Réflexions philosophiques (partie 3 de 5)
Description: Cette série d’articles procure un cadre conceptuel qui répond aux « grandes questions » sur notre existence. La partie 3 poursuit la discussion à savoir s’il y a une raison d’être à notre existence.
- par Hamza Andreas Tzortzis
- Publié le 31 Oct 2016
- Dernière mise à jour le 31 Oct 2016
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Croire que notre existence n’a aucune raison d’être est non seulement irrationnel, mais également problématique, car cela signifie que les grandes réalisations des êtres humains auraient été totalement vaines. Les gens qui ont accompli ces grandes choses (comme la découverte de la pénicilline) avaient forcément une vision positive de la vie et une approche motivée par un objectif à atteindre. Sans ce genre de motivation, nous serions comme des animaux vivant selon nos instincts. La réalité d’une existence dénuée de raison d’être fut également soulignée par le philosophe Arthur Schopenhauer, qui prétendait que le monde est en faillite et qu’il n’y a aucune raison de se réjouir de son existence. Il avançait même qu’il serait préférable qu’il n’existe pas et se demandait si le suicide ne serait pas, tout compte fait, la meilleure solution.
Alors pourquoi est-ce irrationnel? C’est irrationnel parce que si toutes les choses complexes et parfaitement conçues, autour de nous, semblent avoir une raison d’être (incluant un insignifiant papillon de nuit), notre existence doit elle aussi, logiquement, avoir une raison d’être. Nier cela revient à croire à des choses sans aucune preuve, car il n’existe pas de preuve démontrant que notre existence est sans raison d’être (mais il en existe démontrant le contraire). Même les scientifiques affirment qu’il est irrationnel d’affirmer que notre univers est impersonnel et le simple produit du hasard. Ils ont d’ailleurs démontré que les processus physiques, dans l’univers, ont bel et bien une raison d’être. L’astronome Fred Hoyle, entre autres, a décrit l’univers en utilisant les attributs de Dieu et les physiciens Zeldovich et Novikov se sont demandé pourquoi la nature avait choisi de créer cet univers plutôt qu’un autre.
Enfin, nous pouvons soutenir que, sans raison d’être, notre vie ne peut avoir de sens profond. Par exemple, si nous adoptons la conclusion logique d’un point de vue scientifique apathique sur notre existence, nous sommes alors sur un bateau qui prend l’eau. Ce bateau s’appelle l’univers, car selon les scientifiques, l’univers mourra de chaleur intense puisqu’un jour, le soleil détruira la terre. Alors si ce bateau finira par couler, pourquoi continuer à vivre? Comme le disait l’écrivain et essayiste russe Fyodor Dostoyevsky : « Sans objectif et sans efforts pour l’atteindre, nul ne peut vivre. »
Plusieurs affirmations peuvent découler de cette discussion. Tout d’abord, l’idée d’un monde sans raison d’être nous donne plus de liberté pour nous créer nous-mêmes un objectif. Certains existentialistes ont avancé que notre vie n’est fondée sur rien et qu’à partir de ce néant, nous pouvons créer de nouvelles possibilités et donc de nouveau objectifs. Cette philosophie repose sur l’idée selon laquelle rien n’a de sens et que nous devrions nous créer une nouvelle vision de la vie afin de nous épanouir. Le problème avec cette approche, c’est qu’elle utilise un sens pour prétendre à l’absence de sens. Elle représente également l’aveuglement, car elle nie toute raison d’être, mais propose d’en créer une soi-même. De plus, elle implique l’absence de valeurs et de vérités morales objectives, car il n’y a aucun fondement ontologique. Cela défie toute logique et va à l’encontre du consensus interculturel de notre pensée morale. La philosophie de la guerre est un bon exemple pour démontrer ce type de consensus moral. Durant plus de 2500 ans, il existait un consensus selon lequel les poisons ne devaient pas être utilisés, même si la défaite était imminente. Même si, en pratique, les gens ne s’y conformaient pas toujours, ils étaient du moins d’accord avec cette règle.
Une autre affirmation inclut le point de vue évolutionniste selon lequel la raison d’être de notre vie est de propager notre ADN, tel que le mentionne Richard Dawkins dans son ouvrage intitulé « The Selfish Gene » (Le gène égoïste). Il y affirme que nos corps ne se sont développés que pour cette raison. Le problème, avec cette analyse, c’est qu’elle relègue notre existence à un pur hasard découlant d’un long processus biologique. Autrement dit, la valeur de notre vie perd son sens et la moralité est reléguée à des choix individuels. Comme l’affirme le philosophe des sciences Michael Ruse :
« La moralité est une adaptation biologique au même titre que les mains, les pieds, les dents… La moralité n’existe que pour nous aider à survivre et à nous reproduire et tout sens plus profond est totalement illusoire. »
La perspective évolutionniste crée plus de problèmes qu’elle n’en résout, car elle n’arrive pas à fournir une explication adéquate pour la conscience et la présence de nos facultés rationnelles. En ce qui concerne la conscience, comment cette réalité immatérielle subjective peut-elle provenir d’une substance matérielle? La conscience n’est pas une chose physique; elle n’est contenue dans aucune cellule ou structure biologique. La réalité la plus incontestée est que nous sommes tous conscients, mais que nous n’arrivons pas à décrire ou expliquer ce qu’est la conscience. La chose au sujet de laquelle nous avons une certitude est que la conscience ne peut être expliquée de façon biologique ou chimique et que l’évolution ne fait aucune découverte sur la conscience : c’est plutôt le contraire. Que l’évolution tente d’expliquer la réalité de la conscience revient à tourner en rond infiniment. Même les scientifiques reconnaissent cette réalité; le physicien Gerald Shroeder souligne qu’il n’y a pas de réelle différence entre un amas de sable et le cerveau d’Einstein. Si certains préfèrent donner une explication physique à la conscience, de plus grandes questions auront besoin de réponses, telles : « Comment certaines parties de la matière peuvent-elles soudainement créer une nouvelle réalité ne ressemblant en rien à cette matière? ».
Alors si la conscience ne peut être expliquée physiquement, on doit se demander : « Comment est-elle apparue? ». L’histoire de l’univers indique que la conscience est apparue spontanément et que le langage est apparu sans signe précurseur. Même les néo-athées ne sont pas parvenus à un consensus sur la nature et la source de la conscience, car aucune explication physique n’est suffisamment cohérente pour arriver à convaincre. Même Richard Dawkins admet : « Nous ne savons pas. Nous n’arrivons pas à comprendre [la conscience]. »
En conclusion, il y a plus de raisons de croire que notre existence a une raison d’être profonde que de croire aux autres suggestions formulées par les évolutionnistes. Même le philosophe écossais David Hume a dit : « L’homme sage adapte ses croyances aux preuves. » Alors dans ce cas-ci, il serait plus sage de conclure que l’être humain a une raison d’être. Mais quelle est cette raison d’être?
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