?
Une autre objection est qu’à un moment de l’histoire, le fait de croire que la terre était plate fut considéré comme une croyance de base. Puis, au fur et à mesure que la science a progressé, nous avons découvert que ce n’était pas le cas. Je ne souhaite pas entamer un débat philosophique sur les croyances de base et les certitudes immédiates et si elles pourraient à leur tour changer avec l’avancement de la science. Je dirai seulement que cela ne s’applique pas à l’existence de Dieu. Dieu, par définition, est un être non-observable et Se situe à l’extérieur de Son univers. Par exemple, si je fabrique une chaise, je demeure distinct et extérieur à cette chaise. De même, le Créateur est distinct et extérieur à Son univers; c’est pourquoi Il ne peut être observé, car nous ne pouvons observer ce qui se situe à l’extérieur de notre univers.[1] Dans cette perspective, l’objection ne s’applique pas, car elle ne peut s’appliquer qu’à des choses observables.
La science est basée sur une théorie du savoir appelée empirisme. L’empirisme découle de l’idée selon laquelle on ne peut avoir connaissance d’une chose que par une expérience basée sur une observation directe ou indirecte.[2] Un rejet empirique de Dieu est impossible, car il exige des preuves découlant d’une observation pour tirer des conclusions. Nier une chose non observable à l’aide d’une théorie de la connaissance qui ne peut parvenir à des conclusions que par observation est absurde. Le monde scientifique ne pourra jamais nier l’existence de Dieu parce que la science ne peut traiter que de choses observables. C’est pourquoi le philosophe des sciences Elliot Sober, dans son essai sur l’empirisme, affirme que la science est limitée aux questions explicables par observation :
« Les scientifiques sont constamment limités par les observations qui leur sont disponibles… la science est forcée de restreindre son attention aux problèmes qui peuvent être résolus par l’observation. »[3]
Dieu n’est pas observable. Comment pouvons-nous utiliser le monde observable pour nier une chose non observable? C’est tout simplement impossible. C’est pourquoi la science ne pourra jamais directement rejeter l’existence de Dieu. Elle ne peut faire que l’une de ces deux choses :
1.Demeurer silencieuse sur le sujet
2.Suggérer des preuves pouvant être utilisées pour déduire Son existence
Une réplique courante à cette réponse inclut « si vous ne pouvez l’observer, vous ne pouvez donc y croire ». Il s’agit là d’une affirmation déplacée, car l’observation n’inclut pas tous les phénomènes. Il y a beaucoup de choses en lesquelles nous croyons sans pouvoir les observer. Le philosophe John Cottingham expose ce problème dans son ouvrage intitulé Rationalism :
« Qu’en est-il de l’affirmation voulant que « toute eau, à une pression atmosphérique donnée, parvient à ébullition à 100 degrés celsius »? Comme cette affirmation prend la forme d’une généralisation universelle illimitée, on peut déduire qu’aucun nombre fini d’observations ne peut établir la vérité de manière concluante. Un autre problème peut-être encore plus inquiétant est que lorsque nous atteignons les plus hauts niveaux de la science… nous avons tendance à trouver des structures et des entités non observables de façon directe. Les atomes, les molécules, les électrons, les photons et autres sont des constructions théoriques très complexes… Nous sommes ici très éloignés du monde de « l’observation empirique » directe… »[4]
Objection #3: La croyance en Dieu n’est pas universelle
Une dernière objection est que puisque les certitudes immédiates sont universelles, l’existence de millions d’athées à travers le monde suggère donc que l’existence de Dieu ne va pas de soi. Il y a deux raisons pour lesquelles cette objection est non fondée :
1. Les certitudes immédiates ne doivent pas nécessairement être universelles : Les certitudes immédiates, les croyances de base et les axiomes peuvent être individualisés et ne doivent pas nécessairement être universels. Prenez l’exemple de votre mère : vous avez une croyance de base que la femme que vous appelez votre mère est celle qui vous a mis au monde. Vous ne demandez pas de test d’ADN et vous acceptez le fait qu’elle soit votre mère car pour vous, cela va de soi. Cependant, pour quelqu’un d’autre, cette femme que vous appelez votre mère est peut-être une tante, une belle-mère ou encore une étrangère. Les croyances de base et les certitudes immédiates n’ont pas à être universelles; elles peuvent être individualisées.
2. La croyance en Dieu est universelle: En dépit du nombre d’athées dans le monde, la croyance en Dieu est universelle. Pour qu’une croyance soit universelle, il n’est pas nécessaire que chaque individu, sur terre, y croit. Un consensus interculturel est suffisant pour soutenir l’idée de l’existence de Dieu en tant que vérité universelle. C’est un fait qu’il y a plus de gens croyants, dans le monde, qu’il n’y a d’athées et ce fut toujours le cas, depuis le début de l’humanité.
Pour que les athées et les sceptiques soient en mesure de remettre cette thèse en question, ils doivent démontrer que Dieu n’est pas une certitude immédiate, qu’Il n’est pas une croyance de base, qu’Il est lié à des cultures particulières et qu’on ne peut en avoir connaissance que par un transfert d’information.
Note de bas de page:
[1]"Pour Ibn Taymiyya, le terme "créé" implique quelque chose de distinct et d’extérieur à Dieu… » (Perpétuelle création dans la perfection de Dieu : commentaire de hadiths d’Ibn Taymiyya sur la création divine du monde. Jon Hoover. Journal of Islamic Studies 15:3 (2004) pp. 296.)
[2] Elliot Sober, "Empiricism" in The Routledge Companion to Philosophy of Science. Édité par Stathis Psillos Martin Curd. 2010, p. 129.
[3] Ibid, pp. 137-138.
[4] John Cottingham. Rationalism. Paladin. 1984, pp. 109 -110.
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