L’amour des compagnons pour le prophète Mohammed (partie 1 de 2): Qui étaient les compagnons?
Description: Une description de la société d’Arabie à l’aube de l’islam et un regard sur les gens qui entouraient le prophète Mohammed.
- par Aisha Stacey (© 2016 IslamReligion.com)
- Publié le 14 Nov 2016
- Dernière mise à jour le 14 Nov 2016
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La définition la plus répandue d’un compagnon du prophète Mohammed est celle d’une personne, homme ou femme, qui a rencontré le Prophète, qui a cru en lui et qui est mort en tant que musulman(e). Le terme arabe utilisé pour désigner un de ces compagnons est sahabi (pluriel : sahaba). La racine du mot est sa-hi-ba et fait référence à une proximité physique (dans le sens de s’asseoir en compagnie d’une personne). C’est pourquoi on considère généralement qu’un sahabi est une personne ayant été proche du prophète Mohammed et qui a passé beaucoup de temps en sa compagnie. Les compagnons, hommes, femmes et enfants, aimaient tendrement le prophète Mohammed et tous auraient donné leur vie pour le défendre et pour défendre l’islam.
Autant Dieu que Mohammed partageaient les mêmes sentiments d’amour et de dévouement envers les compagnons.
« Dieu les agrée et ils L’agréent. Et Il a préparé pour eux des jardins sous lesquels coulent des rivières, où ils demeureront éternellement. Voilà l’énorme succès! » (Coran 9:100)
Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit : « Les meilleurs de ma nation sont ceux de ma génération, puis ceux de la prochaine et de celle qui suivra. »[1]
Les compagnons sont considérés comme la meilleure génération de musulmans. En lisant sur eux, nous ne pouvons qu’admirer leur savoir-vivre, leurs manières et leurs exploits, de même que leur zèle religieux et leur dévouement entier à Dieu et à Son messager. Mais qui étaient réellement ces hommes, ces femmes et ces enfants? Comment vivaient-ils avant la venue de l’islam? Quel genre de personnes étaient-ils avant qu’ils ne décident de suivre l’islam et son prophète? Et, surtout, qu’est-ce qui les faisait aimer à ce point le prophète Mohammed?
Les gens qui faisaient partie de la société dans laquelle vivait Mohammed provenaient de tous les milieux. Certains étaient riches et d’autres étaient pauvres, certains étaient bons et d’autres l’étaient moins, certains étaient honnêtes et d’autres, malhonnêtes. Les compagnons du Prophète étaient parmi les meilleures personnes. Ibn Masoud, un des compagnons, dit : « Allah, le Glorieux, a choisi Mohammed comme prophète, avec Son message, car il était le plus pieux de Ses serviteurs. Puis Allah choisit les compagnons du Prophète, car ils étaient les meilleures personnes après lui. »
Dans l’Arabie pré-islamique, il n’y avait pas de système gouvernemental et, par conséquent, ni ordre ni lois. Si un crime était commis, les victimes se faisaient elles-mêmes justice. Les gens ne se sentaient en sécurité qu’au sein de leur propre tribu et la péninsule arabe était dans un état de guerre constant. Les disputes se réglaient par des batailles, selon des codes d’honneur approuvés de tous. Les caravanes commerciales faisaient partie du paysage, en Arabie, et des fortunes entières étaient gagnées ou perdues dans le commerce de choses aussi diverses que les chameaux, les fruits secs ou l’argent pur.
L’islam fut en mesure de faire ressortir le meilleur de la société arabe de l’époque : sa bravoure, sa force, et même sa violence, furent maîtrisées et domptées par l’islam. La connexion à Dieu changea profondément la vie des compagnons du Prophète. L’islam prit un peuple indiscipliné et l’utilisa pour établir un système de lois inégalé dans l’histoire de l’humanité. L’amour pour le prophète Mohammed changea des vies, à l’époque, comme il continue de changer des vies aujourd’hui. Jetons un coup d’œil aux changements apportés aux vies de certains compagnons et nous verrons que la première génération de musulmans était très similaire aux gens qui se convertissent à l’islam, aujourd’hui, au 21e siècle.
Hamzah Ibn Abdoul Mouttalib, l’oncle paternel de Mohammed, était à peu près du même âge que son neveu et jouait avec lui lorsqu’il était enfant. Mais, en grandissant, leurs chemins se séparèrent. Hamzah préféra la vie oisive et fit tout pour se tailler une place parmi les leaders de La Mecque, tandis que Mohammed choisit une vie de contemplation. Hamzah aimait sa vie; il était fort et très respecté. Alors qu’il était sur la voie du leadership, les gens, autour de lui, se mirent à parler de plus en plus de Mohammed et de la façon dont il détruisait, selon eux, le mode de vie auquel ils tenaient tant. Hamzah se retrouva prit entre l’arbre et l’écorce, un jour, lorsqu’il apprit que Mohammed avait été insulté par des hommes qu’il avait fréquentés dans l’espoir de gravir les échelons de la haute société. Il finit par choisir Mohammed et se convertit à l’islam, tournant le dos à une vie de luxe et d’indolence. Hamzah connaissait bien Mohammed, l’aimait comme un frère et c’est pourquoi il prit cette décision.
Omar Ibn al-Khattab commença par haïr profondément Mohammed, sans se douter que cette haine allait plus tard se transformer en amour profond. Lorsque les enseignements de Mohammed devinrent un réel problème pour les notables de La Mecque, Omar proclama publiquement sa haine de l’islam et prit part aux abus et à la torture de nombreux nouveaux convertis à l’islam. Sa haine de l’islam et de la façon dont il changeait des vies était si intense qu’il se porta volontaire pour tuer Mohammed. Ayant pris cette décision, il sortit dans les rues de La Mecque avec l’intention de dégainer son sabre aussitôt qu’il trouverait Mohammed, afin d’en finir une fois toutes. Omar était connu pour sa grande force physique; il était admiré et craint pour son hardiesse. Mais il fut, à son tour, submergé d’émotion lorsqu’il lut les versets du Coran et finit par reconnaître la bonté, l’honnêteté et le sens de la justice de Mohammed.
Le leader Mecquois Abou Jahal (qui signifie « le père de l’ignorance »), de son vrai nom Amr Ibn Hisham, était communément appelé Abou Hakam (« père de la sagesse »). C’est son hostilité acharnée envers l’islam qui lui valut le surnom d’Abou Jahal parmi les musulmans. C’était un fervent polythéiste et il haïssait Mohammed, qu’il maudissait et humiliait chaque fois que l’occasion se présentait. S’il découvrait qu’un marchand s’était converti à l’islam, il donnait l’ordre de ne plus faire affaire avec lui, le poussant ainsi à la faillite et à la pauvreté. Abou Jahal périt dans la première bataille opposant les Mecquois aux musulmans, la bataille de Badr. Son fils Ikrimah, cependant, devint l’un des plus grands leaders civils et militaires de la nation islamique. Après des années à haïr l’islam, il décida de s’y convertir lorsqu’il constata la justice dont faisait preuve Mohammed envers les gens de La Mecque. Lorsque La Mecque fut conquise, le Prophète aurait pu aisément mettre à mort ses ennemis les plus acharnés. Mais son sens de la justice et sa bonté le poussèrent à un pardon général et à une amnistie.
Ces trois hommes étaient considérés comme forts, tant physiquement qu’au niveau de leur caractère. Ils avaient l’habitude de dominer et d’avoir le dernier mot et pourtant, ils prirent tous rapidement la décision d’embrasser l’islam et de suivre le prophète Mohammed. Dans le prochain article, nous verrons les qualités et traits de caractère de Mohammed et nous nous demanderons pourquoi des gens endurèrent torture et épreuves de toutes sortes pour soutenir leur nouvelle religion et son prophète.
L’amour des compagnons pour le prophète Mohammed (partie 2 de 2): Un dévouement hors du commun
Description: Dans un monde violent, un homme, seul, défendit le bien et la vertu et s’en trouva récompensé par le dévouement et l’amour de ses fidèles.
- par Aisha Stacey (© 2013 IslamReligion.com)
- Publié le 14 Nov 2016
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L’Arabie était une société violente, dominée par les hommes, où les forts réussissaient et les faibles périssaient. Les femmes étaient considérées comme des biens au service des hommes et des filles nouvellement nées étaient enterrées vivantes avec moins de soin que si elles étaient des animaux. Telles étaient les conditions dans lesquelles vivaient les hommes, les femmes et les enfants qui devinrent les compagnons du prophète Mohammed. C’est au sein de cette société sans foi ni lois que Dieu intervint et envoya l’homme connu comme « une miséricorde pour l’humanité ». C’était un homme qui accordait de la valeur à la vie, à l’honnêteté et à la générosité. Les gens l’admiraient pour son sérieux et son excellent caractère, même avant qu’il ne commence à prêcher l’islam. Il était charismatique et était toujours disponible et accessible pour tous, hommes, femmes et enfants.
« Et Nous ne t’avons envoyé [ô Mohammed] qu’en miséricorde à l’univers. » (Coran 21:107)
Mohammed était un homme altruiste, qui passa les 23 dernières années de sa vie à enseigner à ses compagnons et à ses nombreux fidèles comment adorer Dieu et respecter l’humanité. Il transmit un message imprégné des concepts de miséricorde, de pardon et de justice pour tous. C’était un message qui était attrayant à la fois pour les pauvres et les riches.
Malgré la société dans laquelle il vivait, Mohammed était, même avant l’islam, un homme bon et hospitalier, dont les qualités étaient reconnues de tous. Jeune homme, il était chaste et méditatif et pourtant, les jeunes oisifs et indisciplinés aimaient sa compagnie. Il était ce qu’on appellerait, aujourd’hui, un super bon gars, c’est-à-dire un homme à qui on peut se fier. En tant qu’adulte, Mohammed était connu comme un bon ami et un commerçant honnête. Parmi les gens de La Mecque, on le connaissait sous le surnom d’Al-Amine, i.e. le digne de confiance. Les gens le consultaient pour toutes sortes de problèmes et, grâce à son honnêteté, on lui demandait souvent de jouer le rôle de médiateur lors de disputes et on lui confiait des biens qu’il gardait soigneusement.
Les gens qui connaissaient le mieux le prophète Mohammed sont ceux qui eurent le moins de difficulté à accepter sa mission prophétique et le message qu’il avait à transmettre. Ils connaissaient son caractère et plus particulièrement son humilité et sa compassion envers les moins fortunés. Parmi les premiers fidèles qui suivirent Mohammed, il y avait de nombreux pauvres et indigents, qui trouvèrent du réconfort dans ses paroles et ses actions. Ils sentaient que quelqu’un comprenait enfin leurs besoins et leur réalité, tout en se souciant du bien-être de leur âme. Ce sont ces mêmes personnes qui furent d’abord ridiculisées, puis torturées à cause de leurs nouvelles croyances. Elles ne jouissaient d’aucun soutien tribal et souffrirent beaucoup à cause de leur conversion à l’islam.
Selon le biographe Ibn Ishaq, un esclave nommé Bilal souffrit terriblement de sa conversion. Il fut battu sans merci, traîné par le cou, dans les rues et sur les collines de La Mecque, et soumis à de longues périodes sans eau et sans nourriture. Son maître, Omeyya ibn Khalaf, le sortait à l’extérieur lors de la période la plus chaude du jour, le jetait sur le dos, dans la vallée, et posait une pierre énorme sur sa poitrine. Puis, il lui disait : « Tu resteras ici jusqu’à ce que tu meures ou que tu rejettes Mohammed et invoque al-Lat et al-Ouzza. »[1] Bilal refusa jusqu’au bout et, au milieu de ses souffrances, ne disait qu’une chose – Ahad (qui signifie « un seul Dieu »).
Après plusieurs années de boycott économique, d’abus et de torture, les nouveaux musulmans n’eurent d’autre choix que d’immigrer dans la ville de Yathrib (Médine). Là, les habitants accueillirent le prophète Mohammed et l’acceptèrent comme leader. Mais quitter La Mecque en grand nombre, pour les musulmans, s’avéra problématique. Pour les leaders de La Mecque, voir Mohammed et ses fidèles quitter la ville impénitents et impunis pour le désordre qu’ils avaient causé en remettant en question leurs traditions était de la plus haute insulte. Durant cette période, les compagnons du Prophète démontrèrent tout leur dévouement envers lui. Ils commencèrent à quitter La Mecque petit à petit et les polythéistes n’épargnèrent aucun effort pour les en empêcher.
Un jeune homme nommé Houbaib fut mené à la potence pour être pendu. On lui offrit alors de sauver sa vie en échange de celle de Mohammed. Très courageux, il dit : « Jamais! Non seulement je ne voudrais pas qu’il soit à ma place, je ne voudrais même pas qu’une épine pique son pied. » C’est alors que quelqu’un entendit l’un des leaders de La Mecque dire : « Je n’ai jamais vu personne aimé de ses amis comme Mohammed est aimé de ses compagnons. » [2]
Tandis que de nombreux musulmans quittèrent La Mecque à la tombée du jour, un homme nommé Souhaib exprima ouvertement son intention d’immigrer. Les leaders de La Mecque se mirent à l’insulter et tentèrent de l’en dissuader. Mais Souhaib, un homme riche, leur offrit sa fortune tout entière s’ils le laissaient partir sans tenter de l’en empêcher. Ils acceptèrent. Quand le Prophète entendit parler du sacrifice de Souhaib pour pouvoir immigrer à Médine, il dit : « Souhaib a fait un marché qui lui rapportera du succès! ».[3]
Bientôt, les leaders de La Mecque bloquèrent toutes les issues de la ville dans le but d’empêcher de nouveaux départs vers Médine. Ils surveillèrent en permanence la maison de Mohammed, sachant que tant qu’il demeurait à La Mecque, tout n’était pas perdu. La nuit où Mohammed décida de quitter pour Médine en compagnie de son ami et confident Abou Bakr, son jeune cousin Ali proposa de demeurer dans sa maison (à Mohammed), prétendant être lui. Il se coucha dans le lit du Prophète, recouvert par un manteau appartenant à celui-ci. Ali n’avait pas peur, car il savait que Dieu le protégeait. Les hommes surveillant la maison n’avaient aucune idée que le Prophète avait réussi à échapper à leur vigilance. Puis, à la lumière du jour, Ali fut interrogé, mais en vain.
Cette anecdote sert aussi à nous rappeler que les femmes, parmi les compagnons du Prophète, lui étaient tout aussi dévouées. Quand ils ne purent tirer aucune information d’Ali, ils se mirent à intimider et à abuser physiquement d’Asma, la fille d’Abou Bakr. On rapporte qu’elle fut violemment giflée au visage et sur la tête. Mais cela ne la découragea point, car tout de suite après, elle se rendit, en catimini, porter à manger au Prophète et à son père, qui étaient cachés dans une grotte à l’extérieur de La Mecque.
Tous les compagnons du prophète Mohammed éprouvaient de l’amour et de l’affection pour lui; ils lui étaient plus dévoués qu’ils ne l’étaient à leur propre bien-être et confort. Et si le Prophète faisait allusion à ce dévouement, ils disaient : « Ô prophète de Dieu, tu nous est plus cher que nos propres pères et mères. »
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