Une perspective philosophique sur le caractère unique du Coran
Description: Une perspective philosophique sur ce qui rend le Coran unique et inimitable au niveau de la langue arabe.
- par Hamza Andreas Tzortzis (hamzatzortzis.com)
- Publié le 05 Dec 2016
- Dernière mise à jour le 05 Dec 2016
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William Shakespeare, poète et dramaturge anglais considéré comme l’un des plus grands écrivains de langue anglaise, est souvent cité comme exemple de style littéraire unique. Un argument souvent entendu, au sujet du Coran, est que si Shakespeare fut en mesure d’exprimer sa poésie et sa prose de façon aussi unique – alors qu’il était un être humain – alors peu importe à quel point le Coran est unique, il peut très bien, lui aussi, avoir été rédigé par un être humain.
Il y a cependant un problème avec cet argument : il ne tient pas compte de la nature du caractère unique du Coran et ne semble pas comprendre le caractère unique des génies littéraires tels Shakespeare. Bien que ce dernier composa de la poésie et de la prose d’une qualité sans précédent, la forme littéraire qu’il utilisa pour s’exprimer n’était pas unique. En effet, Shakespeare utilisa à maintes reprises le pentamètre iambique (type de vers couramment utilisé en poésie, composé de cinq pieds, ou « iambes »). Cependant, dans le cas du Coran, son style était tout à fait inconnu au moment de sa révélation et demeure, à ce jour, inégalé dans la littérature. Ce sont ses caractéristiques structurales qui rendent le Coran si unique et non pas l’appréciation subjective de sa composition littéraire et linguistique.
Dans cet esprit, il y a deux approches démontrant qu’il est raisonnable de croire que le Coran est d’origine divine et que son texte est de nature miraculeuse. La première approche est celle de la déduction rationnelle et la seconde est la philosophie des miracles.
La déduction rationnelle
La déduction rationnelle est un mode de réflexion où les conclusions logiques sont tirées d’une affirmation universellement acceptée ou de prémisses démontrables. On parle également d’inférence rationnelle ou de déduction logique.
Dans le contexte de l’unicité du Coran, l’affirmation universellement acceptée, soutenue par les érudits occidentaux et orientaux, est :
« Le Coran ne fut jamais imité avec succès par les Arabes qui furent témoins de sa révélation. »
De cette affirmation, nous pouvons tirer les conclusions logiques suivantes :
1. Le Coran ne peut avoir été rédigé par un Arabe, car les Arabes du temps de la révélation, malgré qu’ils fussent d’excellents linguistes, furent incapables de produire un écrit semblable. Ils finirent d’ailleurs par admettre que le Coran ne pouvait avoir été rédigé par un être humain.
2. Le Coran ne peut avoir été rédigé par un non-Arabe, puisqu’il est écrit en langue arabe et qu’une connaissance approfondie de cette langue est nécessaire pour produire un tel écrit.
3. Le Coran ne peut avoir été rédigé par le prophète Mohammed pour les raisons suivantes :
a. Il était lui-même arabe et l’on sait maintenant que tous les Arabes échouèrent à produire un écrit semblable au Coran.
b. Les linguistes arabes de l’époque du Prophète n’accusèrent jamais celui-ci d’être l’auteur du Coran.
c. Le prophète Mohammed fit face à maintes épreuves et tribulations au cours de sa mission prophétique. Par exemple, certains de ses enfants moururent en bas âge, son épouse Khadija décéda, il fut boycotté, persécuté, ses compagnons furent torturés et tués, etc. Et pourtant, le style littéraire du Coran est égal du début à la fin et ne reflète à aucun moment les tourments et les émotions que vécut certainement Mohammed. Il est impossible de traverser autant d’épreuves physiques et psychologiques sans que cela ne transparaisse le moindrement dans ses écrits (en présumant qu’il l’ait lui-même rédigé).
d. Tout en étant un chef-d’œuvre de littérature, les versets du Coran furent souvent révélés relativement à des circonstances particulières. Pourtant, sans aucune révision ni suppressions, ils demeurent des chefs-d’œuvre littéraires. Il va sans dire que tous les chefs-d’œuvre littéraires produits par des hommes sont passés par de nombreuses révisions et suppressions pour assurer leur perfection, tandis que le Coran fut révélé de façon instantanée, sans révision aucune.
e. Les hadiths (narrations) du prophète Mohammed s’inscrivent dans un style totalement différent de celui du Coran. Comment un être humain aurait-il pu s’exprimer oralement, sur une période de plus de 23 ans (soit la période de révélation du Coran), en deux styles complètement différents? Selon toutes les recherches en psychologie, c’est là une chose impossible.
f. Tous les types d’expression humaine peuvent être imités s’il en existe déjà des exemples. Par exemple, les œuvres d’art peuvent être imitées, aussi extraordinaires et uniques soient-elles. Mais pour ce qui est du Coran, nul n’a été en mesure, jusqu’à maintenant, d’imiter son style littéraire unique.
4. Le Coran ne peut avoir été créé par un être surnaturel, tel un djinn ou un esprit, car la preuve de leur existence est le Coran lui-même. La certitude de leur existence est fondée sur la révélation et non sur des preuves empiriques. Par conséquent, si quelqu’un prétend que la source du Coran est un être surnaturel, il doit d’abord prouver son existence, laquelle ne peut être prouvée que par le Coran.
5. Le Coran ne peut qu’avoir été révélé par Dieu, car c’est là l’unique explication logique. Toutes les autres explications contiennent des failles, car elles n’expliquent pas le caractère unique du Coran de manière compréhensive et cohérente.
La philosophie des miracles
Le terme « miracle » est dérivé du mot latin « miraculum », qui signifie « quelque chose de merveilleux ». Un miracle est généralement définit comme une chose allant à l’encontre des lois naturelles. Il s’agit pourtant d’une définition incohérente, car elle se fonde sur notre compréhension des lois naturelles, tel que le fait observer le philosophe Bilynskyj : « … tant que les lois naturelles sont perçues comme des généralisations universelles inductives, la notion de violation d’une loi naturelle est incohérente. »
Les lois naturelles sont des généralisations inductives de modèles que nous observons au sein de l’univers. Si la définition d’un miracle est une chose allant à l’encontre d’une loi naturelle ou, en d’autres termes, une violation des modèles observables dans l’univers, alors un problème conceptuel évident survient. Ce problème est : pourquoi ne pouvons-nous considérer cette violation d’un modèle comme faisant partie du modèle? Le philosophe William Lane Craig rejette la définition du miracle comme une chose allant à l’encontre d’une loi naturelle et la remplace par une définition « d’événements survenant au-delà de la capacité productive de la nature ». Cela signifie que les miracles sont des actes d’impossibilités concernant des connexions causales ou logiques.
Le Coran miraculeux
Ce qui fait du Coran un miracle est qu’il se situe au-delà de la capacité productive de la nature de la langue arabe. Cette capacité, concernant la langue arabe, est que toute expression grammaticale de l’arabe se situera toujours au sein des formes littéraires arabes connues de la prose et de la poésie.
Le Coran est un miracle, car sa forme littéraire ne peut s’expliquer par la capacité productive de la langue arabe; toutes les combinaisons possibles de mots, lettres et formules grammaticales arabes ont été épuisées et pourtant, la forme littéraire du Coran n’a pas encore été imitée. Les Arabes de l’époque, qui étaient connus comme des experts en linguistique et en poésie, ne furent jamais en mesure d’imiter le style littéraire du Coran. Forster Fitzgerald Arbuthnot, qui était un remarquable traducteur et orientaliste britannique, a affirmé :
« …et bien que plusieurs tentatives aient eu lieu pour produire une œuvre à l’écriture aussi élégante, toutes ont échoué. »[1]
On pourrait en conclure qu’il n’y a aucun lien entre le Coran et la langue arabe; c’est pourtant impossible, puisque le Coran est bel et bien rédigé en arabe. La seule conclusion plausible est que le Coran n’a pas été rédigé par un être humain et qu’il est donc d’origine surnaturelle.
Lorsque nous étudions la nature productive de la langue arabe pour tenter d’expliquer la forme littéraire unique du Coran, nous ne trouvons aucun lien entre elle et le texte divin. Il est donc logique d’affirmer que le Coran est une œuvre littéraire qui se situe au-delà de la capacité productive de la langue arabe et qu’il est donc, par définition, ce qu’on appelle un miracle.
Note de bas de page:
[1] F. F. Arbuthnot. 1885. The Construction of the Bible and the Koran. London, p 5
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